Dans le mur... du son !

Mais avant ça, la première partie était assurée par l'anglais Roy Harper, guitariste folk inconnu pour ma part (et pour la plupart du public sans doute) mais culte, avec 45 ans de carrière derrière lui et des collaborations avec Pink Floyd ou Led Zeppelin. Entrant seul sur scène, il s'installe tout au-devant de celle-ci, avec la harpe de Joanna Newsom dans son dos. Une guitare à gauche, une autre à droite, il hésite à choisir l'instrument qui sera d'ailleurs le seul de son set. Avec sa musique très marquée folk traditionnel des années 60 et 70, ses morceaux très longs (six titres joués pour une petite heure) qui se construisent au fil de la chanson, on comprend ce qui a plu à Joanna Newsom chez Harper, d'où sa présence ici. Et s'il faut un peu de temps pour vraiment entrer dans son monde, surtout quand il part entre les titres dans des délires hippies genre l'attraction/répulsion entre la terre et la lune (bruitages buccaux à l'appui), on passe finalement un très bon moment avec Roy Harper.

Un bon moment qui est toutefois bien peu de choses comparé à la suite, la prestation absolument parfaite que nous offrira Joanna Newsom. Entrant également seule sur scène pour le premier morceau ''81', la belle américaine donne le ton du concert avec ce titre assez court à la harpe, ponctué d'un éclat de rire en plein milieu du morceau. Elle semble heureuse d'être là, et le montrera tout au long du set par ses sourires, ses grimaces et la forte complicité partagée avec les musiciens qui l'accompagnent ce soir (deux filles aux violons, un tromboniste, le multi-instrumentiste et arrangeur de Have One On Me Ryan Francesconi et le batteur Neal Morgan). Avec une telle équipe autour d'elle, judicieusement placée en demi-cercle avec la harpe au centre, Joanna Newsom retranscrit à merveille les compositions complexes de son dernier album et ré-interprète de façon tout à fait intéressante les morceaux plus anciens (les seuls applaudis dès l'intro d'ailleurs) comme 'The Book Of Right-On', un magnifique 'Monkey & Bear' ou encore 'Peach, Plum, Pear' joué au piano. On retrouvera Joanna au piano également pour trois titres du dernier album, dont un 'Good Intentions Paving Co.' au final d'anthologie avec piano, batterie et trombone en folie durant plusieurs minutes (le tromboniste Andrew Strain sera chaudement applaudi par Joanna Newsom et le public pour avoir flirté avec l'arrêt respiratoire sur ce titre!). Quand le groupe quitte la scène, tout le public se lève pour réclamer un rappel et restera debout pour la fin du concert, Joanna trouvant ça sympa. Après 'Baby Birch', Joanna Newsom revient seule pour un second rappel non prévu sur la setlist, le premier de la tournée dira-t-elle. Et quel rappel! Le splendide 'Sawdust & Diamonds' issu de Ys, où plus que sur n'importe quel autre titre on peut observer la technique incroyable de Joanna, ses mains qui se baladent sur les cordes de sa harpe avec une dextérité et une grâce impressionnantes.

Erwan

http://www.dragcity.com/artists/joanna-newsom

http://www.myspace.com/harperroy