Dans le mur... du son !

Harry Manx ayant dû rentrer au Canada, c'est donc à une affiche purement francaise mais profondément ancrée dans des racines américaines que nous allons assister ce soir. Et en ces temps post-Cocoon où les maisons de disques cherchent sans relâche la nouvelle douceur folk francophone sans saveur (hello Coming Soon, Tricot Machine...), revenir à des choses bien plus roots est un grand plaisir.

H-Burns et son groupe ne payent pas de mine : on croirait ses collègues de bureau ayant enfilé une chemise à carreaux et une Gibson pour faire un boeuf entre potes. Heureusement, si, comme nos collègues, ces jeunes gens rêvent d'Amérique, eux la cherchent plutôt du côté de Bruce Springsteen que de Johnny Halliday... Quelque part entre rock, folk et blues, la musique de H-Burns, très influencée par les 70's (même si de temps en temps on retrouve aussi un petit côté indie rock ricain des 90's), ne fait pas dans le compromis ou le joli : c'est rêche, c'est sale, c'est puissant. C'est sans doute cliché à dire, mais chaque musicien met ici ses tripes sur scène. Et notre chanteur / guitariste, s'il est loin d'avoir une grande voix, envoie assez loin dans l'émotion. Finalement, les seuils reproches que l'on sera susceptible de faire ce soir seraient la façon un peu abrupte de finir les morceaux et une légère exagération dans l'accent utilisé pour chanter. Et s'il ne fait aucun doute qu'il trouverait son public dans tous les bars de l'autre côté de l'Atlantique, il est nettement moins sûr qu'il convaincra les radios de ce côté-ci, ce qui est bien dommage.

C'est encore un peu plus loin dans le passé de l'Amérique que nous emmène Bo Weavil. Une rythmique très datée, un harmonica ultra-présent, une voix à la limite du caricatural... pas de doute nous sommes en face d'un bon vieux blues-rock des familles. Problème ? Il y a dans toutes les villes de province des tas de band massacrant les standards du blues/rock/boogie... avec toujours un bel enthousiasme alors toute personne ayant subi trop souvent ce genre de supplice fera preuve d'une capacité très limitée à supporter ce genre de musique. Bo Weavil aura donc intérêt à être sacrément bon pour ne pas provoquer une fuite rapide. Et heureusement il l'est. Le trio est ultra-pointu musicalement et tendu comme un arc. Les compositions sont impeccables et le chanteur est un pu*** de showman comme on en voit peu dans les salles françaises. Bref, on comprend pourquoi Bo Weavil a joué avec les meilleurs et a tout à fait sa place de l'autre côté de l'Atlantique. Reste que si les fans du genre dans la salle sont conquis, les autres se lasseront assez vite, d'autant que vocalement le monsieur en fait quand même des tonnes. Reste que ce fut une soirée sacrément dépaysante !

lyle

http://www.myspace.com/hburnsmusic 

http://www.myspace.com/boogiemattweavil