Shearwater - The Golden Archipelago
Label : Matador Sortie : 22/02/10 Format : CD / LP Disponible : Partout | Approchant en barque de ces archipels dorés, on entend au loin les chants des autochtones. Le soleil dans les yeux, illuminant la mer d'une couleur or qui a sans doute donnée son nom au lieu, on pense arriver en terrain bienveillant, conforté que l'on est par la douceur de 'Meridian'. Et pourtant le voyage ne sera pas aussi calme que prévu, et nombreux seront ceux qui resteront au bord de la route (ou au fond des eaux plutôt).
Car on le sait, Shearwater n'a jamais fait dans la sobriété, sur une chanson oui mais pas sur la durée d'un album. A chaque nouvelle sortie, surtout depuis Rook et le départ de Jonathan Meiburg d'Okkervil River (son leader Will Sheff abandonnant du même coup Shearwater), la musique du groupe monte un peu plus en intensité, allant vers plus de lyrisme, de grandiloquence même, disons-le. Alors qu'avant Sheff amenait sa patte et sa voix folk sur quelques titres, Meiburg enfin seul creuse jusqu'au bout le sillon du rock épique. Avec The Golden Archipelago, Shearwater semble atteindre un point de rupture; même les fans seront désarçonnés, troublés par la voix de Meiburg de plus en plus poussée sur certains titres ('Black Eyes' et son fabuleux clavier) ou par la nouvelle direction qu'emprunte le groupe texan sur certains morceaux (le plus flagrant étant l'énervé 'Corridors', très difficile à saisir sur les premières écoutes). Les plus courageux, les plus persévérants, ceux qui iront jusqu'au bout de la traversée, en bravant la tempête (la puissante batterie de 'Castaways', le cri de Meiburg après une minute de bourdonnement sur 'Uniforms'), seront par contre récompensés en ayant l'impression de toucher la terre promise, voire même d'arriver au paradis sur 'Hidden Lakes', lacs cachés au milieu des nuages (piano magnifique, atmosphère cotonneuse). Ils réaliseront alors qu'entre grandes chansons comme le groupe en a l'habitude et titres plus simples, à la force tranquille ('Landscape At Speed', 'Runners Of The Sun'), The Golden Archipelago est encore un excellent cru texan.
Ce qui réunira les déçus et les fans de ce nouvel opus finalement, c'est le sentiment que cet album qui clôt une trilogie entamée avec Palo Santo et continuée par Rook a repoussé les limites du groupe, flirtant de plus en plus avec la ligne jaune de la grandiloquence. Sheawater débutera ensuite un nouveau cycle, et c'est avec curiosité et appréhension pour beaucoup que l'on attendra de voir dans quelle nouvelle direction le groupe va nous emmener.
Erwan
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