Dans le mur... du son !

Il y a des gens pour lesquels même avec un temps pourri, une immense fatigue et le moral dans les chaussettes, on se déplacerait même à l'autre bout de Paris (on irait même en banlieue, tiens, soyons fou !). Et alors qu'on n'a pas eu le courage d'aller voir ni Terror Bird ni Pocketbooks ces derniers jours, on n'a pas hésité un seul instant (faut dire qu'il faisait beau...) à se déplacer à l'Espace B pour voir Orion Rigel Dommisse pour la première fois, elle dont on a tant aimé les deux albums.

Alors qu'on n'arrive pas franchement en avance, on a la désagréable surprise de tomber sur une salle quasi-vide. Enfin, surprise... Chickens n'ayant pas eu droit pour l'instant à une autre sortie que digitale (et en "name your price") sur Bandcamp et ayant eu droit à encore moins de presse que son prédécesseur, le sublime What I Want From You Is Sweet, on ne s'attendait pas non plus à une foule en délire. Et la première partie ? Hein ? Quoi ? Ah oui, la première partie... On dira juste que si David Fenech, Jac Berrocal et Vincent Epplay sont des gens reconnus dans leur domaine, on n'a pas été convaincu par le mélange 70% free jazz, 20% bidouillages, 10% variété zarbi présenté ce soir et qu'on n'est pas malheureux de ne pas avoir assisté à l'intégralité du set... On est un peu surpris du choix d'une musique aussi expérimentale et absconce pour ouvrir la soirée et on n'était à coup sûr pas préparé à (et on avait pas du tout envie de) ce genre de choses ce soir.

Orion Rigel Dommisse monte enfin sur scène, avec son contrebassiste, petit bout de femme d'apparence banale et qui semble faire preuve d'une joie retenue d'être là. Elle prépare son instrument, un violoncelle électrique. On n'a pas le souvenir d'en avoir déjà vu un sur scène. On remercie What A Mess ! Records (oui, les mêmes qui nous ont fait découvrir l'extraordinaire Annabeth Mc Namara) d'avoir décidé de sortir Chickens en vinyle et d'avoir rendu possible sa tournée française (il reste quelques dates, alors...). On ne peut s'empêcher de se demander si son côté ordinaire et effacé ne l'a pas desservie dans le monde impitoyable des folkeuses, toutes plus expressives (chacune à sa manière) les unes que les autres. Mais dès qu'elle se met à jouer et à chanter de sa voix si particulière, on est sous le charme. Pendant trois quarts d'heure vont s'enchaîner titres de ses deux albums et nouveaux morceaux dans une atmosphère particulièrement intimiste. Et le sourire béat ne quittera pas nos lèvres. Oh, la voix de la demoiselle n'a rien d'extraordinaire. Son folk ne rentre dans aucune case sans pour autant faire preuve d'une originalité folle. Mais il y a quelque chose de simple, d'immédiat, de naturel, de touchant... Une grande soirée...

 lyle

Orion Rigel Dommisse