Anna Calvi - Anna Calvi
Label : Domino Sortie : 17/01/11 Format : CD / LP Disponible : Partout |
Pourquoi et comment parler d'Anna Calvi ? Tellement d'encre réelle ou virtuelle a coulé que tout le monde, du moins en France où le label a fait un boulot de promo incroyable, doit déjà avoir son opinion sur la demoiselle et qu'un tel billet ne semble rien pouvoir apporter en arrivant longtemps après la bataille. Alors pourquoi ne pas s'interroger simplement sur comment un tel disque peut partager à ce point l'opinion, avec autant d'envolées dithyrambiques que de critiques acerbes.
Et pour une fois, au grand jeu de l'œuf et de la poule, on a la solution : à force d'entendre crier à la huitième merveille du monde, découvrir une petite église gothique de province, forcément ça déçoit, même si elle est jolie. Et franchement, ça ne viendrait à personne de la comparer à ND de Paris. Et bien c'est pareil pour la petite Anna, la comparer sans cesse à PJ Harvey ou Jeff Buckley (entre autres), ne pouvait pas lui rendre service (même si Domino a du se frotter les mains) car si de légères ressemblances existent, on ne tape pas vraiment dans la même catégorie.
Car cet album est bien trop propre, trop lisse ; il appuie sur tous les bons boutons (et on essaye de nous faire croire qu'elle a tout décidé toute seule malgré la présence d'un « grand » producteur !), ceux qui ont permis de tant faire parler de lui. Un disque impeccablement pensé et produit, mais creux, si creux... Mais où est la personnalité de la dame ? Quelles émotions cherche-t-elle à faire passer. On en saura rien pour cette fois. Reste un produit facilement vendable et absolument pas désagréable dont on peut comprendre qu'il plaise, mais pas qu'il passionne. Il apparaît tellement moyen à votre serviteur, qu'il ne peut pas lui mettre la moyenne. À défaut de pouvoir lui mettre un 4.9, on arrondira donc en dessous...
lyle
C'est de trop écouter de disques, sans doute, et l'on n'y comprend plus rien. Toujours les deux mêmes noms, lâchés au sujet d'Anna Calvi, deux noms qui, à nos yeux, n'ont pas le moindre début de rapport avec sa musique. Anna Calvi est une crooneuse qui se situe quelque part entre Simple Minds et... Texas (l'horripilant et désolant 'Desire') On comprend vite l'agrément de ces morceaux, et constate un savoir faire évident. Voilà un disque pas mal foutu, certainement pas au point de mériter autant de couvertures de magazines, mais peu importe, grand bien lui fasse.
Car comparé à beaucoup de niaiseries ou de disques inaboutis, Anna Calvi s'en tire joliment. On aimerait la voir seule à la guitare, débarrés de ces trop d'arrangements, de ces trop de petits trucs de studio qui épatent la galerie (le son de batterie envahissant qui ouvre 'Suzanne and I'). On aimerait plus de vérité et d'engagement, pour voir si derrière les traits angéliques se cache un peu plus que du talent, mais aussi un vrai caractère.
Pour l'instant, on voit une artiste encore trop sage et trop inégale pour empêcher qu'on s'interroge, et surtout trop pour qu'on l'encourage.
arbobo
Anna Calvi ou l'histoire d'une fulgurante ascension. Celle d'une belle jeune femme à la voix rocailleuse sur scène et d'ange en dehors. Une anglaise qui aura mis beaucoup de monde à ses pieds, de Bill Rider-Jones (Coral) à Brian Eno («the biggest thing since Patti Smith», c'est de lui) en passant par Nick Cave ou… Karl Lagerfeld (oui, ça vaut ce que ça vaut).
Signé par Domino Records (label à l'éclectisme sûr), Anna Calvi connaît depuis quelques mois une trajectoire médiatique invraisemblable. Aussi bien à cause de sa jolie frimousse, des éloges des glorieux anciens que de son premier album, simplement intitulé Anna Calvi (un jour on interdira aux groupes le fait de ne pas donner un vrai nom à leur album).
Car son premier disque, vu que c'est de cela dont il est question ici, a du coffre, du chien. En basant ses compositions sur sa guitare électrique qu'elle malmène plutôt bien et en y extirpant des mélodies pour certaines entêtantes, Anna Calvi rappelle ici les fantômes de PJ Harvey (la mise en boite de l'album par Rob Ellis, un des collaborateurs attitrés de Polly Jean aide bien) et de Patti Smith. Mieux, elle arrive par quelques accords de guitare à faire revivre un instant Jeff Buckley (sur 'The Devil' notamment). Mais c'est surtout Chrissie Hynde qu'elle évoque. Anna Calvi possède le même timbre de voix, la même façon de chanter et la même propension à aller flirter vers un je-ne-sais-quoi d'FMisant, pas toujours bienvenu de la patronnesse des Pretenders.
Sachant susurrer ses paroles autant que les hurler (mais sans jamais tomber dans l'excès et la geignardise), possédant un joli talent d'écriture, Anna Calvi est sans nul doute une artiste à suivre. Son premier album n'est pas extraordinaire certes mais il est vraiment solide pour un premier jet. Et son rock romantique et sombre promet beaucoup pour les disques qui viendront derrière. Certes la hype est démesurée. Mais que peut-elle bien y faire? Et puis, à choisir, je préfère qu'Anna Calvi, qui a, quoiqu'on en dise, un vrai sens artistique, truste le haut des hits parades (indé) que n'importe quelle bouse déjà formatée et prémachée. Analyse simpliste certes mais sincère.
-Twist-
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09:40 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Je l'ai mis en fond sonore pour publier, et tu as tellement raison, arbobo, 'Desire', quelle purge ! ('Morning Light' c'est bien aussi dans le "genre"...)
Écrit par : lyle | 23/02/2011
Répondre à ce commentaireBill Ryder-Jones EX-The Coral.
Tout s'explique, merci Twist :-D
Écrit par : Thomas | 23/02/2011
Répondre à ce commentaireC'est sûr qu'un mec qui a participé à The Coral ne peut pas avoir bon gout... :-)
Écrit par : lyle | 23/02/2011
uh uh ^^
lyle, en fait comme toi si on utilisait la virgule je lui aurais mis 4.5, mais rien que Desire déjà ça mérite qu'on la saque un brin, alors hop, en-dessous de la moyenne.
quelle purge, comme tu dis...
Écrit par : arbobo | 23/02/2011
Répondre à ce commentaireSalaud ^^
Écrit par : Thomas | 23/02/2011
Répondre à ce commentaireAh ! Ça fait plaisir... Moi non plus, je ne comprenais pas trop l'emballement entourant Annie Calva, aimable rockeuse sans alcool (attention, toutefois, l'excès d'eau tue aussi, n'est-ce pas, Jeff B...).
Je remarque toutefois que les textes de Lyle et Arbobo sont quand même surtout écrits en réaction à cette hype justement... Le disque reste plaisant, un cran au-dessus du lot, la pochette est jolie. Et puis... Et puis, rien...
Écrit par : Ska | 01/03/2011
Répondre à ce commentaireJe ne parle de la hype qu'un paragraphe sur trois, hein... :-)
Et finalement entre ton "aimable rockeuse sans alcool" et ma "petite église gothique de province" on n'est pas si loin l'un de l'autre.
Mais rien, comme tu dis !
Écrit par : lyle | 01/03/2011
ska, pareil que toi pour la qualité du contenu,
mais concernant la hype, ce qui m'agace là-dedans n'est pas son succès, elle ou un-e autre peu importe, mais 10 fois sur 10 on parle de jeff buckley et pj harvey, j'ai beau chercher, à part de temps en temps une mesure par ci par là, je trouve ça tellement inédéquat que je ne comprends toujours pas, d'une, et que je trouve que ça induit en erreur sur le style de sa musique. donc oui, un passage là-dessus, pas à cause de la hype en soi mais là c'est un désaccord musical :-)
Écrit par : arbobo | 01/03/2011
Répondre à ce commentaireJe suis bien d'accord avec Bobo.
On pense bien plus souvent à Siouxsie qu'à PJ ou Buckley.
Dire ça doit être moins vendeur...
Écrit par : Thomas | 01/03/2011
Oui, Siouxsie, tout à fait d'accord...
D'ailleurs j'avais écrit sur le single : "mais la faisant passer pour une Zola Jezus Light, soit une Siouxsie Zero (remplacez Siouxsie par PJ Harvey si vous préférez)"...
Écrit par : lyle | 02/03/2011
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