Dans le mur... du son !

Label : Virgin/EMI

Sortie : 22/03/10

Format : CD

Disponible : Partout

En 2008, Laura Marling sortait son premier album Alas I Cannot Swim, un disque qui m'avait échappé, sans doute volontairement d'ailleurs à cause des critères très jeune âge (18 ans) plus phénomène myspace qui donnent en général une addition peu intéressante. En l'écoutant aujourd'hui, on entend finalement un joli album pop-folk avec une voix qui se cherche un peu, hésitant entre tradition folk et pétillement anglais. Si je reviens sur son premier album avant de parler de son successeur I Speak Because I Can, c'est en fait parce que j'ai été assez surpris de ce que j'y ai entendu, et qu'il était bon de remettre le disque dans son contexte pour bien le comprendre.

This is the last song that I write while still in love with you

This is the last song that I write while you're even on my mind

'Cos it's time to leave those feelings behind

But I'll whisper that I love this man, now, and for forever to your soul as it floats out off the window

Car ce disque, au même titre que The First Days Of Spring (deuxième album de Noah and the Whale), a tout de l'album post-rupture. En 2008, Laura Marling est membre du groupe anglais qui sort son premier disque, pop-folk également joyeuse comme son premier disque solo, et elle est la petite amie du chanteur Charlie Fink. Puis les deux se séparent et Laura quitte le groupe dans la foulée. L'an dernier, on est surpris de la métamorphose opérée chez Noah and the Whale avec leur deuxième album où la pop laisse place à un folk lent et mélancolique, aux textes très explicites sur la fin d'une histoire d'amour. A Laura Marling désormais de sortir son deuxième album, avec également un changement important dans le ton du disque. Ici les paroles sont moins explicites (plus longues et plus riches aussi) que chez ses anciens compagnons de route, mais c'est musicalement que la rupture est impressionnante.

My husband left me last night

Left me a poor and lonely wife

I cooked the meals and he got the life

And now I'm just out for the rest of my time

Last night I slept with a stranger

For the first time, since you've gone

En écoutant l'album d'une oreille vierge, sans savoir qui en est l'auteure, il serait en effet franchement difficile de croire que I Speak Because I Can est le fait d'une jeune fille de 20 ans tant ça transpire la maturité. On y trouve bien deux trois titres enlevés ('Devil's Spoke' en ouverture avec la mandoline de Marcus Mumford du groupe Mumford & Sons, 'Rambling Man') mais le reste va chercher vers les racines du folk, vers un certain classicisme, avec des morceaux très apaisés où seule la guitare acoustique accompagne la voix légèrement voilée de Laura ('Made By Maid', 'Blackberry Stone' avec un violoncelle en accompagnement, le très beau 'Goodbye England (Covered In Snow)' pour quitter l'hiver). Ailleurs, Laura Marling nous propose des titres à l'ambiance plus grave : 'Alpha Shallows', malgré la mandoline ou les magnifiques 'Hope In The Air' et le titre éponyme et final, avec un piano en prime. Et toujours cette voix sûre, chaude, qui ne trahit ses origines anglaises qu'à de rares occasions (le refrain de 'Hope In The Air'). Finalement la seule fantaisie à avoir survécu, ce sont les petites touches de couleur qui remplissent les lettres de son nom sur la pochette (très Feist d'ailleurs cette pochette).

This is a song for anyone with a broken heart

This is a song for anyone who can't get out of bed

Love me, oh Lord

He threw me away

He laughed at my sins

In his arms I must stay

A tout juste vingt ans, Laura Marling fait donc preuve d'une étonnante maturité et ce deuxième excellent album est déjà plus que de belles promesses d'avenir. Un premier grand disque, en espérant que ce n'est que le premier d'une longue série pour la jeune anglaise.

Erwan

http://www.myspace.com/lauramarling