The Delano Orchestra - Now That You Are Free My Beloved Love
Label : Kütu Folk Sortie : 14/10/10 Format : CD Disponible : Partout |
Difficile de parler d'un album qu'on considère comme une déception. D'ailleurs après nombre de passages sur la platine, j'hésite encore à parler de déception. Et il m'a emmené à me poser une question : à partir de quand peut-on parler de déception pour un disque ? Quand un groupe qu'on adore sort une galette juste sympa ou qu'un groupe sympa sort une bonne grosse bouse ? Certes... mais peut-on parler de déception quand un groupe sympa sort un nouvel opus... sympa ?
Parce que reconnaissons-le bien, malgré toute l'estime qu'on a pour The Delano Orchestra, il semblait bien devoir devenir un de ces combos alignant les 7/10, ces disques solides et bien faits, suffisamment personnels pour ne pas être ranger dans les habiles faiseurs ou copieurs et assez variés pour ne jamais lasser, mais jamais assez brillants pour se voir ranger dans les indispensables. Le groupe clermontois semblait avoir trouvé sa voix en mêlant avec une certaine maestria folk intimiste et post-rock d'ambiance genre Sigur Ros. Une belle formule bien efficace. Il a décidé de la briser.
Et forcément, si l'on aurait crié à l'abus de formule désormais trop rodée et redondante en cas de redite, on va un peu hurler à l'inutile changement de son. Alors reconnaissons aux Delano le courage non seulement de s'être aventuré dans de nouveaux territoires mais aussi de l'avoir fait sans filet en une seule prise, et penchons-nous sur le nœud du problème : on s'emmerde un peu trop souvent à l'écoute de Now That You Are Free My Beloved Love (dont le packaging est comme toujours superbe avec Kütu Folk) quand on n'oublie pas carrément qu'on est en train de l'écouter, ce qui avouons-le est rarement bon signe.
Pas que les morceaux soient mauvais, loin de là. Des titres comme l'introductif 'Not an Ending' sorte de Pavement sous Hélium ou le joliment poppy et très musclé 'Modest Life', non seulement changent de l'ordinaire mais font partie des grandes réussites du groupe. Malheureusement, entre les deux, l'intérêt s'étiole. Ne pouvant sans doute se permettre avec l'enregistrement live les mêmes effets sonores (et cherchant sans doute à faire autre chose), les morceaux sont plus bruts, plus directs. Ils ne sont malheureusement pas d'un intérêt notable, en particulier quand le groupe ralentit le rythme et que l'impression de vide gagne lentement. Et la trompette lasse très très vite...
Et puis il y a les trois morceaux après 'Modest Life' et là, difficile de ne pas décrocher, comme le type épuisé luttant vainement contre le sommeil. 'Dyin alone' est une longue et mortellement ennuyeuse marche mortuaire. 'Fucked Up' un titre de post-rock lent et épuré particulièrement inoffensif. Quand au 'Now That You Are Free My Beloved Love' final, il fait penser au slowcore d'Arco (grand groupe méconnu) étiré à l'infini... Le groupe a-t-il essayé de faire un disque "cinématographique" ? De raconter une histoire ? Difficile à affirmer, mais ce n'est en tout cas pas une franche réussite, quelques fulgurances ne faisant pas oublier les longs moments d'ennui.
Bon, un 6 alors, parce qu'il y a trop d'idées et de qualité pour mettre moins, ce qui est finalement bien une déception, même légère, pour un groupe qu'on croyait abonné aux 7. Mais au vu de sa productivité, des nombreuses pistes ici esquissées et de son désir de ne pas stagner, on est persuadé que The Delano Orchestra va nous réserver d'excellentes surprises dans les années qui viennent.
lyle
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19:10 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
"on s'emmerde un peu trop souvent à l'écoute de Now That You Are Free My Beloved Love quand on n'oublie pas carrément qu'on est en train de l'écouter, ce qui avouons-le est rarement bon signe."
tout à fait d'accord. Ce qui pour moi marque une vraie déception, tant j'avais adoré le précédent. Plus grave, ce disque lasse un peu plus à chaque écoute. Les premières fois, je l'avais meme trouvé pas mal, avant d'avoir un doute, puis hélas de ne plus en avoir du tout....
Écrit par : Xavier | 16/02/2011
Répondre à ce commentaireContrairement à beaucoup, je crois, j'aime celui-ci autant que les deux précédents. Peut-être même, bizarrement, un peu plus que les deux autres. Parce qu'il y a ici la tension du live, parce qu'il est plus direct, plus âpre, plus homogène surtout. Moi doux et moins "joli" aussi. Et enfin, sans doute, parce que le spectre de Sparklehorse s'est un peu éloigné...
Écrit par : Ska | 16/02/2011
Répondre à ce commentaireAprès 2/3 écoutes, je lui aurais mis 4 ou 5 mais je l'ai apprivoisé un peu et il y a vraiment quelques bons passages (mais malheureusement aussi d'autres totalement soporifiques...)
Écrit par : lyle | 19/02/2011
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