Dans le mur... du son !

Ambiance cosy ce soir au Café de Paris : rangées de tables et de chaises, bougies, serveur pour prendre les commandes... tout pour satisfaire un public certes peu nombreux (d'un autre côté, il ne reste plus une place assise...) mais connaisseur venu profiter d'un très beau triple programme.

Oui, encore du folk !

Mais le concert de ce soir va prouver, s'il y en avait vraiment besoin, que le genre est non seulement multifacettes mais aussi qu'il a encore beaucoup à dire. En première partie, un argentin joue le rôle du singer/songwriter seul avec sa guitare. Techniquement impeccable, voire virtuose, il dresse de petites vignettes gentiment mélancoliques et plutôt bien troussées. Malheureusement un chant par trop fluet et peinant à provoquer l'émotion, couplé à des textes en anglais bien trop simplistes empêche d'être vraiment enthousiaste. Pourtant au détour d'une chanson dans sa langue natale (enfin, je le suppose...), le potentiel du bonhomme saute aux yeux, alors vu que Diego Zavatarelli s'est installé à Paris, on cherchera à le revoir bientôt pour en savoir plus.

Mea culpa, mea maxima culpa. Contrairement à bon nombre de personnes présentes, je ne connais rien de la musique de B'eirth alias In Gowan Ring et Birch Book. Je n'ai donc aucune idée de quelle partie de son (apparament vaste) discographie sont extraits les différents morceaux joués ce soir ni si leur interprétation s'est retrouvée bouleversée par la configuration particulière de ce soir. En effet les suédois de Lisa o Piu font office de backing band pour un concert qui restera sans aucun doute comme un des meilleurs de l'année, malgré quelques petits problèmes techniques. Sorte de troubadour moderne, il va nous proposer une musique sans âge, folk d'obédience médiévale mais sonnant pourtant très actuel. D'abord enveloppés d'une instrumentation luxuriante, les morceaux seront de plus en plus dépouillés au fur et à mesure que les musiciens s'éclipseront ou resteront juste en spectateur, laissant notre héros captiver seul son auditoire avec sa voix fascinante, sa maîtrise de son instrument et son sens des chansons intemporelles. Et alors que les suédois l'ont progressivement rejoints pour un final en apothéose, une seule quesion se pose : comment a-t-on pu n'avoir jamais entendu parler de lui jusqu'ici ?

Difficile pour le sextet suédois (accompagné en retour par B'eirth) de passer après une telle performance, d'autant qu'il commence à se faire tard (des petis problèmes ont retardé le début du concert). Pourtant, Lisa o Piu est à deux doigts de totalement nous ravir. Faisant penser suivant les morceaux aussi bien à Vashti Bunyan qu'à Espers, le groupe propose un folk moderne et complexe à la fois décomplexé et inventif, d'une grande richesse mélodique et instrumentale. Oui mais voilà, à trop étirer les morceaux pour partir dans un psych-folk certes de bon aloi mais bien trop hypnotique, il semble ne pas avoir réalisé qu'à cette heure tardive cela risque plus d'endormir l'auditoire que le faire planer. Le guitariste prend son pied, les deux chanteuses ont des voix qui se complètent à merveille, bref, de très bons moments, mais pas forcément adaptés au moment présent. On se consolera de ce rendez-vous seulement à moitié réussi en se réécoutant leur excellent dernier album When this was the future ainsi que leur tout nouveau 6 titres Behind the Bell.

lyle

http://www.myspace.com/lisaolillportan 

http://www.myspace.com/ingowanring

http://www.myspace.com/diegozavatarelli