Wire - Red Barked Tree
Label : Pink Flag Sortie : 17/01/11 Format : CD / LP Disponible : Partout
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Le verre posera toujours problème. Ni plein ni vide. Celui-ci n'a pas de traces de doigts ni de rouge à lèvre, c'est louche. Car pourtant il est à moitié vide. Alors, Vittel ou grand cru cette fois-ci ?
On peut se dire que si le verre est vidé de moitié, c'est... parce qu'on a déjà bu le reste. En l'occurrence on se gourre un peu dans les proportions car le meilleur était hier. On ne commet pas un coup de génie comme 'the fly' sans laisser quelques souvenirs béats. Et on ne claque pas un album comme 154 sans qu'un come back ne devienne un risque. La belle époque, trois albums impeccables, c'était il y a déjà plus de 30 ans. Puis 8 nouveaux albums depuis 1987, et donc un douzième à présent.
Comparé au nouveau Gang of four avec qui ils se tiraient la bourre à la grande époque, Red barked tree a de l'allure. Il tient la route comme album et on n'a pas honte pour eux. Evidemment ce chant trafiqué, c'est dommage. Effectivement, le tempo a diminué et on ne s'attend pas à transpirer la prochaine fois qu'on les verra sur scène. Mais il y a des morceaux et ils sont bien foutus. Un reproche pourrait pointer le nez, cette tendance à la dispersion qui nuit à tant de disques. Oui, mais... les meilleurs albums de Wire, ceux qui ont établi leur réputation, avaient déjà cette marque, cette tendance à piocher chez leurs contemporains, à l'opposé de l'identité nette et précise de GoF. Même si on ne s'attendait pas à entendre quasiment du My bloody Valentine sous tranxène sur 'Adapt'. En 1987, ils empruntaient à the Cure et au meilleur de Minimal compact, et Depeche mode, sur le même album! Mais ils avaient conservé un côté accrocheur dans les années 80 ('It's a boy', par exemple), bien que de plus en plus noyé dans des claviers et un chant douteux. Chant du cygne, car dès 1990 ils se trompent de décennie, ne savent plus si ce qu'ils écoutent est "in" ou "out", intéressant ou chiant, or ce groupe se nourrit avant tout de ce qu'il écoute. Douze ans de break attestent qu'ils finirent eux-même par s'apercevoir que cette caricature jeuniste ne les menaient nulle part, avant un rebond spectaculaire et rageur dans le nouveau millénaire. Comparé à Object 47 auquel il succède, Red barked tree est bien foutu et évite les fautes de goût. C'est déjà pas mal. On ne nous rendra pas le grand Wire des années 70, mais celui-là il suffit de s'en procurer les disques. Wire semble avoir appris à assumer son âge et ne plus courir après le public de 20 ans. A tout point de vue, c'est très honnête.
arbobo
Il y a des groupes qu'on ne peut juger qu'à l'aune de son vécu, de son histoire avec eux, pour lesquels il est totalement impossible d'être un minimum objectif tellement nos rapports sont épidermiques. Et pour moi, Wire fait partie de ceux-là. La découverte du groupe fut un peu comme le premier contact entre les chrétiens dans l'arène et les fauves : j'en sortis dépecé, déchiré, éreinté, déchiqueté... (oui, à la différence des chrétiens, j'ai eu la chance de pouvoir retenter l'expérience). Voilà un groupe qui n'avait pas besoin de tous les excès de façade du punk pour être violent, malsain, hypnotique... bref prendre aux tripes comme personne d'autre sans jamais perdre de vue l'essentiel : écrire de putain de bonnes chansons. Les maîtres-étalons du post-punk, en sorte.
Des années plus tard, nous avions vieilli, eux et moi. La suprise n'était plus là, on était familier d'un groupe ayant pourtant l'habitude de ne jamais aller là où on l'attend. Et même sur les derniers albums par forcément bien reçus par la critique, nos rapports tenaient un peu de celui du dompteur et de ses fauves : on les contrôle à peu près, mais on n'est jamais à l'abri d'un bond ou d'un bon coup de griffe totalement inattendu des bestiaux ; le truc qui vous laisse seul face au danger, prêt à déguster... Jusqu'à Red Barked Tree. Là, j'ai longtemps hésité sur comment poursuivre la comparaison : vieux fauve édenté ou jeune chaton inoffensif. Si je penche finalement pour la deuxième solution, c'est que si le Wire nouveau a encore la capacité à mordiller gentiment ou à vous griffer sans même le faire exprès (sur 'Moreover' par exemple), il n'a plus la masse capable de vous dominer, de vous impressionner, d'appuyer là où ça fait mal... Bref, le nouveau Wire est... mignon, qualificatif qu'on aurait préféré ne jamais employer pour un tel groupe ; totalement inoffensif et extrêmement fade.
Le pire ? C'est que pendant des années, on a écouté plein de jeunes gens en se disant :"ah les salauds, c'est bien fait, mais qu'est ce qu'ils ont piqué à Wire !" (toute ressemblance avec un groupe commençant par El et finissant par ca est purement fortuite). Et là on réécoute Red Barked Tree et sur tel morceau, on se dit "ça ressemble quand même vachement à du Art Brut, ça... en moins bien". Alors, si cela avait été le premier album d'un tout jeune combo, on aurait sans doute fait preuve de mansuétude, excusé les ressemblances et le côté je pique un peu partout (ce qu'à toujours su faire discrètement le groupe), et mis un 5 ou un 6, parce qu'il y a de bons titres, 'Now was' ou 'Smash' en particulier (mais aussi des affreux genre 'Bad Worn Thing'). Mais c'est Wire. Et on n'attendait pas ÇA de Wire.
lyle
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17:25 | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
Je n'irai pas aussi loin que Lyle dans la critique (la mienne est également imminente). Je rejoindrai plutôt Arbobo (même s'il y a une petite coquille : 1977 pas 1987).
Ceci dit, depuis que je prépare ma propre chronique, je réfléchis à une chose : est-ce que des groupes comme Wire, Swans et Gang of Four étaient si connus que ça à leur première époque? J'ai envie de dire que non mais avec beaucoup de conditionnel. Et je ne trouve pas de moyen de le vérifier objectivement.
Dans le même ordre d'idées, mais là, j'en suis certain, Joy Division n'était pas si connu que ça. Même des initiés...
Et pour conclure, ça ne m'empêchera pas d'aller les voir Wire! Je les ai vus au Pukkelpop en 2003 je crois et c'était un magnifique pogo de tonsures et cranes chauves (je sais, je l'ai déjà dit ailleurs)...
Écrit par : Mmarsupilami | 31/01/2011
Répondre à ce commentaireLes charts anglais sont un indicatuer intéressant : Wire et Gang of Four faisaient moins bien que les Undertones ou les Buzzcocks (qui étaient tout juste top15 a priori). Swans étaient sans doute encore plus "marginaux".
Wire passe au point FMR à Paris, c'est complet, et vu le son dans la salle, ça sera sans moi...
Écrit par : lyle | 31/01/2011
non non mmarsu, je parlais bien de leur album de 1987, celui qui inaugure leur 2e période :-)
pour le son du point fmr, lyle, il dépend d'une seule chose, l'ingé son, j'y ai parfois entendu un son très fin et précis, parfois de la soupe. bref c'est Paris, quoi, on sait combien on paie mais on ne c'est qu'après quel son on a.
Écrit par : arbobo | 31/01/2011
Répondre à ce commentaireAh oui, mal lu!
;-)
Écrit par : mmarsupilami | 31/01/2011
Quel que soit l'ingé son, le son y est toujours beaucoup trop fort (l'absence de voisinage ?) à mon goût.
Écrit par : lyle | 31/01/2011
Putain mais regardez-moi ces pépés qui dissertent sur le bon vieux temps de Wire, et qui finissent par se plaindre du volume des concerts ! Si c'est pas malheureux :-))
Sinon ce Wire est juste insipide, comme le précédent. Pas indigne, juste quelconque, ce qui est d'autant plus dommage qu'on ne peut pas reprocher grand-chose au groupe jusqu'à Send. Là franchement, bof, d'autant qu'il survient - je m'étonne qu'aucun de vous n'ait relevé ça - après trois années où on a été totalement overdosé de post-punk, à un point même pas supportable. Swans l'an passé rappelaient à leurs suiveurs qui étaient les patrons, Wire eux, ils rappellent juste qu'ils sont vieux. Ce qui est toujours mieux que Gang of Four, qui eux rappellent qu'ils sont moisis.
Écrit par : Thomas | 01/02/2011
Répondre à ce commentaireSeulement 3 années ? Depuis l'arrivée de Franz Ferdinand et Interpol, le nombre de groupes faisant du "post-punk" (souvent de loin par temps de brouillard (logique, non ?) quand même, hein !) est considérable...
Écrit par : lyle | 01/02/2011
Ah mais si en fait Lyle en a vaguement parlé.
Désolé, c'est ce qui arrive quand on commente des heures après voir lu l'article.
Écrit par : Thomas | 01/02/2011
Répondre à ce commentaireExcuses acceptées :-)
Écrit par : lyle | 01/02/2011
Ce sont les deux du Muppet Show?
:-D
Écrit par : Mmarsupilami | 01/02/2011
Répondre à ce commentaireMais merci à eux, hein... plus je vieillis, plus j'ai besoin de me rassurer sur ma jeunesse :-)
Écrit par : Thomas | 01/02/2011
Répondre à ce commentaireTu as du bol, moi rien ne peut plus me rassurer sur ça...
Écrit par : lyle | 01/02/2011
m'en parle pas, faut que je mette ma ceinture gibaud et mes double-foyer pour écrire mes critiques
Écrit par : arbobo | 01/02/2011
Répondre à ce commentaireTa ceinture quoi ?
Putain, t'es vraiment vieux, on n'a pas du tout les mêmes références :-))
Écrit par : Thomas | 01/02/2011
Répondre à ce commentaireDu respect pour les anciens, jeunot !
Écrit par : lyle | 01/02/2011
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