Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

 

Arab Strap - The Weekend Never Starts Round Here / Philophobia

 

weekend.jpg

Label : Chemikal Underground

Sortie : 23/08/2010

Parutions originales : novembre 1996 et mai 1998

Format : 2CD

Disponible : Import

philophobia.jpg

 

 

C'était au milieu des années quatre-vingt-dix, autant dire il y a une éternité. Un peu paumés, les intellos neurasthéniques ne savaient plus à quels saints se vouer et décidaient alors, dans un élan d'enthousiasme ne leur ressemblant guère, de placer leur avenir - sinon celui du rock tout entier - entre les mains d'une bande de dépressifs encore plus neurasthéniques qu'eux, genre de super-corbeaux jouant une musique super-désespérée dans leurs deux-pièces-cuisine, le plus souvent soit au fin fond du trou-de-balle de l'Amérique, soit dans une petite ville britannique où il pleuvait tout le temps. Dans le genre, on pouvait difficilement faire mieux (enfin : pire) que Falkirk, en Ecosse, petite bourgade charmante (j'y suis déjà allé, je vous assure) au climat un peu douloureux pour les étudiants en art plastique. On ne sera donc pas surpris qu'Arab Strap ait rapidement préféré jouer un post-rock lent et sinueux plutôt que de la surf music, genre pourtant ô combien respectable, que les intellos neurasthéniques n'ont jamais vraiment compris.

 

Bon... on rigole, on rigole, mais les deux premiers albums d'Arab Strap sont bien évidemment des merveilles, sorte d'apogée de la mouvance post-rock (euh non : slowcore... enfin sadcore... enfin post-folk... enfin on n'a jamais trop su, donc disons post-rock), qui si elle ne tint aucune de ses promesses (le rock ne fut pas sauvé et ses interprètes ne se suicidèrent jamais) persiste à tenir la dragée haute au rock mélancolique d'aujourd'hui. On ajoutera même avec une pointe de mauvaise foi que finalement, l'époque où Radiohead n'avait pas encore complètement confisqué le marché des intellos neurasthéniques n'était pas si désagréable.

 

Car Arab Strap, comme quelques élus n'ayant malheureusement jamais su convaincre au-delà d'une poignée d'albums, dégageait une sincérité dans la déprime... une honnêteté dans la torpeur qui, pour un peu que vous ne soyez pas allergiques aux petits amplis et aux voix basses, ne peut que séduire. Arab Strap, à sa manière, réhabilitait l'art de l'émotion pudique, du désespoir tout en dignité, de l'ascèse avec du sens à l'intérieur (une mauvaise langue ajouterait que cela valait mieux, la seule fantaisie de toute l'histoire du groupe - 'General Plea to a Girlfriend' - étant une atrocité à faire passer Daniel Johnston pour un chanteur). Il y avait là une forme de radicalité garantissant à ce groupe qu'il n'aurait : a) aucun succès, b) aucun héritage, c) aucune chance avec Kate Moss même (voire surtout) en donnant son nom à l'une de ses chansons les plus languides.

 

Encore un peu gestation sur son premier album (le néanmoins excellent The Weekend Never Starts Round Here, qui renferme entre autres la sublime 'Blood'), l'art du groupe acheva d'être consommé sur le second, Philophobia, merveille qui fit les belles heures de Matador à l'époque où il était, pour quelques années encore, le label le plus ambitieux de la planète indie. Dès les premières notes de 'Packs of Three', il était évident qu'Arab Strap venait de changer de dimension et que la suite allait être passionnante. Elle le fut, avouons-le, un peu moins que prévu. Mais avoir gravé un disque du niveau de Philophobia ne suffit-il pas amplement à faire de vous un groupe culte, dans une époque en comptant de moins en moins (ou pour être exact : de plus en plus, vénérés par de moins en moins de monde).

 

Les deux albums sont bien entendu réédités dans de superbes packages, assortis cela va sans dire des peel sessions de chaque promo, bonus incontournable depuis la mort du grand John (à se demander si elles ne sont pas toutes devenues libres de droits depuis lors). Précisons-le car c'est assez rare, les prix de ces deux très beaux objets défient quasiment toute concurrence en matière de rééditions, au point qu'on voit mal quelle bonne excuse pourrait trouver un intello neurasthénique digne de ce nom pour ne pas les acheter.

 

Thomas

The Weekend Never Starts Round Here jauge9.jpg

 

 

Philophobiajauge10rouge.jpg

 

 

 

 

 

 

http://www.myspace.com/arabstrapmusic

 

Commentaires

Et ces bonus sont de plus excellents.
(et plus que les premières notes de Pack of three, ses premiers mots sont encore plus marquants : "It was the biggest cock you’d ever seen")

Écrit par : KMS | 02/09/2010

Répondre à ce commentaire

Bien sur d'accord à 100 % avec cette chronique (je plussoie sur Matador). J'ajouterai que bien plus que les Peel Sessions, ce sont les live qui les suivent sur les Cds bonus qui sont passionants...

pour ceux qui ont le courage, j'avais écrit une énorme tartine sur le coffret Scenes of a Sexual Nature, qui comprend entre autres ces deux rééditions:
http://blinkinglights.musicblog.fr/1362369/ARAB-STRAP-Scenes-of-a-Sexual-Nature/

Écrit par : Xavier | 02/09/2010

Répondre à ce commentaire

"...but you've no idea where that cock has been" ;D
(j'ose pas dire que la perche était tendue, mais quand même)

(j'ai dit que la trompette de "The night before the funeral" est triste à pleurer, même si le texte est presque drôle ?)
(...que les arpèges de "Piglet" sont un véritable seppuku émotionnel et auditif ?)
(...que "Afterwards" est un des plus beaux duos homme-femme jamais enregistrés ?)
(...qu'en fait, non, ils ne peuvent pas chanter ENSEMBLE sur "Afterwards", et qu'aussi c'est sans doute la plus belle chanson de cul triste jamais écrite ?)
(...que "New birds" ne donne pas envie de recroiser son ex des années après ?)
(...qu'accessoirement, le texte est magnifique ?)
(...que "Islands" c'est la chanson magique de l'album, le moment d'éternité ?)
(...que "Here we go" plomberait n'importe quel album de pop mélancolique, mais qu'elle filerait presque la pêche sur celui-ci ?)
(...qu'Aidan Moffat est CERTAINEMENT l'un des tout meilleurs paroliers vivants ?)
(...que Malcolm Middleton est d'autant plus déchirant qu'il est économe de ses "effets" mélodiques ?)
(...que "One day, after school" est susceptible de vous coller une boule au bide ?)
(...que les paroles sont toutes écrites dans le livret, d'affilée comme une petite nouvelle, donc vous ne pouvez pas dire que vous ne voyez pas de quoi je parle ?)
(...que c'est difficile de faire un disque plus "à nu" que celui-ci ?)
(...que si ça se trouve, vous y resterez carrément hermétique, parce qu'à aucun moment on ne cherche à vous séduire ou même, vous aguicher ?)
(...qu'on y entre à petits pas, chanson noire et moite après chanson lente et froide, et vous n'oublierez pas de souffler la bougie, merci ?)
(...qu'évidemment ils n'ont jamais pu égaler ce chef d'oeuvre, mais qu'il y a toujours des choses magnifiques sur "Elephant shoe" et "The red thread" ?)
(...et que, mais où avais-je la tête, ça s'écoute la nuit, seul(e), et que comme Gizmo, il craint les lumières trop vives ?)
(bref)

Écrit par : Dahu Clipperton | 03/09/2010

Répondre à ce commentaire

Voilà ce qui s'appelle l'unanimité.

On a tous quelque chose en nous d'un peu neurasthénique et intello ^^

Écrit par : Thomas | 03/09/2010

Répondre à ce commentaire

Oui enfin pour certains, comme moi, c'est surtout neurasthénique en fait...

Écrit par : lyle | 03/09/2010

Répondre à ce commentaire

Je croyais que c'était la misanthropie, ta maladie ? ;-)

Écrit par : Thomas | 03/09/2010

Répondre à ce commentaire

Si seulement je n'en avais qu'une, de maladie...

Écrit par : lyle | 03/09/2010

Répondre à ce commentaire

Dahu, sa maladie ç lui c'est la dahite aigüe.

une maladie orpheline, il est seul à l'avoir mais le pauvre il a pris cher :-/

l'arbobite c'est pas très joli à voir non plus, notez bien

Écrit par : arbobo | 03/09/2010

Répondre à ce commentaire

Arbobo : ^^

Écrit par : Dahu Clipperton | 04/09/2010

Répondre à ce commentaire

Une unanimité de quelques personnes, hélas....

Écrit par : Xavier | 04/09/2010

Répondre à ce commentaire

Les commentaires sont fermés.