Port-Royal - 2000-2010 The Golden Age of Consumerism
Label : n5MD Sortie : 15/02/11 Format : 2CD Disponible : Import |
Si on m'avait dit il y a 20 ans (ça marche aussi avec il y a dix ans en fait) que j'écouterais un jour un disque pareil... Pas l'ombre d'une guitare, d'une basse ou d'une batterie. De l'électro qui flirte souvent dangereusement avec de la techno. Le moi adolescent (mais pourquoi vous rigolez ?) (ok, le moi adolescent de 15 ans, pas le moi adolescent attardé de maintenant) se serait sans doute fortement moqué (s'il n'avait été trop occupé à vomir) devant un morceau aussi new-age que 'Ernst Bloch' et se serait sans doute gaussé devant autant de prétention intellectuelle (d'un autre côté quand on choisit de s'appeler comme ça...) que ce soit dans la musique, les titres de chansons ou le nom de cette compilation (et qu'aurait-il dit du fait qu'il y ait un disque entier de remixes ?) : 2000-2010 : The Golden Age Of Consumerism. Mais le moi adolescent était un jeune con borné. Il dirait sans doute que je suis un vieux con bobo...
Mais qu'importe, depuis cinq bonnes années maintenant et un concert qui eut valeur de révélation, voire d'illumination, les italiens de Port-Royal sont un de mes groupes préférés. Pourtant je ne suis pas forcément client de ce genre de compilation de rarities / remixes mais on a bien du mal par moment à croire que c'est bien de cela qu'il s'agit. Prenons le premier disque : 10 des 15 titres proviennent de trois EPs du groupe (Kraken, Honved et Magnitogorsk), ce qui explique une certaine cohérence, alors que d'autres proviennent de compilations "commerciales" (Little Darla has a little treat for you) ou disponibles gratuitement le net (Ondadrops vol2) ou sont tout simplement inédits. En tout, huit ans d'écart entre certains titres et pourtant une homogénéité rare, due autant à un son qui n'appartient qu'à eux, qu'à un côté hypnotique, planant et dansant à la fois, toujours renouvelé et ostensiblement similaire. Aucun titre du groupe ne ressemble aux autres et pourtant ils appuient tous sur les mêmes boutons.
Le deuxième CD bourré jusqu'à la gueule de remixes divers plus ou moins récents (la fenêtre est cependant moins large que pour les rarities puisqu'elle se situe entre 2006 et 2010) ne nous en apprend par forcément plus sur le son Port-Royal mais leur permet de jouer avec toutes leurs influences : des très techno Felix da housecat aux shoegaze de Televise (l'excellent groupe de l'ex-Slowdive Simon Scott dont on vous recommande aussi l'album solo Navigare) en passant par l'electro fun des Ladytron ou le drone de leur camarade de label Bitcrush, on retrouve tout ce que nos italiens ont pu assimiler pour devenir la machine à rêves et à movage de body qu'ils sont devenus. Et si tout n'est pas indspensable le long des 33 titres et deux grosses heures de musique que forme The Golden Age Of Consumerism, il n'y a rien non plus de honteux, ni même de dispensable.
Alors si on conseillera quand même aux non-initiés de commencer plutôt par un de leurs trois albums (au hasard l'absolument brillant Afraid To dance), on recommandera surtout à toute personne n'écoutant pas que l'ado obtus qui est en elle d'aller découvrir un des plus grands groupes du moment.
lyle
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17:44 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
EXCELLENTE chronique ! Je n'ai pas encore écouté cette compilation mais connais plusieurs albums du groupe. D'ailleurs c'est grâce à toi que je les ai découverts (en 2009 en commençant par 'Dying In Time'), et je t'en sais infiniment gré ! Presque rien à rajouter à ce que tu as si bien dit à propos de leur musique (et notamment ce "son [caractéristique] hypnotique, planant et dansant") si ce n'est l'aspect froid et mélancolique de la plupart de leurs titres. Pour moi c'est bien sûr l'essentiel, et si je les apprécie tant, c'est bien plus pour le côté "machine à rêves" (d'une puissance insoupçonnée) que pour la dimension "movage de body" (comme tu dis). Je donnerais beaucoup pour pouvoir assister à un de leurs concerts (effectivement géniaux d'après les vidéos live que j'ai pu voir...)
P.S. : "MAIS le moi adolescent était un jeune con borné." Pourquoi "mais" ? La plupart des ados sont comme ça ! :)
Écrit par : J-P. | 10/05/2011
Répondre à ce commentairele MOI adolescent aurait du être aussi parfait que le moi adulte :-)
Écrit par : lyle | 10/05/2011
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