Dans le mur... du son !

Label : Believe

Sortie : 19/03/12

Format : CD

Disponible : Partout

Le snobinard musical qui sommeille (jamais plus que d'un œil) en moi ne pouvait avoir qu'une certaine appréhension voire une méfiance certaine à l'arrivée du premier album de Mina Tindle. Pensez donc : quelqu'un qu'on a connu sortir un 7" sur un label excellent mais néanmoins relativement confidentiel comme Sauvage Records, jouer dans des salles minuscules et faire partie du supergroupe le plus excitant et méconnu de tous les temps (j'en rajoute si je veux) The Limes est maintenant passé dans l'autre monde. Celui de Taratata, de le presse nationale et des collaborations prestigieuses (The National, Toy Fight, Gaëtan Roussel, JP Nataf, ici à la production...). On devrait se réjouir, et d'ailleurs c'est le cas, mais ça n'empêche pas d'être inquiet. Mais dès la première écoute de Taranta, tous les doutes s'évaporent.

D'abord parce que la demoiselle possède une voix qui habite son disque du début à la fin, qui vous saisit dès la première note et ne vous lâchera plus. A la fois mutine et un peu datée, légère et fragile mais étrangement chaude, elle fait preuve d'une étonnante variété, changeant de registre, de rythme et de langue (anglais, français, espagnol) avec une grande facilité. Un organe qui devrait vite la placer tout en haut, auprès de ses meilleures consœurs apparues ces dernières années. Ensuite pare qu'il n'y a rien à jeter parmi les quatorze ritournelles pop / folk qui nous sont présentées. Aussi bien les ballades un peu nostalgiques que les mélodies les plus entraînantes bénéficient d'un emballage aux petits oignons : ici un petit côté country ou bluegrass, là un piano bien joueur ou un cuivre soyeux. Enfin Taranta respire une candeur et une joie de jouer tout à fait rafraîchissantes tout en évitant les pièges de la facilité mainstream.

Alors évidemment, tout n'est pas parfait. Le chant a certes beaucoup gagné en maturité et perdu le côté un peu mièvre ou enfantin des débuts, mais il n'est pas encore détaché de ses influences (Feist, Catpower, Kate Bush...). On attendra tout du long qu'elle se lâche enfin. En vain. Les compositions sont souvent bien légères et un peu inégales. Si elles profitent à plein d'arrangements impeccables, elles ne sont finalement que très rarement marquantes. Mais Taranta n'est ne l'oublions pas, qu'un premier disque, et accessoirement un disque tout à fait printanier, donc parfaitement adapté à ces derniers jours. Continuera-t-il à squatter la platine dans les saisons futures, peu importe car on est sûr que Mina Tindle, elle, y reviendra. Et peut-être bien un jour avec un grand disque.

lyle

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