La première fois que j'ai vu Marissa Nadler, ma fille n'allait pas encore à l'école, la jeune américaine venait (pour la première fois ?) à Paris assurer une première partie aux Mains d'Oeuvres, ses deux sublimes premiers albums Ballads of Living and Dying et The Saga of Mayflower May avaient fait réaliser au jeune con que j'étais encore, en passant en boucle sur la stéréo, que la musique folk n'était pas qu'un truc de vieux hippy, et j'avais passé un moment extraordinaire.
Un certain nombre d'années plus tard, après une quantité que je n'arrive plus à déterminer (je suis désormais un vieux con gâteux...) de concerts dans des salles diverses (Maroquinerie, Presbytère de St Eustache, Nouveau Casino, Espace B...), dans une salle finalement guère plus grande mais bien mieux garnie et où elle est tête d'affiche, alors que ma fille s'apprête à passer bientôt ses premières épreuves du baccalauréat, je retrouve Marissa Nadler telle qu'autrefois, toujours aussi jeune, naturelle et apparemment intimidée. Et si je la vois pour la première fois en duo (après les formats "solo" et "groupe"), si elle va essentiellement interpréter des chansons récentes, sa voix reste toujours aussi incroyablement pure et prompte à filer des frissons...
De façon surprenante, ce n'est qu'à la fin de 'Fifty Five Talls' qui sera le seul rappel d'un concert aussi court que magique, que me saisit l'évidence : la musique de Marissa Nadler n'a cessé d'évoluer depuis 15 ans. Il m'aura fallu ce titre que je connais depuis toujours, pour lequel j'ai une tendresse particulière, et dont l'interprétation du soir est très différente de sa version d'origine mais s'est parfaitement intégrée aux autres morceaux, pour réaliser à quel point, si elle n'a cessé d'écrire de sublimes pépites dark / gothic folk, elle en a sans cesse modifié l'habillage musical.
Et ce 25 octobre, en ce qui semble être le dernier jour d'un interminable "été indien", elle m'évoque étrangement une sorte de Woven Hand féminine et spectrale, alignant de somptueuses compositions habitées par cette voix incroyable. 'Blue Vapor' qui ne m'avait pas tant marqué jusqu'ici sur son nouvel album For My Crimes, s'ajoute instantanément à la longue liste de titres de la Dame que je chéris. Titres qui seront quasiment tous absents sans que cette absence ne se fasse un instant ressentir, preuve de la richesse d'un répertoire désormais riche de près d'une dizaine d'albums...
Je ressors du point FMR à la fois marqué par mon inexorable vieillissement et par l'apparente et changeante intemporalité de Marissa Nadler et de sa musique. Un drôle de sentiment après un concert comme d'habitude parfait.
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08:46 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Aaaaaaaaah, l'amouuuuuuuuur
Écrit par : Thomas | 27/10/2018
Répondre à ce commentaireM'enfin !!!
Écrit par : lyle | 27/10/2018
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