Dans le mur... du son !

Label : Rotodisc

Sortie : 07/06/10

Format : CD

Disponible : Import

Pour une fois commençons par la fin (ce que personne ne fait bien entendu...) avec le bilan chiffré. Oui, The Magic Theatre reçoit la note maximum, jusqu'ici plutôt chichement distribuée et habituellement réservée en ce lieu soit à quelques chefs d'oeuvres réédités (et merveilleusement évoqués par Thomas) soit à quelques nouveautés universellement saluées par la critique (et Erwan). Or nous allons parler d'un groupe de has-been (et encore, la célébrité d'Ooberman a été brève et toute relative) sortant un disque sur son propre label. Mais un disque n'ayant cessé depuis maintenant un an (le groupe avait mis quelques exemplaires en prévente Noël dernier, comme le temps passe...) de séduire, de ravir, bref d'enchanter votre humble serviteur au point d'en faire un de ses disques majeurs de ces 10 dernières années.

Ce changement de nom (Sophia Churney et Dan Popplewell auraient sans doute pu garder celui d'Ooberman) aurait dû nous mettre la puce à l'oreille : nous ne sommes pas ici en face d'une énième tentative de se refaire une virginité (nous jetterons un voile pudique sur les groupes ayant fait ce genre de chose...) mais d'un réel nouveau projet justifiant pleinement son nom. Tout depuis la pochette jusqu'aux vidéos illustrant toutes les chansons en passant par le magnifique booklet contribue à nous faire entrer dans ce Théâtre Magique : que le rideau s'ouvre, et que le spectacle commence. Car s'est bien de spectacle qu'il s'agit avec cette histoire d'amour au milieu d'un voyage temporel. Mais que les plus réfractaires à l'idée d'album-concept se rassurent, non seulement il n'est pas indispensable de s'attarder sur les textes et d'aller voir les vidéos (il serait néanmoins dommage de s'en priver) pour ressentir cette balade à travers les époques mais en plus chaque morceau pris individuellement est tout à fait merveilleux, dans tous les sens du terme.

Si Danny et Sophie avaient déjà fait preuve par le passé de leur passion commune pour une certaine pop orchestrale héritée des 60's (il suffit d'écouter leurs deux plus gros "tubes" 'Shorley Wall' et 'Blossoms Falling' pour s'en convaincre), ils n'avaient jamais touché ainsi du doigt la perfection. Chaque titre fait preuve d'une mélodie fine, légère et délicate, magnifiée par des arrangements somptueux dont on se demande comment le duo a réussi à les bricoler lui-même et sans argent (grâce au boulot de Danny apparamment...). On connaît bien des groupes plus célèbres qui se damneraient pour obtenir des violons aussi sensibles, capables de donner une ambiance bucolique, mélancolique ou légèrement orientale. Chaque morceau offre ainsi son univers, dont on pourra profiter seul, ou dans le cadre de l'histoire principale qui s'offre à nous tels un de ces vieux films aux couleurs un peu passées venus d'un temps où la vie semblait moins pesante et bien plus facile (mais ce n'est pas pour autant que l'histoire finit bien...). Et cela ne forme pas juste la musique de ce film, non, nous avons ici le film avec sa B.O...

Et le lecteur de s'offusquer peut-être de l'attribution de la note suprême à un simple disque passéiste. Parce que, honnêtement, le dernier groupe à la mode encensé par les sites et magazines possède-t-il vraiment une quelconque originalité autre que de façade saupoudrée de pseudo-expérimentation et de prétention puante ? London Town est peut-être classique, il est peut-être léger mais il vous fera encore rêver après une cinquantaine d'écoutes, tel un Capra musical des temps modernes. Ce n'est sans doute pas un chef d'oeuvre absolu de la musique, mais il aura été l'album que j'ai le plus écouté cette année et fera partie de cette poignée de disques que je chéris plus que tout et réécoute très régulièrement. Et son unique défaut est finalement de ne pas être fourni avec le DVD des vidéos...

lyle

http://www.myspace.com/themagictheatre