The Residents - Not Available
Label : Cryptic Corporation Sortie : 06/01/11 Parution originale : octobre 1978 Format : CD / LP / MP3 Disponible : Partout
|
Que dire lorsque l'on tombe nez à nez avec l'album le plus bizarre d'un groupe déjà expert en bizarrerie ? Sans le moindre doute, Not Available relève de l'expérience sensorielle (et psychiatrique ?) au moins autant que musicale ; un trip exotique (parfois) et psychédélique (souvent) en cinq étapes difficilement descriptibles et plus abordables au casque, reclus dans un coin tranquille. Comme un genre d'anti-album ambient, planant mais nécessitant disponibilité et concentration ; perclus de trouvailles pop improbablement dissimulées derrière les nappes synthétiques et les nuages d'une pollution d'un nouveau genre.
L'histoire même de Not Available confine à la plus élémentaire bizarrerie. Genre d'addendum à Meet the Residents (le mythique premier album), enregistré en 1974 dans un quasi-autisme, suivant la fumeuse « théorie de l'obscurité » du non moins fumeux N. Senada, l'album a ensuite pris la poussière dans un carton pour l'unique raison que le groupe trouvait que c'était mieux comme ça, avant d'être finalement édité vite fait bien fait quatre ans plus tard, coincé entre deux géniales monstruosités (Duck Stab! et Eskimo). Dix ans après, le voici réédité dans une version augmentée bluffante... pour finalement ressortir aujourd'hui en version longue, c'est-à-dire avec le tracklisting d'origine (six titres en moins par rapport à l'édition de 87, tout de même), quatre parties et un épilogue, dont plusieurs allongées par rapport à la durée de 1978. Ce n'est plus de la musique : c'est du cinéma ; plus un album, mais un DVD/Blu-ray en édition Director's Cut.
Et de fait, on est parfois tout près du septième art. Not Available revêt par un instants un côté cinématique fascinant, avec dans ce genre une mention toute spéciale pour 'The Making of a Soul', qui avec ses cuivres de porno soft et ses breaks cabarets a un faux air de Twin Peaks auditif. Le second degré inhérent à l'œuvre de Lynch est d'ailleurs tout à fait adapté à l'univers développé ici par des Residents en pleine euphorie créative, pour qui le terme avant-garde n'a sans doute jamais été aussi bien choisi. Ainsi en fermant les yeux entend-on ici ou là successivement les futurs travaux les plus branques de Tom Waits, la folk apocalyptique de Current ou des embryons d'Angels Of Light. En 1974 ! Même Tricky apparaît en filligrane sur 'Ship's a'Going Down'. Ce n'est plus du pif, c'est carrément de la musique d'anticipation. A se demander comment ce disque n'est pas plus connu, qui pour éprouvant qu'il puisse paraître à la première écoute (difficile dans un premier temps de l'écouter d'une traite sans avoir l'impression de subir une overdose forcée) dévoile, sur la durée, un fourmillement d'idées d'une singularité stupéfiante.
Thomas
|
21:05 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Le truc c'est que c'est loin d'être le plus bizarre des albums des Residents. C'est même un des plus abordables.
Écrit par : KMS | 05/02/2011
Répondre à ce commentaireMoi qui ne savais pas qu'il y avait un nouveau Residents, maintenant, je le sais!
Écrit par : mmarsupilami | 05/02/2011
KMS >>> moi je le trouve tout de même super bizarre, au sens où il part quand même dans tous les sens (encore plus que les autres). Quant à l'accessibilité, je ne crois pas avoir écrit le contraire, si ? ^^
Marsu >>> "nouveau" ?
Écrit par : Thomas | 06/02/2011
Répondre à ce commentaireJ'ai découvert et j'ai aimé!
Écrit par : lucien | 08/02/2011
Répondre à ce commentaireLes commentaires sont fermés.