Une fois dans la confidentielle salle du Tamanoir de Gennevilliers, remplie d’à peine une trentaine de personnes assises, l’on est à se demander ce qui nous a motivé à se déplacer jusque là un samedi soir, en lieu et place des habituelles routines sociales d’un week-end parisien. Ou alors justement, l’occasion était trop belle. C’était là l’alibi parfait pour filer en douce le temps de quelques heures, loin des contrées habituelles, loin de nos vies parfois chaotiques. Quitte à ne rien maîtriser, autant ne pas essayer, et juste tenter. La seule constante étant Diving With Andy, ses modèles de chansons délicates et empreintes d’une âme personnifiée par la voix suave de Juliette Paquerau. Pourtant, les premiers instants laisseront part à une période de flottement. Toujours aussi peu remplie, le Tamanoir voit le groupe Gaspard Lanuit prendre possession de la scène. Les débuts laissent craindre le pire, entre un chanteur/blagueur inabouti, et des chansons francophones « ironiques ». Pourtant, malgré de nombreux moments peu captivants, la prestation du quintet parisien sera somme toute correcte, avec mention spéciale lorsque ceux-ci daigneront laisser de côté ces chansons radio-friendly emplies d’humour et de musicalité rebutantes. Ils n’en seront finalement que bien meilleurs lorsqu’ils s’écarteront des ces balises marquées, lorsque le chant se voudra arythmique et plus sincère, lorsque les claviers teindront de psychédélisme ces guitares et basses chaloupées. Les choses n’étaient finalement pas pires qu’ailleurs. Et cela n’allait qu’en s’améliorant. Dès les premières inspirations de Juliette, rejetées dans une salle silencieuse et attentive, l’on savait finalement très bien pourquoi nous étions là. C’était pour ces délicatesses aux influences soul et jazzy, mais jouées avec la sensibilité d’un groupe de pop-rock. C’était pour cette voix tout en retenue, cette voix à la puissance modérée et au pouvoir de pénétration intense. Diving With Andy, même décontenancé par un public distant, est un groupe à la vitalité essentielle, et aux sensations follement communicatives. Il aura suffi d’entendre ces ritournelles langoureuses et sensuelles que sont 'Andrew', 'Balancing My Head' ou la formidable 'Manderley' pour plonger de nouveau dans cet univers tout de nuance, de vie et de mélancolie.
C’était également l’occasion de découvrir le nouvel album Sugar Sugar, aux sonorités plus jazz que soul. Si sur disque, les chansons de ce second album manquaient peut-être d’ambition dans la finition, sur scène, celles-ci finissent par se marier parfaitement à la chaleur ambiante, contre-balançant leur légèreté intrinsèque à l’intimité parfois plus pesante des chansons plus anciennes. Ainsi, que ce soit avec 'Sugar Sugar' ou 'Colour-Blind', Diving With Andy parviennent à occulter tous nos repères extérieurs, pour ne faire compter que ces moments-là, ces instants précis où le monde finit par se noyer dans un élan de soul, de générosité et d‘esprit, laissant à la porte du Tamanoir les anxiétés de nos vies ; que l’on retrouvera un peu avant minuit, le froid d’une nuit d’octobre venant caresser paisiblement un contentement affable et éphémèrement immuable.
Kris
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