Dans le mur... du son !

Attendre une heure - et encore n'est-on pas arrivé à l'ouverture des portes ! - pour retourner immédiatement sur la terrasse de la Flèche d'Or en se disant : 1. dingue ce qu'elle sonne comme Zazie et 2. encore plus dingue de penser qu'on aurait peut-être préféré Zazie (3. c'était pas terrible la dernière fois en première partie d'Elvis Perkins, mais là, la régression force l'admiration), forcément ça ne met pas de bonne humeur pour commencer une soirée à quatre groupes qui va du coup forcément se finir très tard... (les banlieusards remercient une fois encore l'organisation).

Si sur disque Allo Darlin' s'était révélé très inégal, on pouvait espérer que sur un set resserré, son twee serait charmant. Est-ce le gros son pourri de la Flèche d'Or ce soir - on n'entendra quasiment pas le ukulélé de la dame - ou un choix délibéré de sonner plus dur ? Dans tous les cas on aura droit à une demi-heure de rock FM assez énergique et sautillant porté par une Elizabeth Morris virevoltante et un bassiste bondissant qui a dû être recalé in extremis du casting de Tenacious D (en même temps ce n'est pas le bassiste qu'on regardait, curieusement). Le groupe semble s'éclater mais présente les mêmes défauts live qu'enregistré : un chant pas toujours très juste et l'abondance de morceaux tout juste moyens pour faire patienter en attendant les 2/3 titres super-efficaces de leur répertoire comme le tubesque 'Dreaming'. Et à l'annonce d'un deuxième album prochain dont on nous présentera un titre, on ne peut que penser « vous feriez mieux de prendre votre temps pour écrire et ne garder que le meilleur... » . Ce serait indispensable pour que le groupe ne reste pas toute sa carrière un spectacle honorable de milieu d'affiche dans une petite salle.

J'ai failli faire mon Patriiiiick et vous raconter qu'avec (Please) Don't Blame Mexico on s'était donné rendez-vous dans quatre ans, même heure, même salle, même groupe, pour voir s'ils étaient devenus... un grand groupe, mais ça serait mentir. Car la première fois que j'ai vu (P)DBM en ce lieu, je pensais tout faire pour éviter de les revoir. Aussi fut-ce une bonne surprise de les découvrir de nombreux mois plus tard bien meilleurs en duo au Divan du Monde et de voir qu'ils avaient sorti avec Oh Carolina un fort bon EP. De là à ce que deux ans plus tard arrive avec Concorde un album de pop que les anglo-saxons - ou les suédois ou les moldaves - auront bien du mal à dépasser dans l'année, il y avait un gouffre et la curiosité était immense de les revoir sur scène.

Et ce fut d'abord une petite déception, le groupe en formation trio se montrant dans un premier temps très scolaire et pour tout dire un peu coincé (c'est le moins qu'on puisse dire, tout cela sonnait très amateur, à se demander si c'était le même groupe que celui du très bon Concorde). Oh la musique était de qualité (le son était quand même pourri) mais le spectacle était bien sage (moi qui imaginait une énergie folle...) et le groupe peinait d'autant plus à occuper la scène et à enthousiasmer un public sans doute déjà un peu fatigué qu'il avait choisi de commencer essentiellement par des morceaux calmes. Et puis après un charmant passage de Maxime Chamoux seul au piano sur 'The Behinders', l'explosion ! (trop tard, je suis parti dans l'espoir fou d'attraper le dernier train. J'ai remercié l'organisation ?) Maintenant à six, le groupe va finir par ce qu'il a de plus rythmé dans son répertoire et nous laisser sur le cul. 'The Protocol' morceau de l'année ? Il va être dur à surpasser en tout cas (c'est sûr)...

Mais qu'est-il donc arrivé à The Airborne Toxic Event ? On les avait quitté il y a presque deux ans - le tout premier live report de DLMDS, comme le temps passe ! - avec un chanteur tiré à quatre épingles en costume-cravate, un spectacle festif qui balançait fort et une musique qui avait tout du bilan de 10 ans de « nouveau rock » et on se retrouve avec un type hirsute tout en muscles et en marcel beuglant du classic-rock lourd, sourd, sombre et puissant. Attention, découvrir Springsteen après un certain âge peut provoquer des changements d'orientation musicale graves !

Bien évidemment, j'exagère, mais vous en avez l'habitude et ça fait quand même un sérieux choc quand on n'a pas encore découvert leur nouvel album à venir dans quelques semaines de tomber sur un groupe complètement différent de celui qui nous avait offert un sacré show au Point FMR. D'accord le groupe avait déjà cette tendance à un rock old-school un peu roots sur The Airborne Toxic Event mais de là à puer la testostérone... Jamais à une contradiction prêt, il nous offre un set aussi plombant et pesant, qui fait d'ailleurs fuir avec l'heure tardive une bonne partie du public, que le précédent était léger et entraînant alors qu'il ne parlait que de rupture amoureuse et se montre d'une grande homogénéité de son et de ton alors que jusque là il se caractérisait par un côté assemblage hétéroclite d'influences variées. Mais finissons sur quelques notes positives : le quintet de Los Angeles est maintenant son propre maître quand il semblait autrefois n'être qu'un opportuniste copiste. Il continue d'écrire de très bonnes chansons, sait extrêmement bien occuper la scène et dispose d'un excellent frontman. Mais minuit et demi n'était sans doute pas le meilleur horaire pour profiter de tout cela (putain de bordel de merde... c'est limite irrespectueux pour le public de pratiquer ce genre d'horaire...) ...

lyle (with Special Guest Thomas)

http://www.myspace.com/theairbornetoxicevent 

http://www.myspace.com/pleasedontblamemexico

http://www.allodarlin.com

NB : Plus de photos sur jécoute !