Neon Indian - Psychic Chasms
Label : Lefse Sortie : 13/10/09 Format : CD Disponible : Import | Quand on y pense, lorsque l’on regardera en arrière sur cette décennie en passe de s’écouler, ceux qui ne l’auront pas connue nous diront que plein de choses qui se sont faites musicalement, se ressemblent beaucoup les unes les autres. Notamment toute cette branche puisant dans le trésor longtemps ignoré du kitsch eighties, qui s’est vu gagner en légitimité dans la seconde moitié des années 2000. Parce que l’on baigne en plein dedans, on ne s’en rend pas compte, mais la vague engloutira bel et bien les aspérités, si bien que Metronomy sera assimilé à Calvin Harris, Sally Shapiro associée à Hot Chip, le tout noyé sous une appellation dont on ne préfère même pas connaître la teneur.
Avec ce projet d’Alan Palomo, mystérieux texan à la tête de Neon Indian, déjà anciennement investi dans Ghosthustler et VEGA, on assiste à une dérégulation dans cet anachronisme résiduel que représente le revival eighties. Comme s’il était pensé en décalé, en amont ou en aval des influences actuelles, Neon Indian est une anomalie culturelle, par sa nature exceptionnelle, et surtout sa contenance formelle. Psychic Chasms est un peu à l’électro-pop-synthétique ce que le Beauty & The Beat d’Edan fût à l’électro-hip-hop. Sans comparer l’inventivité des deux œuvres, l’ambiance latente d’un psychédélisme sous-jacent est d’autant palpable que l’instabilité de ces chansons pop contiennent bien plus que ce qu’elles ne délivrent en substance de prime abord.
Beaucoup d’effets, beaucoup d’habillages de style viennent couvrir les chansons de Psychic Chasms. Néanmoins, en leurs cœurs sont forgés des essentiels de pop-songs dont les compositions ('Deadbeat Summer', 'Should Have Taken Acid With You'), comme l‘écriture ('Terminally Chill', '6669 (I don’t know if you know)') n’ont absolument rien de nébuleux. Palomo parvient ainsi à faire se mouvoir des convergences d’influences, en les mariant pour faire ressortir les effluves de chacune. On y retrouve ça et là des bribes de Prince, du Air, du Primal Scream, du Fatboy Slim, du Ratatat. On y entend surtout une version biaisée de tout l’héritage resté en suspens depuis des années. Car on y entend également du Hall & Oates, du Boston, du Toto, du Journey, dont la génération actuelle se targue bien peu d’être les flamboyants héritiers.
Quitte à en être aux sujets des rapprochements, citons finalement M83 et Mylo, dont la musique de Neon Indian est la plus similaire. Non pas en terme de musicalité à proprement parler, mais en tant que libertaire émérite d’un genre dont les codes ne représentent jamais fondamentalement sa nature propre. Palomo avec Psychic Chasms, ne sort pas seulement un très bon album d’électro-pop, il outrepasse certaines barrières du genre, redessinant à son gré les plans de sa propre conception ; sous ses airs d’entité inoffensive, Neon Indian, a contrario de ses congénères d’Air France ou de Though Alliance, se révèle être d’une subversion salutaire.
Kris
http://www.myspace.com/neonindian |
10:31 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
6669 (I don’t know if you know) est vraiment très jolie...
Écrit par : bambino | 08/11/2009
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