Grammatics - Grammatics
Label : Dance to the radio Sortie : 23/03/09 Format : CD Disponible : Import | Il y aura eu un truc rigolo dans ces années 2000 qui se terminent, c'est la multiplication de groupes de la deuxième / troisième / énième chance finissant par connaître le succès après moult changements de noms et de styles musicaux. Ainsi parmi les groupes ayant marqué la décennie, c'est le cas entre autres pour Franz Ferdinand, Editors, Kaiser Chiefs ou tout récemment White Lies. Cela n'a rien de nouveau, m'objecterez-vous, d'autant qu'en vieillissant on peut gagner en maîtrise et composer de meilleures chansons. Vrai, mais on peut aussi avoir fini par se faire un bon carnet d'adresses ou s'être décidé à faire preuve d'opportunisme pour réussir (un carambar au premier qui devine à qui je pense en particulier...)
Toute cette longue introduction pour vous dire que si la voix du chanteur de Grammatics ne vous semble pas inconnue, c'est qu'Owen Brinley était auparavant le leader des noisy Colour of Fire que la maison de disque plaça (sans succès) en première partie de Placebo et au festival Rock en Seine il y a quelques années. Pas de sortie française pour ce Grammatics distribué en Angleterre par le très hype label Dance to the Radio (crée en partie par Whiskas de ¡Forward, Russia!) ce qui explique en partie cette chronique bien tardive (oui, huit mois pour pondre quelques lignes, ça fait beaucoup, même pour moi...)
En partie seulement, car la principale raison de ce billet tardif est la déception qui me saisit après les premières écoutes de ce disque dont j'attendais beaucoup, vu que les singles l'ayant précédé pendant presque deux ans avaient provoqué beaucoup d'excitation. Pourtant, ils sont tous là ces morceaux qui nous avaient tant plu et aussi bons qu'à la première écoute : 'Shadow committee' et son lyrisme échevelé, 'D.I.L.E.M.M.A' toujours aussi violent dans ses ruptures de ton, 'The Vague Archive' et les deux minutes les plus excitantes depuis bien longtemps qui se finissent dans une douceur extrême. Quant aux nouveaux titres, ils sont loin de faire du remplissage : 'Murderer' résonne comme un mantra accusateur, 'Relentless Four' commence en bluette pour finir en apothéose sonore, 'Inkjet Lakes' vous emmène planer loin dans le ciel, 'Rosa Flood' tape fort dans l'indie rock dansant infusé au math rock, 'Cruel Tricks of The Light' invoque brillamment les fantômes d'Easyworld ...
Aucun problème du côté des morceaux donc, le groupe délivre une suite impeccable de titres de qualité qui le place d'emblée parmi les groupes à suivre. Le problème viendrait-il alors de la production ? Sûrement pas, les orchestrations sont luxuriantes. Aussi bien les instruments que le voix beaucoup plus mûre, précise et modulée qu'aux temps de Color of Fire, sont clairement placés dans le mix. Et le travail sur les arrangements est étonnant pour un premier album. Alors qu'est-ce qui cloche ? Qu'est-ce qui empêche de profiter pleinement d'un album plein de qualités ? Tout simplement le fait que le groupe a voulu trop en faire, trop en montrer pour son premier disque. Il a voulu écrire à la fois des pop songs épiques et des hymnes rock ravageurs, multiplier les instrumentations, les textures, les effets, les ruptures de rythme...
Mais voilà, le trop étant l'ennemi du bien et le groupe ayant oublié la modestie de son ambition, l'album reste en grande partie indigeste. A vouloir se comparer à de grands anciens comme The Verve ou Radiohead, il prouve qu'il est encore loin d'avoir leur maîtrise même s'il en a sans doute le potentiel. L'album tire en longueur (60 minutes pour 11 titres et un court morceau caché) et donne souvent l'impression de perdre le fil, comme si en voulant montrer toutes les facettes de son talent, il en avait oublié sa qualité première : écrire de grandes chansons. Un bon album, mais qui aurait gagné à moins se disperser pour se concentrer sur l'essentiel. Reste que malgré ces erreurs de jeunesse (mais après tout, faut-il reprocher à un groupe de vouloir faire plus qu'un simple recueil de chansons ?), Grammatics a tout pour devenir un groupe important des prochaines années.
lyle
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