Dans le mur... du son !

Label : Sinnbus

Sortie : 27/08/12

Format : CD / LP

Disponible : Partout

Rue Royale et moi c'est une grande histoire d'amour contrariée. Ou peut-être juste un rendez-vous manqué, une rencontre qui n'a jamais pu vraiment avoir lieu... Je ne me rappelle plus comment je suis tombé sur le duo. Un morceau gratos, un titre sur une compilation, un lien sur un forum, un billet sur un blog... mais j'étais suffisamment accroché pour ne pas le perdre de vue (ce qui est exceptionnel vu le nombre de trucs qui peuvent nous passer sous les oreilles). Un concert annulé (à la Flèche d'Or il me semble), des disques disponibles seulement sur le net (où je ne commande pas, en super vieux con). Et le jour où le groupe passe dans un pub non loin de chez moi, je suis malade comme un chien... Ce qui ne m'empêchera pas de me traîner là-bas juste pour acheter le premier album (fait main avec le massicot et la machine à coudre, apparemment).

Mais assez parlé de moi, concentrons-nous plutôt sur la première sortie bénéficiant d'une vraie distribution officielle du couple Brookln et Ruth Dekker. Sortie qui risque malheureusement d'être comparée avec un autre duo, au succès français plutôt inattendu, Angus & Julia Stone : un garçon, une fille (même si leurs liens ne sont pas les mêmes) ; une découverte "tardive" par l'industrie du disque ; un folk simple, bucolique et naviguant entre bien-être doucereux et mélancolie. Pourtant, si les deux groupes ont sans doute des influences 60's et 70's communes, une histoire pas si éloignée (création à la même période, premier album passé un peu inaperçu chez nous, succès de bouches à oreilles), ils sont au final foncièrement différents, et on peine à croire que Rue Royale puisse un jour (et on le déplore) finir album de platine en France.

Car tout ici reste bien trop brut et sec pour avoir un impact mainstream. Le sucre, ici, est pour rendre le café du matin apte à être ingérer sans trop de difficultés. Mais ça reste âcre et amer... Même les titres à la mélodie apparemment facile et légère comme 'We'll Go On Alright' ou 'Crater' vous piquent quand vous vous y attendez le moins. Et ne parlons même pas de petits bijoux de noirceur contrôlée comme 'Blame' ou 'The Search and Little Else', quand les voix, si gentillettes et anodines, du moins le croit-on, vous susurrent des mots doux, en vous glaçant les sangs... de plaisir ? Quand un titre minimaliste comme 'Get Me Standing' prend d'un seul coup un aspect bien plus florissant, ce n'est pas pour le rendre plus accessible et agréable, mais plus complexe et mystérieux. Et si Guide To An Escape présente une production plus étoffée, des arrangements, transitions et voix bien plus fluides que son prédécesseur, il se révèle au final bien plus prenant, direct et touchant.

Pourtant, malgré toutes les qualités que l'on peut trouver à ce disque, il manque comme un petit quelque chose. Le fait de le sentir faire vibrer tout notre corps en live ? Il n'y a pas la France dans les prochaines dates européennes du duo... Encore un rendez-vous manqué ? Je ne crois pas, non, Guide To An Escape vient de retrouver sa place sur la platine...

lyle

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