Idlewild - 100 Broken Windows : Special Edition
Label : EMI Sortie : 08/11/10 Format : 2CD Disponible : Import |
Et non, les rééditions ne sont pas la chasse gardée de Thomas (en fait, j'ai bien essayé de le lui refiler, d'autant que nous devons être les deux derniers en France à nous souvenir d'Idlewild mais quand on n'a pas de tête...) mais de toute façon qui d'autre pour mettre à 100 Broken Windows la note qu'il mérite, soit le 10 suprême ? Pour ceux qui pourraient trouver étrange qu'un label réédite un tel disque, quasi inconnu par chez nous, il est bon de rappeler que s'il n'a jamais eu la reconnaissance qu'il méritait en France, il fut bien plus qu'un grand espoir avec comme sommet (critique, car son successeur The Remote Part fut un plus grand succès commercial) l'album dont il va être question maintenant.
Flashback. Dans les 90's finissantes, à force d'avoir glorifié des tas de groupes britpop tardifs de cinquième zone, le NME et le Melody Maker ont vu les groupes américains post-grunge tout renverser sur leur passage et sont en quête quasi-désespérée d'espoirs autochtones qu'ils pensent bien avoir trouvés avec une horde de jeunes gens plutôt bruitistes tels My Vitriol, Seafood, The LLama Farmers, Cay, Terris... Les plus prometteurs sont sans nul doute des écossais réputés pour leurs concerts explosifs et des premiers singles incendiaires. Ils seront finalement les seuls à connaître un certain succès, leurs "camarades de promotion" se retrouvant vite coincés entre les groupes mainstream locaux (Coldplay, Stereophonics, Travis, Placebo...) et la vague nouveau rock qui ne va plus tarder à déferler.
En 2000, Idlewild a donc déjà publié un mini et un album bien énervé mais malgré le soutien de la presse, il est encore loin de connaître un succès maintream : trop rugueux, trop abrasif, trop noisy. Entre alors en scène Dave Eringa, tout auréolé du succès des Manics et en grande partie responsable de la transformation des bûcherons 3CR en bêtes de charts, qui va aider le groupe à réussir l'équilibre parfait entre ses désirs d'agressivité et de mélodie. Roddy Woomble chante maintenant nettement plus souvent qu'il ne crie, faisant preuve de bien belles qualités vocales et de capacités à changer de registre jusque là insoupçonnées. Les guitares n'ont pas perdu de leur mordant mais ont ajouté juste ce qu'il faut de miel pour charmer les auditeurs les plus rétifs. Et quelle succession de tubes qui vous emportent et vous font bouger et vous égosiller jusqu'à épuisement.
Certes on pourra reprocher aux textes un certain côté post-adolescent ou étudiants en art mais ils sont assénés avec une telle force, une telle conviction et une telle candeur qu'il est bien difficile de ne pas reprendre en choeur un "I bet you don’t know how to spell contradiction, I bet you don’t know how to sell conviction" ou un "They won't teach you what you don't already know You're always be, dissatisfied". Car le temps d'un album, Idlewild va toucher à la perfection et rejoindre les Undertones ou les Buzzcocks dans le mélange parfait entre férocité punk et lignes mélodiques pop. Et pour couronner le tout, les plus lents 'Let me sleep (next to the mirror)' ou 'The bronze medal' annoncent le futur côté REM du groupe sans le côté un peu mièvre des ouvrages suivants.
Comme toute bonne réédition qui se respecte, 100 Broken Windows contient une deuxième galette bourrée jusqu'à la gueule de rarities pas forcément très rares (une compilation de faces B est sortie trois ans auparavant et les singles restent facilement trouvables) ni très indispensables (euphémisme). Des faces B, témoins de l'incroyable vitalité créatrice du groupe à cette période ('There's glory in your story' et 'Meet me at the harbour' sortent tout particulièrement du lot, mais le niveau moyen reste très élevé), une version live assez médiocre de 'Little Discourage' enregistrée pour KROQ, sans doute présente pour montrer qu'à cette période Idlewild ne fut pas loin de percer Outre-Atlantique et des tas de démos, certaines inédites, présentant un intéressant témoignage du processus de création d'un groupe cherchant alors à lier mélodies avec la violence et la discordance de ses débuts et dont certaines idées furent reprises pour d'autres chansons.
De cet ensemble hétéroclite, on ressortira une très belle reprise légèrement musclée et resserrée du 'It'll take a long time' de Sandy Denny, le très énergique 'Victory at Sea', le foutraque 'Jackson was haunted/ Maths rock' ou encore le très classiquement idlewildesque 'Undone' . On constatera aussi à quel point Dave Eringa a su tirer la quintessence des titres qu'il avait à produire, par exemple en écoutant la démo encore fort maladroite de 'Roseability'. Mais on a aussi une petite pensée pour les absents (problèmes de droit ?) qui avaient largement leur place ici et pour lesquels il faudra donc continuer de ressortir ses vieux singles, comme l'amusante version acoustique de 'Actually it's darkness', les reprises du 'Rescue' d'Echo & the Bunnymen et du 'When the Ship Comes In' de Dylan ou le très doux '1990 nightime'. Dommage pour les complétistes...
Lors de la croisée sur The Collection, Thomas avait comparé Idlewild a un club de foot de L2. Si on n'adhère pas forcément totalement à son jugement, on ajoutera quand même que dans ce cas-là, il serait une sorte de En Avant Guingamp, capable par moment d'instants de grâce, et que 100 Broken Windows serait son summum, sa participation à une Coupe d'Europe ou sa Coupe de France. Dans tous les cas un des rares albums indispensables de l'indie rock britannique autour de l'an 2000.
lyle
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19:21 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
D'accord! Complètement d'accord!!!
Écrit par : mma | 21/03/2011
Répondre à ce commentaireD'accord! Complètement d'accord!!!
Écrit par : mma | 21/03/2011
Répondre à ce commentairePour une fois que je ne dis pas que des conneries, ça méritait d'être dit deux fois...
Écrit par : lyle | 22/03/2011
Mais comme t'es, Lyle!
:-D
Au fait, déjà jeté une oreille à l'album solo du chanteur d'IDLEWILD, Roddy Woomble?
Pas encore achevé de me faire une opinion, mais d'après moi très bon!
Juste sorti : THE IMPOSSIBLE SONG, & OTHER SONGS
Écrit par : mma | 22/03/2011
Répondre à ce commentairePas encore, mais le précédent était assez moyen, trop scolaire... L'album de Rod Jones était sympa dans le genre.
Écrit par : lyle | 22/03/2011
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