Thurston Moore - Demolished Thoughts
Label : Matador Sortie : 24/05/11 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Ah ça il en brasse des cordes, Thurston Moore doit faire le bonheur des magasins de musique autant que celui des disquaires de jazz. On ne sait jamais, avant d'ouvrir un disque de Sonic youth ou de Thurston, ce qu'on va trouver. Soit des pépites de rock à nu, soit des branlages de manche sans intérêt comme sur la plupart de la série SYR, attrape-couillon déguisé en officine puriste. Autant Suicide notes for acoustic guitar, paru quelques mois auparavant, était réservé aux fans de drones et de morceaux bruitistes, autant ce nouvel album touchera jusqu'au public étendu de Sonic youth, même le plus occasionnel. Il y a une logique à ce que ce disque et le solo de Jay Mascis sortent simultanément. Leurs groupes ont partagé la scène, et visiblement une même approche du rock.
Excellent disque, Demolished thoughts est à ranger près du premier solo de Moore, Psychic hearts (1995, déjà). Moore y poursuit la réponse à la même éternelle question : comment conserver sa patte, tout en s'efforçant de se renouveler. C'est désormais dans ses projets alternatifs que Moore donne son meilleur, dans la BO de Simon Werner plutôt que les albums de SY, ou en solo plus qu'avec le groupe. Plus acoustique, quitte à utiliser les cordes de manière lourdaude, ce disque retrouve le brin de fraicheur qui manquait depuis des années. On aurait préféré qu'il laisse ces foutues cordes au vestiaire, elle nous distraient de l'essentiel. Sur le sublime 'Illuminine', on se surprend à penser à ce que donnerait un vrai album seul à la guitare sèche. Il n'en a jamais été aussi proche, quitte à dérouter le public de Villette sonique, et on l'encourage à franchir complètement le pas.
arbobo
S'il n'était l'œuvre d'une star de la musique indé produite par une star encore plus grosse, parlerait-on autant de Demolished Thoughts ? Poser la question en ces termes est d'autant plus y répondre un peu que bien évidemment, le même disque d'un artiste inconnu sur un micro-label n'aurait pas eu droit à la même quantité de presse. Changeons donc plutôt la formulation en « dirait-on autant de bien de ce Demolished Thoughts » ? Et là, la réponse est loin d'être immédiate ou facile en fait...
Parce que le gars Thurston peut se permettre ce que peu de ses confrères musiciens peuvent se permettre, soit faire absolument ce qu'il veut. Un disque composé de chansons partant dans toutes sortes de directions pop/folk, du plus mielleux au plus discordant ? C'est possible... Un chant qu'on qualifiera souvent de personnel (parce qu'on ne peut pas dire faiblard, faux ou affreux d'une icône, hein) sur des mélodies semblant écrites pour les plus grandes voix du genre ? C'est possible aussi... Une guitare expérimentale et un violon André Rieu sur un même morceau ? C'est possible encore... Du coup difficile d'aimer vraiment un disque où l'on trouve du brillant ('Circulation' est brut à provoquer un rictus de plaisir, 'Space' mérite parfaitement son nom), du sans-intérêt ('Illuminine' fait Jens Lekman du pauvre, 'Blood Never Lies' est gentiment médiévisant) et de l'insupportable ('In Silver Rain With a Paper Key' semble ne jamais devoir finir et 'Januray' conclut l'album dans l'ennui) mais difficile de ne pas adorer un type qui semble prendre plaisir à faire un doigt à tout ce qui reste de l'industrie de disque. Au point de rallonger la plupart des morceaux de deux bonnes minutes inutiles (si ce n'est de montrer qu'il aime bien gratter sa guitare, ce dont on ne doutait pas, et qu'il n'est pas champion du monde des arrangement de cordes...)
Alors dirait-on autant de bien de ce Demolished Thoughts s'il nous était proposé par un jeune gars et pas par Thurston Moore ? Ben, sans doute pas, on lui reprocherait plein de trucs (manque de cohérence, imprécision vocale, instrumentation vraiment too much...), mais nous on aimerait bien finalement que des jeunes gars (et des maisons de disques un peu moins frileuses) nous proposent régulièrement des trucs comme ça...
lyle
Beck est un nom de famille fameux. Qu'ils s'appelent Barry, Aaron T., Guy, Vincent ou John D.., que l'on parle de littérature, de sciences, de médecine, de sport ou de politique, ils sont partout.
En ce qui concerne la musique, j'ai toujours eu du mal avec les Beck. Jeff ne m'a jamais passionné. Quant à Beck Hansen, à quelques chansons près, il m'a toujours globalement ennuyé. Voire gonflé. Peut-être la voix. Peut-être ses mélodies. Peut-être ses chansons (ou son absence de chansons justement). Sûrement un tout.
Il semblerait que papa Moore ait longtemps considéré Beck comme un petit frère dans les années 90. Va comprendre pourquoi mais c'est ainsi.
Beck ne joue pas sur le nouvel album de Thurston Moore, Demolition Thoughts. Il le produit. Alors il n'est peut-être pas responsable de tout, lui rejeter la faute serait sévère mais force est de constater quand même qu'on s'ennuie quand même plutôt pas mal à l'écoute de ce disque. Et si l'orientation est différente du dernier album en date de Thurston Moore, Trees Outside The Academy, difficile de ne pas reconnaitre que ce dernier avait plus de gueule.
Tout est ici lisse, policé. Il y a trop de cordes qui dégoulinent un peu de partout pour être honnêtes. On se perd dans un dédale d'arrangements qui se ressemblent et qui tournent en rond. Rapidement on s'ennuie. Et ferme même quand 'January', dernière chanson de Demolished Thoughts, démarre.
Il y a bien quelques chansons à sauver (très belle ouverture avec 'Benediction' ; 'Circulation' et sa volonté noisy-folk), il y a toujours la voix de Moore, quelques belles mélodies, mais au final, ce n'est pas ça qui ressort de l'écoute.
Désigner un coupable (Beck pour sa production? Thurston Moore pour son manque d'inspiration?) serait un peu facile mais surtout vain. Alors on dira que cet album est un déception, ni plus ni moins. Pas foncièrement mauvais, encore moins affreux. Juste «chiant» sur la longueur. Et que dans le genre «légende de l'indie-rock qui débranche les amplis», le Several Shades Of Why de Jay Mascis a bien plus de saveur et de coffre.
-Twist-
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19:00 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Proche de l'avis d'Arbobo (aussi sur SYR !), sauf que ma note serait supérieure. Un de mes disques de l'année, juste au dessus de l'excellent J Mascis, qui effectivement a beaucoup de points communs...
Écrit par : Xavier | 11/08/2011
Répondre à ce commentaireBon j'ai été un peu sévère avec mon 3. Mais bon, je pense pas le ressortir de si tôt cet album...
Écrit par : -Twist- | 11/08/2011
Répondre à ce commentaireSévère mais juste (avec ton ressenti), donc ça va..
Écrit par : lyle | 13/08/2011
- Mouais...
- C'est tout ?
- Ben ouais...
Écrit par : Ska | 25/08/2011
Répondre à ce commentaireJ'en déduis que tu n'es pas fan, donc ? :-)
Écrit par : lyle | 25/08/2011
Bah, j'aime bien quand même. Je l'ai découvert avec plaisir. Mais c'est un disque que je n'ai pas vraiment envie de réécouter. Je le trouve assez ennuyeux et, en fait, pas si inspiré. Il ne me surprend pas, et à plusieurs reprises, je me suis quand même dit que ça pourrait être du Sonic Youth Unplugged (toujours la voix de Thurston bien sûr, mais surtout les mélodies...). Pour moi, il y manque quelque chose. Si on compare avec la discographie de Beck, je préfère nettement Sea Change, auquel Demolished Thoughts pourrait faire penser pour ses options acoustiques...
Écrit par : Ska | 29/08/2011
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