Timber Timbre - Creep On Creepin' On
Label : Fulltime Hobby / PIAS Sortie : 04/04/11 Format : CD / LP Disponible : Partout |
On aime les films de David Lynch. Leur délire jamais vraiment contrôlé, leur moiteur, et cette manière de passer d'une ambiance la plus sexuelle à l'effroi le plus glaçant, sans transition. Alors quoi ? On pourrait ouvrir le pick up, poser un disque 33 tours, et ressentir sous le grésillement du diamant une sensation comparable ?
Jusqu'ici on en doutait, on trouvait juste l'intérêt porté à Timber Timbre, mais parfois exagérées les louanges. Comment passer de la bande son idéale de Mad Men à celle de Lynch? Musicalement il n'y avait pas grand chose à ajouter. C'est le chant de Taylor Kirk, la différence. Il se lâche, ose plus, se laisse habiter par le personnage comateux du chanteur vaudou. L'ombre de Grant Lee Buffalo (comme sur 'Home') devient un lointain souvenir. Creep on Creepin' on suinte les narcotiques à tous les étages, le disque titube à pleins tubes. Quel dommage, pourtant, d'avoir pris la chose au pied de la lettre. Comme si le déguisement vocal ne suffisait pas, ni la métaphore cinématographique. Ils sont un peu envahissants, ces instrumentaux taillés pour le grand écran. Ils ont quelque chose d'un peu trop littéral, dont on pourrait se passer, car les chansons de l'album ont à présent le petit ingrédient, le grain de folie qui leur faisait défaut depuis 2005. Et même, écoutez bien la prononciation du refrain de 'Bad ritual', la petite touche d'humour qu'on appelle aussi un "revenez-y".
arbobo
Soyons clair, je suis loin d'être totalement rétif à Timber Timbre. J'avais bien aimé son album précédent et si le fort côté pesant de leur perfomance live au Café de la Danse m'avait un peu... pesé, cela ne m'empêchait pas d'attendre ce nouvel opus avec une certaine impatience. Et il est incontestablement bon. Très bon même. Supérieur dans l'instrumentation, luxieuse, claire et pure. Dans la diversité des ambiances créées. Dans l'écriture, même. Et pourtant à chaque fois que j'écoute Creep On Creepin' on, je me fais sérieusement chier.
Le côté blues/jazz sombre, froid et un peu désespéré serait-il incompatible avec un mois d'avril où le thermomètre est bloqué sur 25° ? Ou mes vacances m'auraient-elles mis de trop bonne humeur pour avoir envie d'écouter un album aussi flamboyant dans son côté plombant ? Pas du tout, j'ai réécouté le précédent et il passe toujours aussi bien. Alors à défaut de pouvoir utiliser une image plus crue (il pourrait y avoir de très jeunes lecteurs), disons que les films d'auteur faussement fantastiques, esthétisants et pseudo-intellectuels, brumeux et nébuleux, m'ont toujours moins excité que le gros gore qui tache.
Et donc, s'il faut bien reconnaître que Creep On Creepin' On est très beau, il m'emmerde prodigieusement...
lyle
Cet album de Timber Timbre et moi, ça fait un petit moment qu'on se regarde en chien de faïence, qu'on se tourne autour, qu'on communique par la pensée (et un peu par la musique, ok). "Chronique-moi !", qu'il me répète... "Chronique-moi car j'ai tout pour te plaire." Et c'est vrai qu'entre une ouverture dégoulinante de Black Heart Procession, une atmosphère plus lynchienne encore qu'un album de Lynch (ce qui en fait n'est pas dur) et un côté délicieusement rétro, presque orbisonnien par instant ('Black Water')... Creep on Creepin' on a de quoi affoler mes compteurs. Et d'un autre côté, à aucun moment des 18 000 écoutes l'aiguille n'a grimpé dans le rouge. Sans doute, il manque à Timber Timbre un petit quelque chose pour être parfaitement à la hauteur de ses modèles. On ne trouve pas, sur cet album élégant et lettré, le danger que peut parfois dégager BHP, l'aura de mystère inhérente à l'oeuvre de Lynch, ni la candeur poignante des mélodies d'Orbison. Cela ne le rend nullement mauvais : Creep on Creepin' on est une espèce d'illustration vibrante de l'expression "avoir la classe". Simplement à trop soigner son esthétique, le groupe semble avoir oublié de mouiller son beau costume. Dommage, mais prometteur.
Thomas
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19:48 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Je suis d'accord avec Lyle... quand il dit que cet album est très beau! Moins d'accord sur la seconde partie de sa phrase finale donc. Les chansons chantées sont vraiment toutes excellentes et moi j'aime bien les instrumentaux, notamment quand l'on entend le saxophone de Colin Staton, dans un style plus abordable que son album solo sorti récemment.
Écrit par : Erwan | 27/04/2011
Répondre à ce commentaireEt bien, sur ce coup-là, je vais ausssi rejoindre Lyle (avec une petite pincée de Thomas qui comprendra !) : il m'emmerde grave, Timber Timbre. Sur le papier, il a pourtant tout pour me plaire, mais non, ça ne passe pas. Au mieux, il m'indiffère complètement. Probablement à cause de ça : "à trop soigner son esthétique" ...
Écrit par : Thierry | 28/04/2011
Répondre à ce commentairec'est ce qui me retenait sur les disques précédents, thierry, je trouve que celui-ci est nettement le meilleur des 4
Écrit par : arbobo | 28/04/2011
Répondre à ce commentaireJe préférais le côté nettement plus brut du précédent...
Écrit par : lyle | 28/04/2011
Comme c'est ennuyeux... Comme c'est monotone...
(je ne connais pas les disques précédents, mais celui-ci ne me donne vraiment pas envie d'aller plus loin dans l'exploration)
Écrit par : Ska | 29/04/2011
Répondre à ce commentaireJe trouve le précédent plus varié (enfin ça reste quand même un bien grand mot... moins monotone quoi...)
Écrit par : lyle | 29/04/2011
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