Pop Threat - Dirt N' Dust : 1999-2003
Label : Squirrel Sortie : 25/07/11 Format : CD Disponible : Import |
De tous les petits groupes que j'ai pu écouter depuis 20 ans, Pop Threat n'est pas vraiment un de ceux dont je m'attendais à voir sortir une compilation de rarities un jour. Flashback. Nous sommes en 1999. Travis, Catatonia puis les Stereophonics ont conquis les charts et seront bientôt suivis par Coldplay, Muse et des tas d'autres, faisant entrer l'indie pop/rock dans le mainstream. Le petit label Fierce Panda créé cinq ans auparavant et devenu une référence avec ses singles et ses compilations six titres bourrées d'artistes en devenir (Ash, 3CR, Embrace, Idlewild, Placebo, Supergrass passeront, entre autres, par là) est sans doute encore alors à son sommet avant de voir les futures stars de passage se raréfier (Coldplay, Keane et The Music, quand même) (quoi, on ne leur dit pas merci pour ça ?) et de se consacrer davantage à la sortie d'albums. Otter than July (ah, ces titres parodiques chez FP...) est un des six titres sortis cette année-là, et si tous les groupes présents, Fraff, Hofman (futur Broken family Band), Mo-Ho-Bish-O-Pi, Rosita (ex-Kenickie) ou Scribble eurent une petite réputation à l'époque outre-Manche, aucun ne réussit à percer.
Alors pourquoi la sortie de ce Dirt N' Dust en 2011 ? Qui se rappelle encore de Pop Threat et cette musique a-t-elle encore un sens aujourd'hui ? La première question a une réponse simple : le guitariste Darren Lockwood et la chanteuse Caroline McChrystal qui formeront ensuite The Manhattan Love Suicides puis The Blanche Hudson Weekend font partie des dirigeants du petit label Squirrel Records (oui ça aide pour sortir un disque) (d'ailleurs on vous recommande chaudement les différentes références du label). La deuxième aussi : moi (et sans doute d'autres, du coup) et oui, sans doute plus que jamais. Si dans les notes de la pochette, Darren avoue que le but était d'agresser soniquement et de partager l'opinion, son groupe apparaitrait facilement aujourd'hui comme un sacré précurseur de tout le revival psyché de ces dernières années. Mais en autrement plus brut et intéressant que la plupart des groupes actuels...
Le quintet (vite devenu quatuor) de Leeds semble avoir adoré la sainte trinité indé composée de Pavement, Sonic Youth et JAMC car il hésite sans arrêt entre sens de la mélodie vicieuse, noise bien agressif et psyché bien barré. En gros 30% pop, 70% threat... Tout au long des 23 titres constituant Dirt N' Dust, on trouve donc aussi bien des chansons pop bien épicées dans le sucré / salé ('Dark Black' évoque furieusement le début des Delgados) que des petits brulôts indie rock décapants ('So It Seemed' rappelle immanquablement le meilleur de Urusei Yatsura) ou des délires soniques à base de fuzz et de reverb ('D 4th S' semble se prolonger infiniment sans aucun but, 'Vivia' présente des sons venus d'ailleurs). Jamais de production clinquante, ici, on fait dans l'immédiat, dans le brut de décoffrage, avec les (maigres) moyens du bord (oui, lo-fi ou garage quoi, sauf qu'en 2011 tout cela a un peu beaucoup perdu son sens..). Le chant n'est ni académique ni toujours très assuré mais il envoie sans jamais se poser de question : on ne cherche pas à faire dans le beau, ici, monsieur, mais à surprendre, à agresser, à désorienter et surtout à ne jamais flatter l'oreille dans le sens du poil. Polies, élaguées et calibrées, des chansons comme l'entraînant 'Falling Spike', le dreamy 'The Last Resort' ou le nerveux 'Sludgy' auraient pu être des tubes. Telles quelles, elles sont tellement plus...
Utile, une compilation de Pop Threat en 2011 ? Oh que oui, ça nous change tellement de tous ces groupes hype et mous du genou du moment (non, les Pains, je ne pense pas qu'à vous)... Il y a des maladresses, mais aussi tellement plus d'idées... En plus c'est une occasion supplémentaire de rappeler que le groupe suivant de Darren et Caroline, The Manhattan Love Suicides est un des tous meilleurs des 00's. Alors profitez de cette aubaine (23 titres, plus d'une heure dix de musique sans rien à jeter) pour redécouvrir un groupe oublié...
lyle
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