Le bon côté, ce sont ces concerts où à 35 piges on n'a pas l'impression d'être un croulant, vu qu'on est un des plus jeunes de la salle. Et puis normalement, ce soir c'est du garanti sur facture.
On est arrivé à l'heure, du coup on découvre the Unthanks, un octet dont les deux chanteuses s'adonnent parfois aux claquettes (enfin, une variante dont on n'a pas retenu le nom, en réalité). Ca commence franchement tristoune, le genre de titres qu'on peut se permettre quand on est attendu, mais pas quand on a une salle en train de de se remplir d'un public qui ne vous connaît pas. Ca sent le foirage, un groupe qui comprend aussi mal comment s'y prendre ne met pas en confiance. De fait, les jumelles Unthank font le yo-yo. Parfois ça remonte un peu, avec une pop-swing à la Joe Jackson, pour redescendre dans un jazz-rock foireux, toujours exécuté avec la plus grande justesse technique. Toutes les 30 secondes on se demande si on ne serait pas mieux au bar. On se tient tranquille histoire d'être poli. C'est ça, on se fait chier poliment, quelle mauvaise idée d'être arrivé à l'heure :-/
La bande à Stuart Staples arrive, on est direct sur le nouvel album (réussi), dont ils nous donneront peu de morceaux. La setlist mélange toutes les époques de ce groupe qu'on côtoie depuis 1992. Au sommet des années grunge, leurs mélodies arrangées façon concerto, leurs ambiances cinématographiques, la voix étouffée et troublante de Stuart, avaient une surprenante radicalité. Les Tindersticks ont le mérite d'être toujours restés fidèles à une ligne musicale plutôt hors du temps et des modes, même si on trouvera chez the National des émules à peine dissimulés. D'entrée, avec ce fabuleux morceau sous influence vaudou, 'Falling down a mountain', on est plongé dans le meilleur des Tindersticks, on est pris de frissons. Les arrangements sont subtils, évidemment, et tournicotent autour des versions albums sans y coller. Musicalement c'est un excellent concert qui débute.
Mais un petit hic vient nous faire hoqueter. Avec comme symptôme le 'Peanuts' du dernier album, morceau sans grand intérêt, exécuté avec peu de conviction. Durant plus d'une heure on cherche Staples. Pas très showman, c'est sa voix le baromètre de son implication. Et ce soir il n'est pas très présent. Dès que l'émotion fuit, on n'entend plus que ses tics vocaux, horripilants. Lui qui est un mélodiste si fin, si doué, il s'obstine encore après 18 ans à compresser la ligne mélodique du chant, la faire tenir en un simulacre de 2 notes, 3 notes maximum. Abusant de son vibrato. L'artifice perd de son sex appeal à la longue, et on voit des fans déçus comparer à des concerts réussis du groupe.
Ce n'est pas qu'on a perdu notre temps, mais ce soir les Tindersticks font le service minimum. Le pire étant une setlist qui, voulant s'écarter du best of, nous livre un bon tiers de morceaux chiants, car dans toute discographie il y n'y a pas que des sommets. Pour les sublimer il aurait fallu une envie palpable, un peu plus de générosité, comme pour le très beau 'She rode me down' qui peine à atteindre la qualité de la version enregistrée. Ajoutez que la porte des wc du Bataclan fait tout son possible pour nous vriller les oreilles, et on décroche périodiquement. On songe à Lloyd Cole dans le côté mélodiste doué qui tombe parfois dans la facilité. 'Can we start again' illustre cette tendance à la flemme, le côté pop FM qui ne gêne personne, alors que Staples a su se montrer parfois aventureux et grisant. Du coup les plus réussis resteront les titres des débuts, 'Marbles' restant un chef d'oeuvre éblouissant qui nous lève les poils, et 'Tyed' témoigne de leur radicalité perdue. Ce concert peinard confirme que Stuart Staples a perdu le souffle sacré. Les Tindersticks restent un très bon groupe, mais pour un grand concert il faudra repasser.
Arbobo
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