Dans le mur... du son !

Label : Aagoo

Sortie : 09/11/09

Format : CD

Disponible : Import

Pour ce nouvel EP, le deuxième groupe au nom de plus difficile à Googliser (après les insurpassables A) a décidé de nous proposer un inédit agrémenté (mais on s'en serait douté vu le titre) de Versions de morceaux tirés des deux premiers albums Au et Verbs. Et on peut pour la première fois parler de groupe, puisque s'il était jusque là le nom de plume exclusif de Luke Wyland, Au est maintenant un duo avec le batteur Dana Valatka. Et cela s'entend ! La batterie est ultra-présente, parfois très frénétique ('Are Animal') ce qui ne signifie pas pour autant que la musique ait beaucoup changé, juste qu'elle a pris une nouvelle dimension.

Au se situe toujours dans la vague de groupes mineurs qui ont submergé les ondes en même temps que Animal Collective et Grizzly Bear en proposant une musique à la fois pop, symphonique et expérimentale. Le petit plus de Luke Wyland est sans doute un côté plouc et ludique fort réjouissant qui n'a pas disparu dans cette nouvelle configuration, au contraire. Tout semble ici bricolé mais dans une bonne humeur communicative. Les instruments vont et viennent au gré des humeurs, installant un bric-à-brac de sons et de saveurs. Pourtant, une certaine cohérence se détache de cet apparent bazar, même si c'est plus dans l'esprit que dans la forme (les durées et les rythmes des morceaux sont très variables).

Les trois titres tirés de Verbs ne sont quasiment pas reconnaissables. J'exagère, l'intro de 'rr vs. d' est toujours là, mais pour le reste le morceau a pris une ampleur considérable : rythme accéléré, instrumentation plus complexe, voix bien plus chaude... toute la retenue du morceau original vous explose ici à la face. Un traitement similaire est imposé à 'Are animals' devenu hymne électro-rock que ne renieraient pas les O'Death (enfin s'ils introduisaient un peu d'électro dans leur musique...) et à 'All Myself' passé de gentillette ballade au piano en symphonie devenant progressivement délirante. Pas de doute, ces versions ont été beaucoup retravaillées, on ne nous a pas menti !

N'ayant pas écouté l'album Au, il m'est impossible de juger en quoi 'Death' et 'Boute' ont changé par rapport à leurs versions originales mais le premier montre la facette la plus expérimentale du groupe alors que le deuxième, trop construit autour d'un synthé agressif, est un peu pénible. Le EP se termine par un très court morceau (1:02) aussi barré que drôle qui permet de finir comme on a commencé, dans la bonne humeur. Une bonne humeur qui à défaut de rendre ce disque indispensable, le rend quand même chaudement recommandable. Mais si l'inédit 'Ida walked away', introduisant l'album (mais concluant ce billet), qui est de loin le plus accrocheur et immédiat du lot, parfaite synthèse de ce que le duo a de meilleur, est une indication, le prochain album de Au pourrait, lui, être indispensable.

 lyle