Dans le mur... du son !

Elle peut nous faire n'importe quoi, chanter un mode d'emploi ikea en vieux germain, Keren Ann.

C'est triste à dire, mais en s'asseyant on sait déjà qu'elle a gagné. Le seul truc qu'elle n'aura pas réussi, c'est nous faire voir Doriand, voilà ce que c'est de croiser un ami fumeur devant l'entrée.

Alors on commence par quelle colonne ? Les pour ? Les contre ? Naaan, on l'aime trop pour se laisser aller à une logique comptable. Quoique... 101, 100, 99... les chiffres s'égrènent sur un rideau blanc au son du dernier titre du nouvel album. On en aura entendu de larges extraits, de cet album, plus varié que les autres, mais c'est sur 'It ain't no crime' que le concert s'achève. Avant un premier puis un second rappel, endiablé celui-là, le dernier, le final, une nouvelle version hyper rock et presque trash de 'My name is trouble' où elle pose la guitare pour s'éclater en dansant, se lâchant à sa manière, c'est à dire avec une pointe de retenue mais une classe folle.

La voilà, Keren Ann. Classieuse comme ses compos, comme ses disques, chanteuse de plus en plus capiteuse. Les titres défilent, et hormis deux ou trois tirés des derniers disques on se dit qu'un cd simple ne suffirait déjà pas à contenir un best of. Un best of qui devra être doublé d'une collection de ses reprises, dont ce Dylan envoyé en rappel avec un bel hommage ('Daddy you been on my mind').

Ce soir, comme sur la tournée précédente, sera rock. Avec un backing band impeccable, comme de juste. Dommage tout de même qu'ayant réussi à devenir rock à ce point, indiscutablement rock, elle ne soit pas encore capable d'adapter son chant à ce registre là. Par instants la reine du soir laisse l'émotion prendre le dessus, la voix décroche un peu, mais dans son cas c'est plutôt une bonne nouvelle de la voir lâcher prise et s'abandonner. Elle est visiblement heureuse d'être là, devant un public amoureux. Le look est plus glamour que lorsqu'on l'a vue au Point éphémère. Elle se débrouille drôlement bien, a su adapter son show au lieu, et un public assis (malheureusement) qu'elle ne pourra pas essayer de faire danser.

Adapter la setlist également, gérer les montées, les temps forts et les temps faibles. C'est le dernier regret de cette belle, très belle soirée illuminée par une étoile. On aurait adoré une montée inexorable vers le plaisir. Une apothéose. Après 45 minutes on n'aurait pas protesté si les lumières s'étaient rallumées sur cet enchaînement brûlant, enivrant, 'Je fume pour oublier que tu bois', club au possible, enfilé avec son single disco imparable 'My name is trouble'. En moins de 10 minutes, largement de quoi justifier le prix du billet, on signerait pour revoir cette démonstration de puissance sexuelle.

arbobo

http://www.kerenann.com

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