Dans le mur... du son !

Label : Rough Trade

Sortie : 04/04/11

Format : CD / LP

Disponible : Partout

Que les modes et les phénomènes musicaux changent vite en ces temps du tout numérique. Il y a quoi ? 5 ans à peine ? Alela Diane était la petite darling des médias, traditionnels comme digitaux, spécialisés comme généralistes, vendait son The Pirates Gospel par caisses entières en réussissant même à toucher un peu le grand public et en faisant du label Fargo une référence. Mais voilà, début 2011, une autre demoiselle, plus neuve et plus fraîche, sensément plus rock est devenue la chouchoute (jusqu'à l'arrivée de la prochaine qu'on nous annonce déjà être EMA) ; la horde de folkeuses a reflué dans ces bois ou ces campagnes (ou ces grandes banlieues pavillonnaires de cités américaines, allez savoir...) qui les avaient vu naître, et on peut se poser la question de savoir qui attendait encore un nouvel opus de la dame.

Pas moi, est-il important de préciser tout de suite. Vue sur scène à la Flèche d'Or (à un festival Fargo ou un truc comme ça, la mémoire, à mon âge, vous savez...), elle fut loin de m'emballer. Une très belle voix, certes, mais un désir de sonner authentiquement rustique qui devenait vite un peu agaçant. Trop de classicisme tue le classicisme, et seuls les gens qui n'y vont jamais vantent l'odeur de la campagne. Les autres savent que, souvent, en fait, ça pue ! Oh, ça ne m'empêchait pas d'acheter The Pirates Gospel, car, après tout, les chansons restaient bonnes, et Dieu quel organe ! Mais impossible de l'écouter autrement qu'à petites doses. Ce qui reste finalement préférable à son successeur au nom parfaitement bien choisi (To Be Still... tu m'étonnes...), d'une jolie perfection formelle mais d'une telle incapacité absolue à provoquer l'émotion qu'on finissait par ne plus se rendre compte qu'il était sur la platine. Transférée chez Rough Trade, l'Alela allait-elle redresser la barre avec ce Alela Diane & Wild Divine ?

Et bien non, c'est raté ! Et pas qu'un peu ! En guise de retour à la bonne cuisine traditionnelle on a droit à un passage au Buffalo Grill. A de la soupe pop-folk countrysante produite au karcher idéale pour sonoriser une quelconque pub cherchant à utiliser l'ouest sauvage pour vendre du savon. La demoiselle cherche à retrouver l'émotion mais sombre souvent dans un pathos de pacotille quand elle ne multiplie pas les minauderies vocales (merci d'éviter de se lancer dans le yodeleïtou pour le prochain, hein, ce n'est vraiment pas nécessaire !). L'album n'est même pas réellement mauvais, mais il sonne tellement toc et sérieux à la fois qu'il hérisse les poils et donne envie de fuir au plus vite (via la touche Stop, c'est facile...). On a même le droit à un affreux solo de guitare qui semble extrait d'un mauvais album des 70's sur 'Long Way Down', ce qui nous rappelle que si le folk fut décrié pendant un bon paquet d'années avant de revenir à la mode, c'est aussi qu'il produisit nombre de baudruches tout à fait détestables.

Bah voilà, Alela Diane semble avoir terminé sa transformation de sauvageonne de l'ouest en vieille bobo sur le retour pensant que l'habit fait le cowboy. Et a réussi à passer en trois albums seulement de bon disque de genre à truc prétentieux et chiant à mourir. Reste une voix, dont on espère vraiment qu'elle nous filera un de ces jours les frissons qu'elle semble être faite pour provoquer.

lyle

http://www.myspace.com/alelamusic

http://www.aleladiane.com