Dans le mur... du son !

Label : Square Dogs

Sortie : 25/05/10

Format : CD

Disponible : Partout

Quatre ans... une éternité en cette époque d'information numérique où un groupe peut être obsolète  avant même la sortie officielle de son album (ce qui explique éventuellement pourquoi on note un regain de "productivité" chez les groupes un peu hype...). C'est pourtant le temps qu'il aura fallu à Carp pour sortir son deuxième album, soit plus que le temps entre la création du groupe et la sortie du premier. Mais il suffit d'écouter Night Walks une fois pour se convaincre que ce très long moment a été très bien employé.

Pas que Carp ait été un mauvais disque, très loin de là. Il était au contraire très attachant, quelque part entre une indie pop briton classieuse (Tindersticks, Arab Strap) et une certaine tradition française (Kat Onoma, Marc Seberg), malgré d'évidents défauts de jeunesse telles une certaine faiblesse par moment dans le chant et quelques maladresses dans l'instrumentation. Mais rien de tout cela ici et dès les premières notes de piano de 'Old', on est sous le charme d'une musique douce, délicate et sophistiquée. Il apparaît très vite que Carp a maintenant totalement digéré ses influences, autrefois un peu trop sensibles, pour voler de ses propres ailes, un peu dans le même esprit (et parfois les mêmes territoires, comme sur 'Tale') que leurs homologues mancuniens de Last Harbour.

On est ainsi saisi par l'assurance prise par la voix de Benoit Guivarc'h, chaude et enjôleuse, capable de vous filer des frissons ('Cold Waters') comme de vous filer le bourdon ('Bees'). On pense évidemment à Nick Drake ou Stuart Staples, mais en prenant bien soin de ne pas aller dans l'emphase, comme ne l'évitait pas le chanteur de Cousteau. Mais cette voix ne serait rien sans une musique qui sait, à la manière du Low des débuts ou de Galaxie 500, rester économe de moyens tout en faisant preuve d'une infinie subtilité. Qui navigue entre (dark) folk et indie pop sophistiquée mais n'hésite jamais à ajouter une petite touche jazzy. Qui fait naitre mille sensations (mélancolie, contentement, nostalgie...) sans jamais verser dans le pathos.

On regrettera un peu l'absence cette fois-ci d'un titre en français ('Mettre à mort' sur Carp ayant été un très bel exemple d'utilisation de notre langue) et la relative brièveté (neuf titres pour 37 minutes) d'un disque qui a sans doute choisi de ne pas s'attarder pour ne pas lasser, même si on a bien du mal à voir comment cela aurait pu arriver.

lyle

http://www.myspace.com/carpmusic