Dans le mur... du son !

Label : Rude

Sortie : 09/09/14

Format : CD / LP

Disponible : Partout

En écoute

Il y a quelques années, sur les forums (mais si rappelez vous, c'était la mode à peu près en même temps que les blogs), un sujet de discussion qui revenait régulièrement était les "guilty pleasures". Entre ceux qui reconnaissaient, un peu piteux, leurs écoutes inavouables (pour un fan de musique "respectable") et ceux qui affirmaient que l'on doit assumer tous ses goûts, et qu'il n'y a donc pas de plaisirs coupables, le dialogue était impossible. Ce qui est clair dans le cas d'American Hi-Fi, c'est que je ne sais pas si c'est vraiment coupable, mais c'est en tout cas à coup sûr solitaire, tant il n'est pas évident de trouver des défenseurs du quatuor américain sur le ouèb...

Il faut dire que si Blink-182 avait inventé le pop-punk light, American Hhi-Fi a sans doute inventé le pop-punk zero, sauf qu'il n'y a plus du tout le goût du pop-punk. Et avec un leader un temps batteur des déjà bien madrés Veruca Salt (le groupe de la période "alternative" de MTV par excellence) et n'hésitant pas à s'acoquiner avec Miley Cyrus ou Matchbox Twenty, il n'y a vraiment aucun risque d'être populaire dans les milieux branchés. Si on ajoute à cela le fait que le groupe semble avoir passé les dix dernières années à chercher à émuler son seul (et à juste titre) énormo-tube 'Flavor of the Weak', on n'aura pas fait un portrait des plus flatteurs. Et pourtant j'assume à mort mon amour pour nos petits gars de Boston.

Bon, mais alors, il est comment ce Blood & Lemonade (oui, rien que le titre déjà, quand je parlais de pop-punk zero...), cinquième album en 15 ans (ce qui est très raisonnable, mais il faut dire que ces gens sont occupés par des vrais métiers comme musicien de Miley) ? Bah, beaucoup comme les précédents, soit composé de mélodies power-pop assez basiques, nappées d'une batterie qui tape, de gros riffs de guitares bien primaires et d'une voix un peu criarde avec un étrange petit côté métallique. Il est peut-être un peu plus brutal et sale que les précédents (Fight the Frequency montrait déjà un certain durcissement), mais ça reste du bon gros rock de base calibré pour le MTV d'il y a 15 / 20 ans. Weezer sans le talent et le fun mais cherchant à plaire aux tatoués...

Pourquoi alors écouter American Hi-Fi ? Parce qu'il y a quelque chose d'agréablement régressif dans cette musique autrement improbable en 2014. Mais surtout parce que chacune des 10 chansons présentes sait être courte et directe, à la fois immédiate et supportant bien les écoutes successives, afin de proposer un disque lavant efficacement la tête, finalement assez varié (il y a même l'inévitable ballade...) dans le genre. Alors certes, le groupe n'a toujours pas réussi à re-toucher le jackpot (pourtant, avec un emballage plus léger, 'Amnesia' aurait pu faire mal) mais il fait ce qu'il a à faire bien. Très bien même. Après ça ne peut pas plaire à tout le monde. Moi, je plaide coupable...

lyle

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