Lanterns On The Lake - Gracious Tide, Take Me Home
Label : Bella Union Sortie : 16/09/11 Format : CD Disponible : Partout |
Croyez-le ou non, mais ça me fait tout drôle d'avoir ce Gracious Tide, Take Me Home entre les mains. Il faut dire qu'il y a quelques années, je passais mon temps (merci la connection illimitée...) sur des forums anglo-saxons ou à parcourir Myspace (mais si, souvenez-vous, Myspace !) dans le but de découvrir de nouveaux groupes et de télécharger gratuitement leurs oeuvres (dingue comme les inconnus sont plus généreux que les superstars...). Depuis, j'ai ouvert des blogs (quel con, mais quel con !), les enfants ont grandi (et par une de ces grandes contradictions de la vie, plus ils sont autonomes, moins ils nous laissent de temps) et 99,99% de ces groupes sont devenus des fichiers sur un DD externe qui prend la poussière (en fait, non, c'est une façon de parler, il est bien à l'abri dans son carton)(qui lui prend la poussière). Mais voilà, l'un d'entre eux (sans doute un des derniers découverts comme ça, il y a trois ou quatre ans) sort finalement un album, et sur un label référencé en plus...
Qu'est-ce qui avait pu me séduire à l'époque (à part la pulsion un peu malsaine d'aller écouter encore un truc de plus) chez Lanterns On The Lake ? Sans doute le nom d'abord, mystérieux et poétique, qui titille l'imagination. Parce que parmi les milliers de noms qui s'offrent à vous en quelques clics, l'évocation née d'un simple nom fait la différence. La musique ensuite, parfaitement en accord avec ce nom : le slowcore a beau avoir produit un nombre impressionnant de grands disques, il est bizarrement une source d'inspiration beaucoup plus rare chez les jeunes combos émergents que le post-punk, par exemple. Bref, un nom séduisant, un genre musical qui me tient particulièrement à coeur... et enfin un premier album dont on ne voit pas comment la pochette pourrait attirer l'attention de qui que ce soit chez un disquaire (mais si, il en reste encore une poignée). La preuve ? Alors que je savais qu'il devait sortir, je ne l'avais pas vu en rayon... Heureusement la musique, elle, ne passe pas inaperçue.
Oh, certes, les esprits chagrins diront que si, justement, un truc aussi lent et chiant passe totalement inaperçu. Et pour être honnête, la première écoute m'a surtout arraché un "ah oui, c'était ça, Lanterns On The Lake ?". Mais voilà, Gracious Tide, Take Me Home n'est pas le genre de disque dont on tombe amoureux à la première seconde : il faut apprendre à l'apprivoiser, à oublier certains défauts pour en découvrir les nombreuses subtilités. Ainsi l'introductif 'Lungs Quicken' n'est-il pas qu'un sous-Sigur Ros s'accélérant progressivement pour prendre un petit côté hypnotique et dansant mais une sorte d'ode menaçante qui vous glace les sangs et vous prend aux tripes. Il y a là une très grande variété, tout à fait réjoussante, dans la façon de traiter les ambiances lentes, vaporeuses et rêveuses.
Mais voilà, deux gros problèmes se font jour. D'abord le chant de Hazel Wilde, qui évoque beaucoup de monde (Emily Haines, Hope Sandoval, Amy Millan et même Marissa Nadler sur 'Ships In The Rain') mais manque d'une vraie personnalité : il est fonctionnel, mais n'arrive jamais à charmer ou à toucher. L'instrumentation, ensuite, est loin de convaincre : une guitare dreamy, voire shoegaze, débarque parfois au milieu d'un délicat passage de folk introspectif ou d'électronica, sans qu'on comprenne réellement ce qu'elle vient faire là, à part casser l'ambiance. Des cordes sirupeuses ou un glockenspiel apparaissent sans apporter de réelles plus-values quand le groupe semble à son meilleur dans le plus complet dénuement (les premières minutes de 'Blanket of Leaves' ou 'I Love You, Sleepyhead' sont d'une beauté renversante) et quand il ne cherche pas à ressembler à certains des indie darlings du moment (oui, Beach House, je pense en particulier à vous). Gracious Tide, Take Me Home est un bel album, parfaitement à sa place chez Bella Union comme il l'aurait été autrefois chez 4AD, mais qui laisse l'impression qu'avec un peu d'expérience, ses auteurs seront capables de bien mieux...
lyle
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07:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
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