Dans le mur... du son !

Difficile de se motiver pour sortir un jeudi soir après une longue journée de travail. C'est donc au tout dernier moment que je me décide à partir dans la douceur d'une soirée de printemps. J'arrive en retard, 50 minutes après l'horaire annoncé, soit 20 minutes après l'horaire que j'avais estimé du début du concert, et oh surprise, Halasan Bazar monte à peine sur scène. Et là, oh putain, la bonne grosse baffe...

Cela faisait bien longtemps qu'une première partie dont je n'avais pas entendu parlé (et la vidéo matée rapidement sur le site de la salle ne m'avait en rien préparé à ce qui allait venir) ne m'avait scotché de la sorte. Le quintet danois ne fait pas dans le révolutionnaire, puisque son power-pysch-folk-pop mange à pas mal de râteliers des 60's aux 90's, depuis les Byrds jusqu'aux JAMC (sous Hélium...), mais contrairement à nombre de ses contemporains qui se contentent de plagier, il arrive à amalgamer toutes ses influences à sa propre sauce pour créer une sorte de musique festive, luxuriante et joyeuse, qui ne ressemble à aucune autre. Je me rappelle avoir été convaincu de la même façon sur scène par d'autres nordiques comme Efterklang ou Benni Hemm Hemm qui dégageaient eux aussi une simplicité et une joie de vivre tout à fait irrésistibles. Les titres s'enchaînent, entêtants, rythmés et accrocheurs, et le seul reproche que l'on pourra finalement faire, est que le groupe ne se soit pas arrêté au bout de 35/40 minutes et un morceau pysché tout particulièrement violent et enchanteur, la suite paraissant un poil mièvre après un tel orgasme sonique... Un très très bon moment, dont on attend maintenant de voir s'il se confirme sur disque (ça tombe bien, leur dernier vinyle était à un tarif très raisonnable...).

Difficile de passer après une telle performance, mais c'est pourtant ce à quoi vont devoir s'attacher les écossais que je suis venu voir ce soir. En 20 ans de concert, on en aura vu de ces trios (ne soyons pas sectaires, parfois, ils étaient plus que trois)(mais trois c'est le nombre parfait pour ce genre de choses) d'Outre-Manche aux looks d'étudiants sans histoire et qui semblent musicalement bloqués sur certaines grandes références de ce côté-ci de l'Atlantique (Wire, Undertones) comme de l'autre (Pavement, Sonic Youth, Dinosaur Jr, Fugazi). Le batteur s'agite frénétiquement au point d'être très vite en sueur (faut dire qu'il fait chaud) et tape sur ses caisses comme un malade (en fait, il l'est vraiment, malade, le pauvre...). Le bassiste est à fond à fond à fond. Le chanteur / guitariste se démène, enchaîne les riffs brutaux et éructe, ne laissant apparaitre que sa bouche entre ses cheveux mi-longs et sa barbe. Energique, parfois violent, ça crie, ça fait beaucoup de bruits, et l'Espace B, déjà seulement à moitié plein au début de soirée, se vide progressivement, sans que l'on ne puisse réellement savoir si c'est dû à l'heure tardive (bah oui, quand la première partie commence tard, la tête d'affiche débute à presque 23h...) ou à la musique trop rêche, trop punk et trop crade de Paws. Une bonne partie des titres du très bon Cokefloat! seront passés en revue mais quelques nouveaux (et très bons) morceaux seront aussi de la partie. On pense par moment à quelques grands anciens : Urusei Yatsura, qu'on avait eu la chance de découvrir il y a des années en première partie d'Autour de Lucie (portnawak, la prog...), par la dynamique voix / basse / guitare, sur le superbe 'Catherine 1956' ; Idlewild, celui des débuts, sec et speedé, sur la chanson ('Jellyfish' ? ma mémoire défaille un peu...) que le chanteur dédie à son frère présent dans la salle. Si tout n'est pas parfait et est même parfois un peu trop basique (on en a entendu des groupes comme ça...), certains morceaux sortent du lot, comme le "single" 'Sore Tumy' ou le court et explosif 'Bloodline'. Bref, on ressort lessivé et heureux...

lyle

Paws

Halasan Bazar