Ólafur Arnalds - ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness
Label : Erased Tapes Sortie : 28/05/2010 Format : CD Disponible : Partout | Souvent affublé faute de mieux du qualificatif de néo-classique (d'ailleurs même sur la page d'accueil de son label Erased Tapes) avec des artistes très divers comme Max Richter, Library Tapes ou Hauschka, le jeune et productif islandais Ólafur Arnalds nous a prouvé sur les trois longs EPs ayant succédé à son premier album qu'il ne fallait surtout pas le résumer à ce qualificatif bien trop réducteur et ce deuxième album au titre prometteur avait toutes les chances de le faire passer dans la liste des nouveaux musiciens qui comptent. Alors pourquoi, plus de deux mois après sa sortie, ce disque laisse-t-il un étrange goût dans la bouche digne d'un lendemain de beuverie ?
Tous les ingrédients habituels sont là pourtant : le jeu de piano tout en délicatesse usant subtilement de répétitions et d'infimes variations ; des cordes, violon et violoncelle, brillantes mais jamais tapageuses, rehaussant parfaitement le thème principal ; des compositions fines et affirmées, sans doute les plus sûres qu'il ait écrites jusque-là... Et pourtant ça ne fonctionne pas, ou du moins trop rarement. On se retrouve bien trop souvent avec la même impression que devant ces grands tableaux religieux (néo-classiques justement) peints par les élèves d'Ingres ou de David : on sent la science parfaite du dessin, la maîtrise de la composition apprise chez les maîtres et... toutes les grosses ficelles pour provoquer l'émotion qui du coup ne vient absolument pas.
On attend ainsi une sortie des ténèbres qui nous ferait passer de la noirceur à la joie pour se retrouver la plupart du temps avec une gentillette mélancolie toute convenue qui pourrait facilement glisser vers la musique d'ascenseur si le monsieur n'y prenait garde. Car il use et abuse ici de rapports piano / cordes un peu faciles quand il nous avait habitués justement jusqu'ici à ne pas s'en contenter et à nous proposer plus. On regrette ainsi que clavier, batterie, basse et légers arrangements électro se fassent bien trop rares et trop discrets, car on entre dans une toute autre dimension quand enfin ils tonnent sur un 'Gleypa okkur' qu'on aura attendu cinq morceaux (avec juste un petit frémissement au milieu de 'Tunglið' pour se tenir éveillé) et dans une moindre mesure sur le 'Hægt, kemur ljósið' qui lui succède. Et comme le seul autre morceau sortant du lot est le très Sigurrossien 'Þau hafa sloppið undanþunga myrkursins' final, c'est la déception qui prédomine à l'écoute d'un disque certes techniquement impeccable mais qui laisse froid.
Alors peut-être attendait-on trop de cet album. Peut-être faudrait-il l'écouter après la vision du Werckmeister Harmonies de Béla Tarr qui l'a, semble-t-il inspiré. Ou peut-être Ólafur Arnalds a-t-il fini par trop intellectualiser et "classiciser" sa musique quand sa spontanéité, sa fraîcheur et son émotion en faisait toute l'originalité ?
lyle
|
16:30 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je suis bien incapable de juger la valeur technique de l'objet! Par contre, sans le moindre doute, je me suis ennuyé...
Écrit par : mmarsupilami | 15/08/2010
Répondre à ce commentaireJe ne parle pas la difficulté technique du truc (je suis bien incapable aussi de la juger) mais du fait que l'on sent que chaque musicien domine bien son domaine.
Ses EPs sont beaucoup plus spontanés.
Écrit par : lyle | 15/08/2010
Répondre à ce commentaireLes commentaires sont fermés.