album198-donovan quinn & the 13th month-your wicked man : Dans le mur... du son !

Donovan Quinn & the 13th month - Your Wicked Man

Label : Shrimper / Soft Abuse

Sortie : 03/08/10

Format : CD / LP

Disponible : Import

Le terrible dilemme du chroniqueur dilettante : devoir choisir entre les 35 albums en retard parmi ceux à chroniquer... Le "difficile" mais néanmoins deuxième album d'un groupe français populaire (excellent pour les stats ça, coco) ? Un des groupes de has-been ayant sorti un nouvel album (du tout pourri au super bon) après une décennie d'absence ? Un tout nouveau combo briton de rock à jupette tout en urgence ? Le groupe australo-français chouchou ? Le nouvel EP d'un des groupes anglais les plus aimés des ricains ? (Cette review est interactive, il faut retrouver qui est qui en com, le vainqueur reçoit toute l'admiration de son rédac'chef préféré). Bon, allez, on va choisir Donovan Quinn & the 13th month finalement !

Il faut dire que ça va être facile là : voilà ce à quoi pourrait ressembler un disque de Pete Doherty essayant de faire du Nick Cave. Ou du Leonard Cohen. Vous me dites qu'il a déjà essayé avec Grace/Wastelands ? Non, il n'a pas essayé, il a échoué... Pour ceux qui ne connaitraient pas Donovan Quinn (on les excusera), c'est une moitié (fraction approximative) des Skygreen Leopards et ce Your Wicked Man est son deuxième opus solo enregistré avec son treizième mois chez qui on note le Papercuts Jason Quever. Quoi de neuf depuis un Donovan Quinn & the 13th month dont on parla en un autre lieu ?

Pas la pochette, en tout cas, toujours dans le genre dépouillé tribal sans même le nom ou le titre dessus (c'est peut-être artistique mais c'est pas super-commercial, mon gars...). Musicalement, rien de révolutionnaire non plus, mais il faut dire que quand on est le fils de son père (d'après le label, Dave Carter, celui de Country Weather (entre autres), pas celui qui est plus connu), on reste méchamment dans une tradition classique, vieille de 40 à 50 ans. Non, rien de neuf en fait, mais la même chose en mieux, ou en plus abouti. Les coups de crayon ont laissé la place à la toile définitive.

Le chant est toujours aussi cool et nonchalant, trainant joliment sa mélancolie (il est délicieusement english, so shocking de la part d'un ricain) mais il a pris une assurance et une profondeur insoupconnées, qui lui permettent d'atteindre des registres bien plus touchants (voir en particulier 'Your Wicked Man'). Les textes font preuve aussi d'une certaine maturité, à la fois relativement poétiques et abstraits, mais capable de toucher la corde sensible de nos petits problèmes et questions quotidiennes. Le progrès principal reste dans l'instrumentation, maintenant totalement débarassées des scories psychés. Réduite à sa plus simple expression, elle aide à créer des mélodies fines et légères, esquissées par une guitare acoustique ou/et un piano. De la bien belle ouvrage, créant une toile rêveuse et douce-amère, dans laquelle on se laisse attraper avec délices.

Le meilleur album de singer/songwriter de l'année ? Pas loin, il manque juste un peu deux petites choses qui feraient toute la différence : un peu de diversité dans les rythmes (seul l'excellemment nommé 'Sylvia and the gremlins' part vers des rivages un peu plus péchus) et les ambiances, un peu trop scotchées sur le bouton "doucereusement gris", ainsi que le petit supplément de personnalité, ce petit truc indéfinissable qui est la marque des grands. Reste un fort bon disque, à même de satisfaire les plus exigeants amateurs de songwriting "classique".

lyle