Dans le mur... du son !

EMA porte son prénom autour du cou, ce qui est quand même bien pratique pour les retardataires. C'est malheureusement le seul truc bien pratique qu'on trouvera dans ce set convenu, même en cherchant bien. Rien de répréhensible (mais c'est peut-être ça le problème), et à tout prendre le concert était certainement meilleur que l'album à paraître en juin, Past Life Martyred Saints, pour sa part prodigieusement ennuyeux. Simplement malgré une présence indéniable, le rock un peu noise-mais-pas-trop (on appelle ça "du rock 2011") de la jeune femme manque autant de personnalité que de mordant. Alors on baille mais, il faut le préciser, ce n'est rien comparé à la véritable purge que constituent Drawlings, dont chaque note redéfini avec brio le terme "ennui". Je ne serais même pas foutu de vous dire quel style de musique c'est (l'écoute fut très distraite), mais comme je ne serais pas non plus foutu de vous affirmer avec certitude que c'est bien de la musique, autant en rester là.

Vous vous dites que ce papier commence fort, et je ne vous cacherai pas qu'à la décharge des artistes, j'étais vraiment dans un mauvais soir. Épuisé comme rarement, éprouvant de grandes difficultés à tenir sur mes jambes et certainement pas capable d'indulgence face à des prestations de troisième zone (Drawlings) ni même de seconde (EMA). Je ne vous précise pas cela pour raconter ma vie, mais pour vous faire mesurer le mérite incroyable de Scout Niblett, qui non seulement a réussi à me réveiller (il faut dire que sa musique est des plus abrasives), mais qui encore est parvenue à me faire oublier durant une heure et demi que j'étais a) fatigué, b) en mauvaise santé et c) d'une humeur massacrante. Cela méritait d'autant plus d'être dit que contrairement au plus gros de l'assistance (éparse) venue ce soir, je suis loin d'être le premier fan de la dame.

Pour tout dire, je la connais assez mal, mais j'aimais suffisamment ce que je connaissais pour avoir envie d'y être. Si cette petite bonne femme est capable d'être parfois un brin ennuyeuse sur disque, son aura affolante fait quasiment tout le boulot sur scène, sans chichi aucun (depuis mes folles années grunge j'avais rarement vu artiste à ce point fringué(e) comme un sac à patate), avec une humilité et une simplicité inversement proportionnelles au côté franchement viscéral de sa musique. Et c'est riffs nirvanesques en diable (j'ai découvert ce matin, au cours d'une brève recherche, que c'était un quasi lieu commun que de dire cela à son propos... mais en l'occurrence c'est vrai et c'est le premier truc qui saute aux oreilles lorsque, comme moi, on connaît mal le répertoire) (je dis que je connais mal le répertoire... il faut croire qu'il m'a plus marqué que je le pensais, puisque je me suis surpris à fredonner 'Your Last Chariot' et ai reconnu la plupart des morceaux, notamment ceux du très bon The Calcination of Scout Niblett, que je n'ai pourtant pas écouté des masses depuis sa sortie) !... Il y a chez Niblett une étrange disharmonie entre son apparence de petite fille timide et fragile (cette femme a réellement TRENTE-SEPT ANS ? Sans rire ?!) et la violence habitée de sa musique. Disharmonie qui se retrouve d'ailleurs dans le contraste saisissant entre la pureté de la voix et des guitares sales et décharnées, comme si l'on avait assisté à un concert entier produit par Steve Albini (qui a d'ailleurs et effectivement produit le dernier opus en date).

Alors oui, c'était bien, et même très bien. Bon, évidemment je me suis quand même écroulé comme une masse en rentrant, mais j'en suis sorti en supportant beaucoup mieux les séquelles des journées précédentes. Marque des grands concerts s'il en est, non ?

Thomas

http://www.myspace.com/scoutniblett

http://cameouttanowhere.com

http://www.myspace.com/drawlings