Dans le mur... du son !

Label : Talitres / Sauvage

Sortie : 26/09/11

Format : CD

Disponible : Partout

Et si après des années, voire des décennies à se plaindre que trop peu de groupes français maîtrisaient les codes de la pop, du rock, du folk et de tous les autres genres "dominés" par les anglo-saxons, 2011 allait être l'année où l'on se dit "OK les mecs, chaque semaine maintenant arrivent des albums bien de chez nous techniquement et mélodiquement au point. Mais qui manquent trop souvent  singulièrement du petit supplément d'âme qui en ferait plus que d'aimables et appliquées réinterprétations de modèles d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique. Et qui au final pourraient venir de n'importe où dans le monde (oui, bon, d'accord, si on oublie parfois ce charmant petit accent anglais que nous cultivons ici...). Alors voilà, maintenant que les codes sont au point, faites-en quelque chose de différent, bordel !". Malheureusement pour eux, c'est Maison Neuve qui a provoqué ce petit ras-le-bol et va donc prendre pour tant d'autres...

Soyons clair, il est très loin d'être mauvais ce Joan qui depuis un mois revient régulièrement sans jamais lasser ni déplaire. Il y a même dedans un ('Victor') ou deux ('Lizzy in the sea') titres qui auraient leur chance de figurer sur ma playlist récapitulative de fin d'année si j'avais le temps de m'amuser à ce genre de chose. On sent bien que depuis le split album avec Lispector il y a quatre ou cinq ans de cela, le groupe a pris le temps de peaufiner mélodies, son et ambiance, bref de produire un impeccable disque de pop à la fois intimiste et soyeuse. Oui mais voilà, impensable de ne pas voir surgir des tas de noms, des Go-Betweens aux House of Love (le chant a par moment un petit quelque chose de Guy Chadwick) en passant par une bonne partie du catalogue Sarah Records. C'est souvent doux et mélancolique, traversé de belles guitares brumeuses... mais il n'y a malheureusement aucune raison objective de s'y attarder plus que de raison ou de ne pas écouter plutôt les grands anciens. Ni dans mon cas de raisons plus subjectives et personnelles, l'album s'écoulant agréablement mais sans réellement laisser de traces.

Enfin... agréablement... sauf sur les deux morceaux en français qui montrent encore une fois la difficulté qu'ont bien des groupes à mêler musique anglo-saxonne et textes dans notre langue. 'Au large de la ville' fait ainsi très mauvais titre de nouvelle scène française (quoi ? pléonasme ?) bizarrement entrecoupé de lumineux passages de guitare alors que 'L'attraction terrestre' semble conclure l'album en pleurnichant péniblement. Sévère ? Sans aucun doute ! Mais le seuil de saturation est largement dépassé et Maison Neuve nous avait autrefois fait espérer nettement mieux. Allez, ça sera pour le prochain...

lyle

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