Dans le mur... du son !

Label : Brainlove Records

Sortie : 19/01/10

Format : CD

Disponible : Import

Heureusement qu'il reste encore quelques petits labels pour nous sortir des disques un peu originaux quand une partie de plus en plus grande de la production actuelle semble s'enfoncer dans un consensus mou en cherchant à coller au plus près aux phénomènes de mode du moment. Pour nous proposer une musique qui, loin de chercher à plaire au plus grand nombre, cherche à proposer quelque chose de personnel, qui pourra irriter ou passionner, mais qui ne laissera pas indifférent. Tel est le cas pour ce Follow Your Heart de Mat Riviere sorti il y a quelques mois chez Brainlove Records qui, s'il n'est pas révolutionnaire, réussit néanmoins à surprendre.

Il faut dire que le mélange d'électro lente, bidouillée (on n'a par moment pas idée d'avec quoi il est en train de jouer) et minimaliste avec du post-punk laisse d'abord un peu perplexe. D'autant que le chant, mot finalement peu approprié tant on est plus dans le domaine de la scansion, profond et lugubre rappelle à la fois Ian Curtis, James Johnson et un rappeur sous tranxène. Et puis on se laisse emporter (ou pas, ça risque d'être très variable...) par cette tambouille qu'on n'hésitera pas à classer au milieu des Casiotone For The Painfully Alone, Xiu Xiu ou This Song Is A Mess..., ces gens aimant maltraiter vieux claviers et autres instruments pour mélanger techno, ambient, électro, folk, pop... bref tout ce qui passe sous la main,  sans pour autant sonner comme aucun d'eux ou un mix d'entre eux.

'F.Y.H' qui ouvre l'album en est à la fois le meilleur symbole et le point culminant : un instrument (à cordes ?) maltraité en introduction, une rythmique électronique hypnotique et dansante accompagnée de quelques frappes dans les mains, un texte psalmodié... au bout de deux minutes vous aurez soit appuyé sur la touche stop soit commencé à danser les yeux dans le vague pour ne plus vous arrêter. L'album débute donc à son sommet et ne pourra donc que redescendre sans jamais réussir à l'atteindre de nouveau. Pas que les 11 autres titres soient mauvais, loin de là, juste qu'il semble toujours manquer le petit plus qui fait toucher à 'F.Y.H' la perfection.

Ainsi 'Pause' et 'Castroreale' les deux titres qui suivent ce début en fanfare font-ils preuve d'un manque certain de rythme, tandis que les boucles de 'Curse These Eyes' semble un peu pénible, que les blips de 'The Give In' arrivent un peu à vide ou que la ballade 'Lamplight' reste étonnamment classique. Même l'excellent et hypnotique 'Evening Drive' manque de cette petite touche qui rend 'F.Y.H' aussi indispendable alors que si la voix féminine apporte un petit plus à 'Godless Girl', elle ne compense pas tout à fait le côté musique de foire en décomposition du titre. Sans doute parce qu'au bout d'un moment le chant finit par être un peu trop monotone. Rien cependant qui ne doive vous empêcher de vous procurer ce disque d'électro un peu différent et qui contient assurément un des morceaux de l'année.

lyle