Dans le mur... du son !

Avec la sortie de son beau troisième album, Sam Amidon a élargi le top maigre cercle de ses fans, et pouvait ambitionner une salle de taille respectable.

C'est dans le sympathique et peu intimiste Café de la danse et ses 500 places, pas tout à fait plein, qu'on le retrouve.

On avait bien lu mais mal interprété l'affiche. Nico Muhly, Ben Frost, Valgeir Sigurdsson, sont de la partie. On se demandait dans quel ordre. C'est en cela qu'on n'avait rien compris.

Tout le monde est sur scène pour un programme concocté en commun par ces amis. Durant un peu plus d'une heure se succèdent et s'entrelacent des titres des différents artistes.

A huit sur scène, dont Muhly au piano, aux arrangements (il a notamment fait ceux de Sam Amidon) et à certaines compos (persos ou pour Ben Frost), Amidon au chant et au banjo, Frost à la guitare et aux consoles, avec une contrebasse et deux violons, on ne manque ni à voir ni à entendre. Pour ce qui est de la cohérence, hormis l'amitié qui semble lier tout ce petit monde, on repassera. Les Islandais du public, venus en nombre, réagissent avec un certain patriotisme. Pas plus, toutefois, que le reste du public qui goûte modérément les changements de style. A commencer par votre serviteur, qui apprécie le geste mais reste sur sa faim.

On ne s'étendra pas sur Ben Frost, on s'est vite souvenu qu'on n'en est pas fan. Quoique sur un titre, où la contrebasse passée à la moulinette se fond en un chant de baleine, la tension monte suffisamment pour électriser la salle.

Le problème principal c'est Nico Muhly, qui malheureusement semble être la cheville ouvrière de cette réunion, le point commun aux différents artistes. Malgré son aisance, ses petites anecdotes sur le canal Saint-Martin tombent à plat. Tout un symbole. Un résumé de ce que nous inspire le bonhomme. Doué et chiant. Techniquement bon et artistiquement soporifique, voire agaçant par ses poses et sa fausse modestie. Au bout d'un moment sa manie de jouer au chef d'orchestre (mais de manière si intermittente que ça n'a musicalement aucun sens) irrite. On avait bien relevé que la lourdeur de ses cordes empesait inutilement l'album de Sam Amidon. On ignorait à quel point il se prend pour un "compositeur". Le bonhomme a un incurable penchant pour la boursouflure.

Au milieu du magma sonore de Frost, et des effets de manche de Muhly : Sam Amidon. Sa voix haut perchée et touchante. Sa présence charismatique malgré sa quasi immobilité. Ses compositions qui font mouche et nous touchent. Gracieux et sans prétention, on se demande par quel miracle ou cécité il a accepté de relever le niveau de ce programme souvent prétentieux. C'est bien grâce à lui qu'on reste patient et attentif tout du long, sachant qu'il finirait par revenir et nous délivrer quelques titres savoureux.

Comme son très beau 'How come that blood', dont il donne en clôture une interprétation très folk/country. Ce garçon a la grâce, on ne demande qu'à l'entendre plus longuement, en solo si possible. C'est ce qu'on souhaite au public lyonnais qui l'entendra le 27 juin.

arbobo

http://www.myspace.com/samamidon

http://www.myspace.com/muhly

http://www.myspace.com/valgeirs

http://www.myspace.com/theghostofbenfrost