Dans le mur... du son !

Label : 4AD

Sortie : 23/02/10

Format : CD / LP

Disponible : Partout

On manque encore un peu de recul, mais on voit tout de même se dessiner un héritage d’Arcade fire. Auteurs de seulement 2 albums à ce jour, les canadiens ont ouvert grand les portes à un rock épique et mélodique, arrangé et lyrique, un peu comme une version moderne des meilleurs réussites du rock « prog » des années 70. L’autre tendance est plus floue, et ses influences viennent des nouveaux courants de l’électro depuis le milieu des années 90. Les premiers singles et Air, le choc chronologique du Endtroducing de DJ Shadow, ont brouillé la notion même d’électro et ont réussi à la faire rimer avec « acoustique ».

Les enfants monstrueux de ces influences croisées, s’appellent notamment « folktronica », un vaste fourre-tout pour peu qu’on s’y penche de plus près.

Il n’empêche que les danois d’Efterklang illustrent à la fois ces deux mouvements et leur conjonction. Très électro, mais déjà folktronica sur leur premier album, avec une touche d’abstraction, ils ont entamé un retour vers la mélodie avec le second.

Ce nouvel album Magic chairs n’a pas totalement rompu avec ces tendances, qui en fournissent d’ailleurs les meilleurs titres, et cet 'Harmonics' qui tournicote les neurones. En revanche des morceaux comme 'Modern drift' ou 'Full moon' débordent de chantilly. Plus d’arrangements, plus d’instruments, plus de cordes, et un brin de grandiloquence dans le geste.

Ceux-là manquent un peu de finesse et d’originalité. Sans être mauvais, ils rejoignent un contingent si nombreux qu’ils ne sauraient sortir du lot. Si Efterklang poursuit dans cette voie, il devra encore rehausser son ambition et son travail d’écriture, pour confirmer le talent qu’on distingue sous ces effets de manche.

Arbobo

Efterklang pour une chronique croisée? Ouais, pourquoi pas. Je l'ai déjà écouté en plus ce disque. Hum, à quoi ça ressemblait déjà? J'ai complètement oublié. Je me demande pourquoi je suis allé écouter ce disque d'ailleurs. On a déjà assez à faire avec les suédois, si en plus on doit se mettre aux danois on n'a pas fini (et les norvégiens bientôt ?). Ah oui Sufjan Stevens, j'ai dû lire son nom au détour d'un article consacré à ce groupe, et voilà je craque, je suis faible, j'ai envie de savoir pourquoi cette comparaison.

Bon il y a peut-être un peu de ça sur le premier extrait disponible 'Modern Drift' (qui ouvre aussi l'album), pop orchestrale avec vents, cordes et une jolie intro au piano. Loin du post-rock ou du folktronica attendu (ou alors ils ont changé de formule depuis l'album précédent). Passé ce titre, plus rien à voir avec le petit génie américain par contre : la base est souvent très rythmique, la voix fait plutôt penser au Beta Band. On pense en fait à pas mal de trucs, mais on cherche (avec difficulté) l'originalité : dès le troisième titre 'I Was Playing Drums' on sent une certaine lassitude poindre (la voix traînante n'aide pas) et arrivé aux deux tiers on commence à trouver le temps vraiment long, ça tourne en rond depuis un moment. TV On The Radio par ici ('Raincoats' pour la voix et les choeurs), Arcade Fire par là ((Black) 'Mirror Mirror'), au final le disque terminé on a déjà oublié à quoi ça ressemblait. Pas franchement le coup de coeur donc, vous l'aurez deviné. Et une note en conséquence, ni bonne ni mauvaise parce que ça ne le mérite pas. Copie très moyenne messieurs, tâchez d'exprimer un peu plus de personnalité à l'avenir.

Erwan

Qu'y-a-t-il de pire qu'un amour déçu ?

Quand Parades est sorti il y a bientôt trois ans, nombreux furent conquis par le mélange de post-rock païen et de symphonie pop foutraque d'Efterklang. Quelques concerts mémorables par leur exubérante et contagieuse joie de vivre plus tard et les danois étaient partout sur le net, quittant le statut d'espoir né d'un premier album Tripper resté relativement confidentiel pour se poser parmi les noms à suivre pour les années à venir. Passé chez 4AD, le groupe a l'occasion de transformer l'essai et de s'installer définitivement parmi les têtes d'affiche de la scène indé.

Alors, essai transformé ? Cela dépend beaucoup de quel côté on se place... Si d'un point de vue purement comptable, on peut parler d'une franche réussite, la présence du groupe dans les médias ayant explosé, on sera beaucoup plus réservé d'un point de vue musical. Le groupe a choisi de partir complètement du côté de la pop symphonique, ce qui n'est pas un problème en soi : abondance de cordes, flute et piano ne nuit pas, à condition de ne pas sombrer dans le mièvre et le mielleux. Or là, la frontière est largement franchie sur des titres comme 'I was playing drums' ou 'Mirror Mirror'. Le chant prend même un côté sirupeux sur 'Natural Tune' proprement insupportable. Alors certes, les compositions sont toujours de grande qualité et les harmonies impeccables, mais que cela est lourd et indigeste. On pourrait croire qu'en cherchant à acquérir une crédibilité et une légitimité susceptibles de lui faire rejoindre les grands noms du moment, Efterklang a perdu au passage ce qui le rendait unique.

Qu'y-a-t-il de pire qu'un amour déçu ? Un album mou et ecoeurant de sucre de la part d'un groupe qu'on a adoré et dont on espère que les prochaines prestation scéniques permettront d'atténuer la déception.

lyle

http://www.myspace.com/efterklang