Dans le mur... du son !

C'est un peu un voyage en des terres inconnues (enfin, avec Myspace et autres, de nos jours, l'inconnu n'est jamais totalement inexploré...) que de se rendre ce vendredi soir à la Maroquinerie pour En attendant Les Femmes S'en Mêlent, mais le festival nous a habitués depuis tant d'années (ma première fois fut pour la deuxième édition avec Bettie Serveert et Candie Prune) à des programmations impeccables qu'on s'y rendrait les yeux fermés...

Première sur scène mais pas la moins acclamée (grâce à une petite horde de fans que l'on soupçonne d'être essentiellement de la famille éloignée...), Sydney Wayser nous propose un set court et plutôt agréable mais qui laisse un fort goût en bouche de déjà-vu-en-mieux. La demoiselle a un fort joli brin de voix qu'elle sait moduler avec grâce. Elle sait communiquer avec son public et mettre de bonne humeur. Elle alterne au piano et à la guitare (avec un petit passage à l'autoharpe) de jolies petites chansons pop-folk bien troussées. Malheureusement pour elle, le genre est ultra-bondé depuis quelques années. Certaines ont des voix plus brillantes, d'autres des mélodies ou des ambiances autrement plus prenantes. Sydney est l'élève sérieuse et appliquée qui fait tout assez bien mais rien d'extraordinaire, et son évidente sincérité ne suffit pas à provoquer l'enthousiasme, d'autant que trop de vocalises et quelques tics vocaux énervent un peu. Une introduction à la soirée néanmoins fort sympathique....

...un qualificatif que l'on n'utilisera pas pour Basia Bulat. Pas que la dame soit mauvaise musicienne, au contraire. Elle maîtrise avec aisance guitare et autoharpe. Pas non plus qu'elle ait une voix désagréable, loin de là, elle est même en certaines occasions très touchante. Non, le principal problème est que la musique, au carrefour de la pop, du folk et de la country, souffre, dans au moins la moitié des morceaux, d'un côté grand-public pour le moins pénible. Et comme elle pousse sa voix au maximum (est-ce la peine de signaler comme partout les similitudes avec Tracey Chapman ?) parfois à la limite du supportable (Céline Dion, sors de ce corps !) et avec un débit aussi rapide que pénible, il est impossible que cette tambouille ne vous pèse pas sur l'estomac. Dommage, car les moments les plus calmes ou les plus roots sont autrement plus digestes...

Chargée de terminer la soirée sur une note un peu plus électrique, Thao, accompagnée de ses deux comparses de The Get Down Stay Down à la basse et à la batterie, ne va certainement pas manquer à sa tâche. Elle y met au contraire toute son énergie, se démenant sans cesse pour remplir tous les clichés du frontman rock survitaminé (elle ira même s'exciter sur la batterie), mais dans sa version féminine assez ouvertement sexuée. Problème ? La musique ne suit pas. Elle oscille entre pop et rock très classique et bien trop sage, parfois teintée de blues ou de jazz. Parfaitement jouée par des musiciens de qualité mais dépourvue de toute singularité qui pourrait la rendre attachante. Du coup on se lasse vite (d'autant que le concert fut long... très long... et fort répétitif...)  d'un jeu de scène bien trop outré, d'autant que les morceaux finissent par se ressembler, par fusionner en une sorte de magma indéfinissable et un peu ennuyeux. Pas un mauvais concert, loin de là, juste un concert ne proposant rien d'assez différent pour vraiment convaincre.

Bon, on a connu les Femmes S'en Mêlent plus inspiré mais qui d'autre pour nous proposer de découvrir autant d'artistes féminines dans toute leur diversité ? On attendra maintenant le printemps pour profiter de la programmation du festival...

lyle

http://www.myspace.com/thaomusic

http://www.myspace.com/basiabulat

http://www.myspace.com/sydneywayser