L'International est bien vide ce soir ? Grand débat présidentiel, temps très incertain ou mauvaise promotion ? Les rues de Paris pourtant très agitée le soir dans ce quartier étant inhabituellement calme, on penchera vers la première solution...
Pourtant, j'ai bien failli rebrousser chemin en découvrant que, comme je le craignais (mais ce n'est pas toujours clair sur le programme de la salle), Thomas Mery jouait en premier et celui que je voulais voir en dernier. Or il m'avait terriblement ennuyé, il y a déjà... 5 ans (comme le temps passe...), et je n'étais pas sûr de pouvoir de nouveau supporter un long set de folk neurasthénique. Heureusement, si le garçon a toujours aussi peu de charisme sur scène (d'un autre côté, devant 15 personnes éparpillées un peu partout...), il s'est montré nettement plus convaincant. Bon, c'est toujours pas méga-joyeux, mais c'est un guitariste très délicat, son chant fragile se révèle bien plus adapté au français qu'à l'anglais (qui était dominant dans mon souvenir) et on était ce soir très éloigné du folk pour un univers beaucoup plus calme et glacé. Reste qu'au bout de 45 minutes (soit deux fois trop pour une "première partie"), l'ensemble finit par sembler franchement monotone. Quelques moments de colère ou de passion seraient les bienvenus, la prochaine fois, Msieur Mery...
Bien qu'il soit apparemment un vieux routier (Static Films, Pillars and Tongues, batteur pour Dark Dark Dark), je n'avais jamais entendu parler de Mark Trecka. Cette ignorance corrigée, je ne suis pas sûr d'avoir désormais envie d'en savoir beaucoup plus. Oh, le monsieur possède une sacrée voix, grave et profonde, le genre de truc qui vous sert le bide et ne vous lâche plus. Mais la musique qu'il tire de son harmonium, accompagné d'abord uniquement de Vincent Dupas (à qui il rendra la pareille plus tard) à la basse puis d'un batteur fort discret, évoque un étrange compromis de drone et de musique indienne. On est agréablement surpris au début, et on est progressivement plombé par une ambiance des plus lourdes, comme si Swans et Woven Hand étaient compressés en une sorte de mantra minimaliste. Assez éprouvant...
C'est donc après 23:15 que monte enfin sur scène celui que je suis venu voir, Vincent Dupas alias My Name Is Nobody. Fans de performances scéniques, passez votre chemin (c'était un peu le concept de la soirée de toute façon), la scène de l'International avait l'air bien trop grande pour lui, ce qui est presque un exploit. Réduits à sa seule présence avec une guitare (ou un banjo), sauf sur les derniers titres interprétés avec Mark Trecka, les titres du très beau The Good Memories prennent un aspect bien plus mélancolique, d'autant qu'à part à de rares moments où il était un peu poussé, le chant s'est montré particulièrement timide. Reste que grâce à une sensibilité feutrée, on rentre facilement dans ces ballades à travers des régions fantasmées (?) et des histoires sentimentales malheureuses (re ?), sans avoir jamais envie d'en sortir, les rythmes et les sonorités étant ici beaucoup plus variés que dans les deux univers précédents.
Bref, si vous vouliez un moment gai et rythmé, il ne fallait pas venir (d'un autre côté, j'imagine que le débat ne devait pas l'être plus...) mais pour trois heures de bonne musique sombre et contemplative, l'International était le bon endroit...
lyle
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