Dans le mur... du son !

Label : RCA

Sortie : 30/06/10

Format : CD

Disponible : Import

Drôle de destin que celui des suédois de Kent. Annoncé comme un futur grand à la fin des 90's par son label qui cherchera à le lancer à tout prix aussi bien chez nous (on se souvient de concerts pleins dans des salles alors pas si faciles à remplir pour les groupes "indés") qu'en Grande Bretagne ou Outre-Atlantique, le groupe ne percera jamais vraiment et se "contente" depuis une décennie de cartonner dans sa langue d'origine (finies les traductions pour l'international) dans toutes la Scandinavie avec des albums arpentant les différents courants de l'indie rock et touchant, parfois au sublime (Du & jag döden fut une sacrée claque), le plus souvent à une certaine banalité.

Ce fut cependant une grosse surprise de voir arriver ce neuvième album studio, seulement six mois après un prédécesseur, Röd, qui avait déçu en se vautrant un peu trop dans le disco-rock. Pas que le groupe fut étranger au genre, 'Music Non Stop' qui reste un de leurs plus gros succès, il y a dix ans déjà, en était un parfait exemple réussi. Mais là, il manquait quelque chose. Trop propre. Trop produit. Trop fade. Aussi était-il un peu inquiétant de voir le groupe repartir en studio, surtout en sachant qu'une partie des titres seraient des recalés de Röd. C'est sans doute pour cela qu'on a hésité et tardé à se procurer l'album (les imports suédois ne sont pas donnés...). On avait, du moins partiellement, tort.

En plats i solen ("une place au soleil" paraît-il) est nettement plus convaincant, sans doute parce que l'astre est déjà en train de se coucher et que la fraîcheur de l'obscurité s'est insidieusement diffusée. Finies la fête et la techno survitaminée, on est plus ici dans la ballade électro-rock un peu nostalgique de la chaleur et des rythmes passés et ce dès un très réussi 'Glasäpplen' d'introduction. Même quand les beats s'accélèrent ('Ismael', 'Team Building'), un côté sombre et menaçant  reste toujours présent, transformant le moindre titre d'apparence festive comme 'Skisser för sommaren' en quelque chose d'un peu glauque, comme une gueule de bois de lendemain de soirée. Et cela sied parfaitement à la voix de Joakim Berg, incomparablement préférable dans sa langue d'origine que sur les albums anglicisés.

Oh, tout est loin d'être parfait. 'Minimalen' a tout du mauvais morceau de discothèque, trop facile et racoleur. 'Varje gång du möter min blick' est excessivement sirupeux dans l'orchestration. Et puis Kent reste ce groupe un peu symbole malgré lui d'une musique indie / alternative qui n'en a plus que le nom (surtout vu le label...) et ne prend aucun risque. Un groupe de musiciens et de mélodistes accomplis qui débitent trop souvent à la chaîne, mais avec un savoir-faire indéniable, des morceaux finalement tout aussi calibrés qu'un artiste de pop mainstream. Plus brut et direct que son prédécesseur (grâce à un enregistrement beaucoup plus rapide ?), En plats i solen est un album agréable mais oubliable, loin des rares moments de bravoure d'un groupe dont on préfère quand il abandonne son côté pépère et gestionnaire.

lyle

http://www.myspace.com/kentsweden