Dans le mur... du son !

Label : Beggars Banquet

Sortie : 21/02/12

Format : CD / LP

Disponible : Partout

Il y a deux ans, j'avais reproché à Learning le premier album de Perfume Genius d'être bien trop cru, direct et maladroit. Eh bien de façon tout à fait étonnante, ces défauts qui m'en rendaient l'écoute pour le moins difficile, sont devenus les qualités qui font que je ne cesse de revenir à Put Your Back N 2 It ! Tout en ayant le plus grand mal à expliquer pourquoi cette fois, cela me touche quand ça avait autrefois tendance à me répugner.

Bon, la transformation la plus évidente est le chant : plus assuré, légèrement plus doux et à coup sûr moins plaintif. Ou du moins pas de la même façon. Il ne se contente pas de gémir ses mille douleurs, il y met un peu de miel pour mieux nous convaincre. Les textes ont également perdu en brutalité pour gagner en subtilité et même offrir quelques lueurs d'espoir. Bref, si j'osais une comparaison cinématographique, on est sorti du gore craspec, frontal et même pas drôle à une horreur beaucoup plus cachée et psychologique. Et qui fait nettement plus peur...

Musicalement, Put Your Back N 2 It est à la fois plus dépouillé et moins monotone que son prédécesseur. Là aussi on sent une maîtrise nouvelle même si quelques ruptures de rythmes ('Dark Parts') ou instrumentation ('All Waters') ne sont pas toujours très heureuses. Mais le temps de quelques merveilles comme 'Normal Song', 'Hood' ou 'Take Me Home', Perfume Genius s'affirme comme l'un des auteurs les plus personnels et prometteurs de sa génération.

lyle

J'ai mal et je vais mourir. Je ne suis pas trop sûr de savoir pourquoi, mais cette certitude m'étreint depuis que j'ai commencé à écouter le nouvel album de Perfume Genius. Cela m'arrive occasionnellement de ressentir ce genre de chose. Rarement cependant sur une aussi longue durée... rarement le temps d'un album entier. Impression que Put Your Back N 2 It (into quoi d'ailleurs ? La cuvette des chiottes ? Le four ?) n'est qu'une espèce d'énorme plaie dégueulant du pue dans les enceintes. Que le chanteur est en train de mourir alors qu'il enregistre ces quelques morceaux plus plombants les uns que les autres. Réussir à donner le même sentiment que Ian Curtis sur Closer, c'est assez impressionnant, surtout pour un disque de bête indie-pop. J'ai tellement mal en l'écoutant (et ce n'est pas uniquement à cause de mon ulcère, même si celui-ci joue sûrement) qu'il m'a fallu des semaines... des mois, même, pour que je parvienne à arriver au bout. De cet article, inlassablement repoussé de peur de m'y plonger, mais aussi tout simplement de l'album, qui évoque tour à tour Ryan Adams période Love Is Hell (dans le cas de Perfume Genius l'expression semble relever du pléonasme), un Elton John sous perfusion de morphine, voire éventuellement Elliott Smith après sa mort. Si tu aimes les belles mélodies pop, c'est album est pour toi. Si tu veux te suicider aussi.

Thomas

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