Sonic Youth - Simon Werner a disparu
Label : SYR /Naive Sortie : 01/03/11 Format : CD Disponible : Partout |
2011 est saturée de la guitare de Thuston Moore. Il sort deux EP de sa main, bruitistes et instrumentaux, tandis que paraît la BO de Simon Werner a disparu.
Tant d'agitation dont on n'attendait pas tant que ça après deux albums, le dernier chez Geffen et le premier cher Matador, qui commençaient à donner des doutes même aux fans. Pas de doute qu'ils aimeront ce disque, mais la bonne nouvelle c'est qu'il sera approuvé tout autant par un public moins fidèle à "SY". Juger une bande originale sans voir le film est une injustice, mais pour un groupe comme Sonic Youth c'est aussi la traiter comme un album de plus à leur longue discographie. Après tout notre premier souvenir de leur présence filmique, c'est l'apparition de 'Tunic' dans une fameuse séquence d'Irma vep. Après Demonlover ce n'est finalement que leur seconde vraie BO complète, on aurait pourtant juré qu'il y en avait plus.
La francophilie du groupe est intacte, et ils ont retrouvé une intensité, dans les titres cool ('Escapades') comme les plus énervés ('Chez Yves'), dont on commençait à douter. Les ambiances fonctionnent comme au temps de 'Society Is a Hole' ou 'Lee Is Free', et le plaisir est à nouveau partagé. Sonic Youth a trop d'enfants illégitimes pour qu'on ait encore besoin d'eux, croyait-on. Cette fois ils sont allés s'abreuver à la même source que les Black angels, ou que Neil Young pour son Dead man. On a retrouvé nos vieux rockers, et on a comme un retour d'affection.
arbobo
Je l'ai déjà dit dans une croisée précédente, mais je vais quand même le redire : je n'ai jamais aimé Sonic Youth. Quand j'ajouterai que je n'ai jamais supporté les B.O, vous vous demanderez sûrement pour quelles raisons autre qu'un sens du sacrifice hors du commun pour toi, lecteur, j'ai écouté Simon Werner a disparu. Mais voilà, mes principaux reproches envers le groupe restent des voix qui m'insuportent et une propension poussée à l'onanisme musical. Or nous avons affaire à un disque instrumental où il a bien fallu que nos vieilles gloires indé cherchent à servir l'œuvre sans se mettre en avant.
Et c'est une franche réussite. Moments de colère, d'apaisement, de doute, de fureur, de douleur se succèdent sans jamais aller dans le pathos ou le surlignage d'évènement. Et le fait de n'avoir aucune envie de voir le film qu'elle illustre n'empêche en rien de profiter de cette superbe bande originale, dont on serait presque tenté de dire qu'il s'agit d'un des meilleurs disques de post-rock (ce qu'il n'est pas, ou pas seulement...) de ces dernières années. Il y a là une richesse, une délicatesse, une sensibilité, une justesse, une retenue qui manquait par exemple totalement au décevant Zidane: A 21st Century Portrait: An Original Soundtrack by Mogwai. Un bien beau disque...
lyle
On peut reprocher beaucoup de choses à Sonic Youth (certains ne s'en privent pas) mais s'il est bien une chose que l'on peut difficilement lui dénier, c'est sa remarquable régularité. Quand la plupart de ses contemporains se sont depuis longtemps assis sur un confortable trône de médiocrité, le gang de Thurston Moore, s'il ne surprend plus vraiment, reste synonyme de qualité et d'exigence. La B.O. de Simon Werner a disparu, ovni cinématographique français avant tout parce qu'il fait beaucoup d'effort pour avoir l'air américain, en est une bonne illustration. Ou plutôt non, justement, puisque Sonic Youth s'y est attelé à composer une véritable œuvre, refusant le piège de la banale illustration musicale. Le résultat, à l'histoire assez représentative de ce perfectionnisme (le réalisateur, Fabrice Gobert, avait initialement contacté le groupe pour être autorisé à utiliser certains morceaux pré-existants, et ne s'attendait certainement pas à se retrouver avec une BO entièrement composée pour lui), c'est un objet paradoxal, à la fois intrinsèquement lié au film (dont le score constitue quasiment un personnage à part entière) et album instrumental se suffisant à lui-même, dont on ne peut que comprendre qu'il soit édité comme tel. La mayonnaise prend étonnamment bien, notamment sur 'Les Anges au piano' et 'Chez Yves', pépites éthérées autant que nerveuses. Rien qui donne envie de se relever la nuit, soit. Mais peu de groupes, partant d'un tel exercice de style, auraient su aboutir à quelque chose d'aussi consistant.
Thomas
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19:00 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
"Juger une bande originale sans voir le film est une injustice"
En même temps, je pensais comme toi et j'ai regretté d'avoir perdu une heure de ma vie devant un film vraiment pas terrible :-)
Écrit par : Thomas | 15/03/2011
Répondre à ce commentairel'injustice peut aussi aller dans ce sens en effet :-)
je veux dire par là que le disque est excellent à mes yeux, mais ça ne veut pas dire qu'il fonctionne en tant que BO
Écrit par : arbobo | 15/03/2011
Répondre à ce commentaireN'empêche, je m'en serais passé sans problème, et là vous m'avez carrément donné envie de l'écouter ^^
Écrit par : Dahu Clipperton | 15/03/2011
Répondre à ce commentaireComme Dahu!
Écrit par : mmarsupilami | 15/03/2011
Répondre à ce commentaireCette croisée aura donc servi à quelque chose...
Écrit par : lyle | 16/03/2011
Moi, j'aime bien le film. Qui fait preuve d'une véritable envie de mise en scène, de récit, de style, qui cherche à jouer avec la forme, les attentes du spectateur et le point de vue, choses peu communes dans le "jeune cinéma français". Il a certes quelques défauts, mais ce fut plutôt une agréable surprise. D'ailleurs, la musique fonctionnait très bien avec les images...
Écrit par : Ska | 18/03/2011
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