Sky Between Leaves - Klein Blues
Label : Bandshell Records Sortie : 03/10/16 Format : 10'' / MP3 Disponible : En dessous |
Il y a quelques jours, j'exprimais ma lassitude sur le post-rock, me plaignant, entre autres, de l'utilisation de « recettes » usées jusqu'à la corde et de l'absence bien trop fréquente d'émotions. Les fans du genre s'amuseront donc sûrement de me voir parler une fois de plus d'un disque de shoegaze, autre genre qui a tendance facilement à se reposer sur des formules éculées. Et il faut bien reconnaître que parmi l'abondante production de ces dernières années, il n'y a pas eu, loin de là, que des chefs d’œuvres.
Mais le shoegaze est-il vraiment un genre ? C'était plutôt une scène qu'on a regroupé en opposition aux autres scènes du moment et parce que ses groupes utilisaient beaucoup les pédales à effets. Mais sinon quels points communs entre Swervedriver, My Bloody Valentine, Lush, Curve, Jesus & Mary Chain... ? Le désir, même chez les plus noisy / expérimentaux d'écrire, derrière les effets sonores, une chanson, quand les groupes de post-rock créent une ambiance. Et si on peut être insensible à une ambiance, surtout quand c'est la 50ème fois qu'on tente de nous sortir la même, une bonne chanson reste une bonne chanson...
Bon, toute cette longue introduction pour dire que le trio brésilien installé à Londres Sky Between Leaves, s'il se définit comme « alt-rock/Krautronica ensemble », peut tout aussi bien se ranger en shoegaze ou en néo-psychédélia, tant les frontières entre ces genres sont perméables (pour ne pas dire floues ou inexistantes...). Et que derrière les nombreux effets utilisés, il écrit sur ce premier EP de très bonnes chansons, qui commencent par charmer l'oreille pour mieux conquérir votre cerveau et vous revenir à l'esprit, même longtemps après la dernière écoute.
Prenons le 'O.B.E (Out Of Body Experience)' d'ouverture. Cet instrumental où des boucles de guitares s'enchevêtrent, pourrait être répétitif, creux et ennuyeux. Au lieu de ça il s'incruste dans le cortex, donne envie de bouger et entraîne un « Non ! Déjà ! » quand il se termine. Lui succède un 'Klein Blues' dans un esprit plus post-punk enrobée d'une couche spacey / dreamy, où la rythmique met parfaitement en valeur un chant omniprésent, bizarrement à la fois doux et caverneux, qui n'est pas sans évoquer une version sucrée et apaisée de Wayne Hussey.
On pense d'ailleurs un peu à The Mission tout le long du troisième titre, 'Shell Beach', de loin le moins shoegaze et le plus accrocheur du lot. L'ambiance se fait un peu 80's et la voix semble susurrer des secrets immémoriaux. A la fois étonnamment rétro et très moderne. Et tout ça finit en apothéose avec un 'The Joke Is Over' lent, hypnotique et poisseux, où la guitare sait se rendre discrète mais indispensable derrière une batterie tribale, et dont on répète le mantra longtemps après la fin du morceau. Voilà en tout cas un très prometteur premier EP.
lyle
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21:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
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