Lescop - Lescop
Label : Mercury Sortie : 01/10/12 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Lescop, il y a ceux qui découvrent, parfois éblouis. Et il y a ceux qui suivaient Asyl, donc qui aimaient ce groupe et souvent le préfèrent à ce virage solo. Leurs musiques sont des faux amis, Asyl était tout de même plus rock. Lescop se place à une intersection. Un pied dans la new wave, comme son ancien groupe, il creuse aussi quelque chose de plus pop et plus naïf. Plus Etienne Daho que Marquis de Sade en résumé, et encore moins Charles de Goal. Pour d'autres commentateurs, Lescop serait plus Indochine que Téléphone. Il y a toujours une difficulté à classer ceux qui chantent de la pop en français.
La seule vraie limite qu'on voit au disque de Lescop, c'est la ligne du chant, très répétitive d'un titre à l'autre alors que les chansons méritent un peu mieux. Daho, voilà bien le vrai point de repère, lui dont les disques de années 80 sont un éternel régal. Mais Lescop y ajoute quelque chose de plus sombre ('Hypnose'). Petit à petit, on voit se reconstituer en France tout un éventail de la "cold wave" d'il y a 30 ans. Des groupes comme Zombie Zombie, Aline, Velvet Condom ou dernièrement Strasbourg, se complètent et se répondent. Comme le firent leurs ainés, souvent restés totalement inconnus, les Kas product, Bernard Szajner, Mathématiques Modernes... Deux compilations splendides firent le point sur cette génération, d'un côté Frenchy but chic, plus pop et paillettes, et So cold but so young, plus new wave underground.
Lescop participe d'un reflet 2012 de ces courants du passés. Et il le fait bien.
arbobo
Quand j'ai découvert que ce Lescop qui était le deuxième artiste français (après Doillon) le plus sujet à la hype en ce début d'automne, n'était autre que l'ancien chanteur d'Asyl, je me suis inquiété. Pas que j'ai éprouvé une passion dévorante pour le quatuor de la Rochelle (la preuve, je ne savais pas qui était son chanteur), non, j'avais juste apprécié leurs disques, mais pas au point d'en parler dans ses pages, par exemple. Mais ces "phénomènes" créés de toute pièce par une certaine presse "branchée" provoquent chez moi, en général, au mieux de l'ennui. Et les comparaisons avec le jeune Daho avait de quoi m'effrayer encore plus...
Eh bien maintenant, une chose est sûre, ce n'est pas de l'ennui que j'éprouve à l'écoute de Lescop. De l'hilarité devant le texte ridicule et les sonorités ringardes d'un 'Tokyo, la nuit' ou de 'un rêve'. De l'incrédulité devant les "emprunts" plus ou moins direct à tout un pan de la musique des 80's (ici un clavier racoleur, là, une ligne de basse ou un passage de guitares... quand ce n'est pas carrément une mélodie). De l'écœurement devant l'impression d'être face à un produit préfabriqué, facile à vendre grâce à ses références, son aspect faussement arty et provoquant, comme un chanteur de la nouvelle scène française s'essayant à être dark parce que c'est la mode.
Asyl faisait du sous-Taxi Girl, mais le faisait plutôt bien. Lescop fait au mieux du sous-Daniel Darc, dernière période (et vous avez évité l'article mille fois réécrits puis jetés pour démonter son dernier album...), au pire une version sensément noire et sérieuse de ces one-hit-wonders français qui envahissaient les radios dans la période qu'il pille (mais si, vous voyez ce que je veux dire). Quand arbobo m'a proposé cette croisée, je pensais après avoir faire tourner 2/3 fois Lescop sur la platine, lui mettre 5/10. Voyez ce qu'il reste après de nombreuses écoutes supplémentaires...
lyle
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17:55 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Tiens, bizarre que -Twist- n'ait pas participé à cette 'chronique croisée'... C'est en effet via son blog que j'ai découvert, l'an passé, le fameux "La Forêt" (lui était très enthousiaste ; moi, beaucoup moins...) En avril dernier, j'ai pu voir Lescop en concert (gratuit) lors du festival Kill Your Pop et je n'en garde pas un souvenir impérissable. Tout au plus, avais-je apprécié deux ou trois titres que j'ai retrouvé aujourd'hui sur l'album (outre "La Forêt", "Le Vent" bien sûr, et peut-être "Slow Disco")
Le reste du disque ? Hum... bof, bof... (voire aïe !) Voilà tout ce que j'ajouterais à la chronique (quasi) parfaite qu'a réalisée -de mon point de vue- l'ami Lyle ;) Sans doute, serais-je moins sévère que lui en évoquant, non pas de "l'écoeurement", mais un vif agacement face à cette posture factice. Faut dire aussi que dans le même registre, j'ai vu "pire" (encore plus pénible) en concert avec John & Jehn (C'est d'ailleurs John qui a produit l'album de Lescop...)
Écrit par : J-P. | 17/10/2012
Répondre à ce commentaireJ'aimais plutôt bien Asyl, cela dit il faut aussi être de bonne foi, tout ce qui est dégueulasse et ridicule sur l'album de Lescop était déjà présent en filigranes sur les albums d'Asyl. C'était juste effacé par d'autres qualités, mais certains des textes étaient déjà bien bidons, par exemple. Idem pour la tentation d'aller vers la mauvaise pop française des années 80.
Il faudra peut-être oser écrire un jour à l'occasion qu'entre pomper un bon album de Taxi Girl et sonner comme le sous-produit d'une compile d'Indochine, la marge est parfois ténue...
Écrit par : Thomas | 18/10/2012
Répondre à ce commentaireTu n'as peut-être pas tout à fait entièrement tort.
(ça va, là comme excuses ? :-))
Écrit par : anonyme | 19/10/2012
ah ah, la différence n'est pas si grande je trouve en effet, musicalement, bien qu'elle soit abyssale dans la connotation :-)
Écrit par : arbobo | 18/10/2012
Répondre à ce commentaireBeau contraste entre les deux revues... J'avais bien aimé le EP (surtout la Face A) signé sur un petit label indé : Pop Noire... Mais il a vite été récupéré par Universal en licence d'où l'intense campagne promo media et marketing... Ca sent effectivement la hype parisienne autour de quelques jounaleux (toujours les mêmes)... Du coup difficile d'évaluer l'album dans ce contexte... Attendons que la vague redescende (et que le retour de baton arrive...)...
Écrit par : Deadvegas | 06/12/2012
Répondre à ce commentaireA mon avis les ventes sont déjà un retour de baton au vu de l'abondante promo...
C'est là qu'on dira que ce n'est pas un critère de qualité... mais un critère d'échec par contre... :-)
Écrit par : lyle | 06/12/2012
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