Dans le mur... du son !

Label : Motion Audio

Sortie : 15/03/10

Format : CD

Disponible : Partout

"Encore un disque de folk féminin ! Mais c'est plus possible, il y en marre. C'est la crise de foie (ou de foi d'ailleurs) la plus totale." Voilà en gros ma première réaction quand j'ai entendu parler de ce disque. C'est vrai quoi, il y a un moment où trop, c'est trop. Même le dernier et pourtant fort bon album de Lisa Germano est passé inaperçu tellement la production est surabondante. Et pourtant, encore une fois, j'ai craqué. Mais il faut dire que, d'une part Lou Rhodes n'est pas un perdreau de l'année, et d'autre part il n'y a pas un gramme de crème dans ce disque, ce qui ne l'empêche pas d'être fort bon tout en étant particulièrement digeste.

Que ceux qui, comme moi, n'appréciaient guère Lamb, son ancien groupe, soient donc rassurés, la musique est ici acoustique et dépouillée. Avec des références comme Nick Cave, il est évident qu'on a affaire ici à un disque extrêmement introspectif. De l'introductif et plutôt printannier 'One Good Thing' au mélancolique et touchant 'Why Wait For Heaven' de clôture, s'enchaînent onze morceaux folk classiques mais délicats où une instrumentation légère mais précieuse met parfaitement en valeur des textes doux-amers et un chant doux et expressif. Oh, certes, la dame n'a pas ce qu'on appelle en général une grande voix. D'ailleurs quand elle la pousse un peu, elle devient même un peu rêche comme dans un 'Circles' légèrement countrysant qui rappelle un peu Kristin Hersh. Mais elle a un côté profond et authentique qui accentue encore le sentiment apporté par les textes.

Et pourtant cet album laisse une impression mitigée. Pas qu'il y ait des doutes sur sa qualité, non. Mais plutôt sur sa durabilité. Non seulement on ne découvre rien après des écoutes répétées mais en plus il s'installe une routine puis une lassitude. Parce que ni la voix ni les musiques ne sont suffisament marquantes pour avoir un goût de revenez-y. Parce que One Good Thing ne se démarque pas vraiment au milieu de la plétorique production du genre et qu'il se retrouve au contraire débordé de toute part, ici par des voix plus pures (Sharron Kraus), là par des plus excentriques (Josephine Foster) ou des plus touchantes (Marissa Nadler). Parce qu'à part 'Why Wait For Heaven', aucune chanson ne laisse un souvenir ému et qu'on préfèrera toujours se réécouter un Judee Sill plutôt que 'Magic Day'. Un très joli album, méditatif et contemplatif, qu'on écoute avec beaucoup de plaisir mais en rien indispensable.

lyle

http://www.myspace.com/lourhodes