Dans le mur... du son !

Label : Sacred Bones

Sortie : 16/08/11

Format : CD / LP

Disponible : Import

On n'attendait pas forcément un album aussi classique de la part d'un des labels les plus tendance de ces 3/4 dernières années, en plus avec l'accroche "recorded in a secluded cabin", que franchement, on ne nous la fait plus à nous... Pensez donc, un type (presque) tout seul avec sa guitare évoquant au fil des morceaux Dylan, Young, Cohen ou Cave... c'est d'un commun ! Alors certes, Jesse Lortz qui se cache sous ce nom de Case Studies a déjà un passé chargé avec le duo The Dutchess & The Duke, autrefois fort apprécié par un certain site américain de référence, mais était-il nécessaire pour Sacred Bones de sortir un disque de singer / songwriter folk de plus ? Eh bien oui en fait !

Musicalement, n'attendez pas la moindre surprise, il n'y a pas ici un accord que vous n'ayez entendu des dizaines de fois. On est dans le sobre et l'austère, avec parfois une petite touche country ('My Silver Hand') ou bluegrass ('Lies'). Le chant est sobre lui-aussi, parfois détaché juqu'à la limite du monotone ; d'autres fois plus chaud, plus profond ('Animals') ou plus roots ('Secrets'). Ici ou là, une petite voix féminine fragile ou un choeur plus viril viennent le relever d'une pointe de couleurs bienvenue. Quant aux textes, ils abordent essentiellement le bon vieux thème universel : l'amour. Qui se finit mal, parce que quand tout se passe bien, c'est chiant, tout le monde le sait (en chanson, tout du moins, dans la vraie vie...). Quand le premier titre 'From the Blade of My Love' se termine par "And you know I'm ashamed of the wounds I have opened with the blade of my love" (et non, je ne veux pas savoir à quel niveau de lecture il faut le prendre), on sait qu'on ne va pas se retrouver dans une grande partie de rigolade. Bref, rien a priori qui ne fasse grimper aux rideaux.

Qu'est ce qui permet alors à The World Is Just a Shape to Fill the Night de surpasser les nombreux autres productions du genre, à part un superbe titre ? Une atmosphère douce-amère et légèrement mélancolique, idéale pour nous chanter des trucs tristes sans jamais larmoyer ou s'apitoyer. Une capacité rare à viser juste dans la description de la banalité du quotidien, d'une histoire ou des sentiments et à toucher sans jamais sombrer dans les effets faciles et le pathos. Et surtout une poignée de titres à l'évidence mélodique comme 'The Eagle, or the Serpent ?', 'You Folded Up My Blanket Like We Were Already Lovers' ou 'Daggers', qui trouvent immédiatement une petite place au chaud dans les têtes et dans les coeurs. Bref, un bien beau disque qu'on pourra ranger sans problème entre Bill Callahan et Songs : Ohia pour le ressortir très souvent.

lyle

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