Post-It n°18 : d'autres très bons albums dont on aurait aimé vous parler plus longuement...
Avec Jessica bailiff, Chris Brokaw, Keith Canisius, David Cronenberg's Wife, Josephine Foster, Hammock, Darren Hayman & Corin Tucker Band.
Jessica Bailiff - At the Down-Turned Jagged Rim of the Sky
Label : Kranky Sortie : 02/10/12 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Après plus de 15 ans à sortir des disques attachants mais éminemment imparfaits, à collaborer avec un nombre considérable de groupes / artistes reconnus dans le slowcore / ambient / post-rock (Low, Rivulets, Flying Saucer Attack, Remora...), il était temps que Jessica Bailiff atteigne enfin son Graal. Après six ans d'abstinence discographique (alors qu'elle était jusque là plutôt productive), elle nous offre avec At The Down-Turned... non seulement son album le plus abouti mais surtout un des plus beaux disques de musique lente et neurasthénique publié ces dernières années. Rappelant aussi bien la douceur minimaliste de Low sur I Could Live In Hope que la froideur insondable de Grouper ou la sensualité glacée à fleur de peau de Mazzy Star, elle nous propose surtout nombre de passages quasi-religieux quasi-épiphaniques, parfois soudainement plombés par une guitare d'une lourdeur infinie. Son chef d'oeuvre jusque là...
lyle
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Chris Brokaw - Gambler's Ecstasy
Label : Damnably Sortie : 01/10/12 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Quand on a été membre non pas d'un, mais de deux des groupes les plus importants de leur décennie, qu'on a pour ainsi dire créer un genre, chacun de ses nouveaux disques devrait au moins être accueilli avec une attention polie. Sauf quand les groupes sont Codeine et Come, le genre le slowcore, et qu'on s'appelle Chris Brokaw... Il faut dire que le gars a pris l'habitude depuis dix ans de partir dans tous les sens, sauf celui qui lui permettrait de faire carrière, sortant des trucs improbables dans des éditions plus limitées que celle du petit combo qui débute et participant à un nombre invraisemblable de collaborations. Avec Gambler's Ecstasy, il nous sort un disque qui aurait pu paraître au tout début des 90's, quand du bouillonnement de la scène indé américaine allait sortir post-rock, slowcore, dreampop... Mais avec un chant éraillé et déglingué qui semble porter toute la fatigue du monde et donne parfois un étrange côté folk décharné. Il y a là du Slint, du Codeine, du Sonic Youth, du Tortoise... il y a là un sacré bon disque...
lyle
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Keith Canisius - Beautiful Sharks
Label : Saint Marie Sortie : 19/11/12 Format : CD Disponible : Partout |
Ayant sorti (avec Rumskib et à une époque où ce n'était pas encore la mode) un des plus brillants albums de shoegaze de ces 10 dernières années et ayant multiplié depuis lors des disques hésitant sans cesse entre shoegaze, électro et dreampop (l'équilibre balançant de l'un à l'autre suivant les sorties), le danois Keith Canisius devrait déjà être une référence. Sauf qu'à ne pas vouloir se compromettre (avec une petite voix féminine mutino-éthérée et la pédale douce sur les effets un peu déviants, la plupart des titres présents ici verraient bon nombre de maisons de disques se pâmer et sortir le carnet de chèque), il publie un album pour la sauvegarde des requins qui va avoir un mal fou à trouver son public... S'éloignant un peu de l'influence Ulrich Schnauss, il signe sans doute là son disque au son le plus puissant et le plus aventureux, ajoutant une petite folie toute nordique à son électro-gaze des plus goûtues.
lyle
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David Cronenberg's Wife - Don't Wait To Be Hunted To Hide
Label : Blang Sortie : 19/11/12 Format : CD Disponible : Partout |
Sans doute le plus récent (troisième album quand même) et le moins connu des groupes / artistes présents sur ce Post-It, David Cronenberg's Wife est aussi probablement celui qui a le plus de chance de provoquer le malaise chez l'auditeur non-averti. Musicalement d'abord, en se baladant sans cesse entre anti-(dark)folk et post-punk, maltraitant ses instruments et se présentant comme une sorte de créature hybride et monstrueuse entre The Fall, Hefner, Nick Cave et Arab Strap. Mais surtout par ses textes, entonnés par la voix sombre et incertaine de Tom Mayne, qui le mettent souvent dans la peau de personnes affreuses ou pour le moins peu recommandables. La représentation de cette monstruosité de façon très crue (d'où sans doute le choix de Goya pour les illustrations) peut choquer, surtout si on y voit uniquement un désir de controverse ou pire, de la complaisance, au lieu de la description de la noirceur de l'âme. Chacun fera son choix...
lyle
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Jospehine Foster - Blood Rushing
Label : Fire Sortie : 18/09/12 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Hasard de l'ordre alphabétique, après la laideur, voilà une certaine idée de ce que pourrait être la beauté angélique... Oh certes, la voix de Josephine Foster est loin de ces pseudo-beautés cristallines dont on nous bassine régulièrement. Trop de petites fêlures, un côté étrangement daté, comme le mix d'un vieux 78 tours et d'une chanteuse d'opéra... Quant à son dark folk, il est de plus en plus freak, vu qu'elle semble avoir décidé de mélanger ici tout ce qui a pu l'inspirer par le passé (lieder, flamenco, free jazz...). Et le pire, c'est que ça marche formidablement bien, ce Blood Rushing étant sans doute son album le plus complet et le plus abouti. Son meilleur ? Là, le choix est bien trop difficile, la Dame ayant déjà, dans un certain anonymat, une discographie tout à fait impressionnante...
lyle
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Hammock - Departure songs
Label : Hammock Sortie : 02/10/12 Format : 2CD Disponible : Partout |
Le type même du disque sur lequel il y aurait tant à dire et que je vais finalement expédier en 10 lignes à peine, faute d'avoir su comment le prendre (pas faute de l'avoir écouté en revanche...). Il semblait difficile pour Hammock de pouvoir ne serait-ce qu'égaler le prédécesseur de ce Departure Songs. Pourtant c'est plus que réussi ! Comment ? En en donnant toujours plus avec un double album parcourant tous les coins et recoins ambient, dreamy et post-rock (du moins de l'école Sigur Ros du genre...) tout en bénéficiant de ce son particulier qui faire la marque Hammock. On pourrait multiplier les qualificatifs (planant, immersif...), disséquer les particularités de chaque morceau tout en évoquant la construction subtile du (très long) disque et bien d'autres choses encore. On se contentera d'ordonner à ceux qui ne l'ont pas encore fait de le découvrir en cliquant sur le lien à côté...
lyle
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Darren Hayman & the Long Parliament - The Violence
Label : Fortuna Pop! Sortie : 05/11/12 Format : CD / LP Disponible : Partout |
S'il trouvait très régulièrement sa place en ce lieu entre ses nombreuses sorties et ses nombreux cadeaux (oui, il faut lire les news), Darren Hayman n'avait jamais réussi à me faire oublier Hefner. Peut-être parce que lui-même n'avait encore jamais réussi à le faire. Mais avec le troisième et dernier volet de son Essex Trilogy (après Pram Town puis Essex Arms), il a choisi un retour vers le passé, à l'époque des sorcières et de la première révolution anglaise. Et s'il est honnêtement bien difficile de saisir le concept quand on ne s'arrête guère sur les textes, il est clair qu'enfin débarrassé des scories twee dans son écriture et son chant, il nous offre son album solo le plus personnel, touchant et accompli. Un nouveau départ ?
lyle
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Corin Tucker Band - Kill My Blues
Label : Kill Rock Stars Sortie : 18/09/12 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Il est difficile de ne pas se demander pourquoi les carrières "solos" des deux chanteuses guitaristes d'un des groupes de rock les plus importants de la période 1995 – 2005 sont très peu médiatisées. Voire dans le cas du deuxième album de Corin Tucker et de son Band, totalement occulté... Si l'on pouvait comprendre que le très mémère rangée des voitures 1, 000 Years ait pu décevoir, Kill My Blues est un vrai bon disque de rock qui aurait parfaitement sa place dans la discographie de Sleater Kinney. Accompagnée des expérimentés Sara Lund (Unwound), Mike Clark (Stephen Malkmus and The Jicks) et Seth Lorinczi (The Golden Bears), la Dame n'a peut-être plus les textes (heureusement en fait...) ni le côté foufou punk / riot de sa jeunesse, mais que de bonnes chansons capables de déborder de fureur ! Comme Kristin Hersh (et contrairement à d'autres...), elle vieillit sacrément dignement... Et si son chant est peut-être un peu moins féroce qu'autrefois, il couvre désormais un spectre bien plus large.
lyle
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18:58 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Que de belles notes ;-)
Écrit par : Thierry | 15/01/2013
Répondre à ce commentaireOui...
Ma résolution pour 2013 : ne pas attendre les post-its de 2014 pour parler de mes albums préférés de l'année... :-)
Écrit par : lyle | 15/01/2013
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