Dans le mur... du son !

Madame Thom est une inconditionnelle de 31 Knots. Quand le groupe passe en ville, la question d'y aller ou non ne se pose même pas. Peu importe le prix et peu importe l'endroit. Pour les beaux yeux de Joe Haege (c'est une figure de style), Madame Thom ferait n'importe quoi.

Le n'importe quoi de ce soir est assez modéré. Le Point Éphémère n'est pas la salle la plus désagréable de Paris, même si côté exigu est parfois gênant lorsqu'elle est blindée de monde (c'est-à-dire à peu près chaque fois que nous y mettons les pieds). Le son y est presque toujours impeccable, les bières peu chères, les artistes s'y sentent de toute évidence assez à l'aise. Bref, une bonne soirée s'annonce, et c'est de fait avec une certaine bienveillance que l'on accueille les deux premières parties, qui ont de plus la correction de ne pas jouer suffisamment longtemps pour soûler.

Entendons-nous bien : Secret Cities n'a absolument aucune personnalité. Sur les trois morceaux qu'on entendra intégralement, le premier sera dream et vaporeux comme le veut la mode, le second sonnera Tori Amos (ou Kate Bush) et le dernier (très bon) partira dans une twee-pop un peu ampoulée mais sympathique. On aura très probablement oublié le nom du groupe dans un mois, mais sur le coup ce n'est pas déplaisant. Commentaire à mettre en regard de ce que j'écrivais sur EMA il y a quelques jours, alors que j'étais ce soir-là dans les pires dispositions.

Le cas de Thank You est assez différent, car le groupe originaire du Maryland est pour sa part réellement intéressant. Un peu math-rock, un peu tribal, un peu psyché, il offrirait même la première partie idéale à 31 Knots si seulement... il se contentait d'être un projet instrumental. Croyez-le, c'est assez spectaculaire de tomber sur un groupe dont TOUS les membres chantent, mais pas un seul juste. "Juste" n'est d'ailleurs pas le mot. Le rock'n'roll n'est pas question de justesse, bien entendu, mais de présence et d'intensité. Or si les compositions sont bien fichues, ces petites voix fluettes et peinant dans les montées agacent tellement qu'on finit par sortir fumer une clope. Comme quoi l'originalité et la personnalité ne paient pas toujours, contrairement à ce que disent les faux-culs.

C'est avec une certaine fébrilité que l'on s'approchera quelques minutes plus tard de la scène, en bons masochistes bien conscients que le risque de prendre une baffe est grand. Et en effet, chose promise chose due, Maître Joe va nous mettre une longue et délicieuse fessée plus d'une heure durant, particulièrement affuté pour un type qui nous expliquera après le concert n'avoir quasiment pas répété. Ce qui éclaire évidemment d'un autre jour un show effectivement beaucoup plus épuré que ce que l'on avait pu voir au Café de la Danse il y a deux ans (et ce n'est pas plus mal : nul besoin de voir Haege ôter cinq couches de vêtements pour constater qu'il est un extraordinaire performer), tout comme une set-list étonnante, carrément orientée best of. Sinon greatest hits. Deux titres seulement du dernier album (dont l'excellent single 'Candles on Open Water'), donc, et une avalanche de classiques assez impressionnante. 'Welcome to Stop', 'Darling, I', 'Chain Reaction', 'Intuition Imperfected'... ils y passent presque tous, délivrés dans des versions survitaminées et d'une précision instrumentale bluffante (ce qui est certes un quasi pléonasme dans le cas du meilleur groupe prog en activité). Mention spéciale pour 'Compass Commands', sommet de bizarrerie où Haege se métamorphose en clown sinistre et déjanté.

Bon. J'ai bien conscience que ce papier manque cruellement de reproches, et je m'engage à faire mieux la prochaine fois. On ne peut pas être de mauvaise humeur tous les jours, hein...

Thomas

http://www.myspace.com/31knots

http://www.myspace.com/wethankyou

http://www.myspace.com/secretcitiesmusic